IL est difficile de ne pas réagir devant le spectacle décevant d'hommes politiques rêvant de remonter le temps, alors qu'ils sont désavoués par la majorité écrasante des Tunisiens, comme il est difficile aussi de tomber plus bas pour des députés gelés, qui s'adonnent, sans scrupules, à un passage en force pour tenir une plénière à distance et débattre « d'une alternative constitutionnelle mettant fin aux mesures exceptionnelles du 25 juillet dernier ». Sous prétexte de « redonner au peuple son droit d'exercer sa souveraineté à travers les urnes » et dans un environnement dans lequel l'excès de zèle domine et ne semble tenir qu'à ses propres règles, ils ne font que semer davantage le chaos et enfoncer le clou dans le paysage politique. En fait, à quoi Ghannouchi, les députés gelés et la mouvance politique anti-Kaïs Saïed jouent-ils ? A quoi s'attendent-ils ? De quoi ont-ils peur ? Pourquoi ne cessent-ils pas de vouloir contourner la loi ? Ne réalisent-ils pas que le sort d'un Parlement défiguré a été bel et bien scellé depuis un certain 25 juillet 2021 ? S'agit-il d'un mariage de raison ou d'un bal des hypocrites ? Une chose est sûre : les Tunisiens et les Tunisiennes n'acceptent plus aujourd'hui que ces personnes continuent à jouer les victimes et les innocents, qu'elles fassent de la récupération par rapport à ce qui se passe actuellement. Ils ne comptent plus se laisser bercer par les fausses illusions. Mais en même temps, ils reconnaissent que c'est tout un système politique inadapté à la réalité de leur pays qui doit être aussi et surtout révisé. En effet, le mal qui ne cesse de gangrener le paysage politique est beaucoup plus profond qu'un supposé conflit de personnes. Il touche aux racines d'un environnement qui ne peut plus avoir ni projet, ni stratégie. Encore moins une crédibilité et une fiabilité. Ils deviennent tous affolés dans ce bateau ivre. Egarés et bouleversés, les mots s'entrechoquent et résonnent dans la caravane qui suit un mouvement en totale perdition!… Sur fond de mauvais souvenirs, d'incorrection et d'égarement, les politiques, dont l'échec est avéré et bien établi, semblent ainsi vouloir faire leur marché. Mais ils sont encore tellement stigmatisés que le risque d'être perçus de nouveau comme défaillants constitue un danger énorme pour l'avenir du pays. Le dérapage n'a-t-il pas justement une fâcheuse tendance à se robotiser dans le monde politique, en même temps que son organisation en suit une autre, tout aussi regrettable : le chantage et l'intimidation au prix fort ?