« Sensibiliser n'est qu'une première étape nécessaire pour pouvoir développer des mécanismes de prévention et de détection des victimes qui soient tant efficaces que durables... », souligne Mme Lorena Lando, chef de mission OIM en Tunisie « Pas à vendre », un slogan qui, a priori, prête à interprétation d'ordre commercial, alors qu'il n'a rien à voir avec le trafic des biens et produits. Il a, malheureusement, trait à la traite des personnes, phénomène bien reconnu sous nos cieux. De par son ampleur manifeste, le ministère de la Justice, avec le concours de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), vient, tout récemment, de lancer une campagne de sensibilisation tous azimuts à son encontre. C'est aussi une manière de le dénoncer vivement et de pousser jusqu'à contraindre l'ARP à voter, sans tarder, le projet de loi portant sur la lutte contre la traite des personnes. Cette campagne vise à toucher un grand public, cherchant à impliquer tous les Tunisiens dans la détection du problème, à même d'attirer l'attention des migrants et populations à risques, afin de préserver et défendre leurs droits. Sur cette lancée, Mme Lorena Lando, chef de mission OIM en Tunisie, est on ne peut plus claire et précise : « Sensibiliser n'est qu'une première étape nécessaire pour pouvoir développer des mécanismes de prévention et de détection des victimes qui soient tant efficaces que durables... ». Et d'enchaîner qu'il s'agit-là d'un outil complémentaire aux instruments juridiques dont est en train de se doter la Tunisie. Mais, la particularité d'une telle action sur terrain consiste, essentiellement, en l'adoption d'une approche dite « éducation par les pairs ». C'est dire qu'elle doit être initiée par des jeunes Tunisiens pour des jeunes Tunisiens. Cela se traduit, de surcroît, par le fait de former trente jeunes qu'on aime qualifier d' « ambassadeurs », et qui auront ainsi à mener à terme ladite campagne. Ce groupe des jeunes a réalisé cinq mini-films dont chacun aborde « d'une manière sensible et sans tabous » une modalité de traite détectée en Tunisie. Ecriture des scénarios, tournage, montage et présentation publique des films sont autant d'œuvres artistiques à message unique : « Ces êtres humains ne sont pas à vendre ». A cet effet, l'OIM et ses partenaires du projet se sont engagés à initier ces jeunes aux méthodes de réalisation audiovisuelle. Ces mini-films seront largement partagés à travers les réseaux sociaux, afin de toucher, autant que possible, le public cible, qui n'est pas toujours informé de l'existence et des risques de la traite des personnes. Dans le même cadre, un spot de sensibilisation, où apparaît Atef Ben Hassine, un acteur tunisien, sera également diffusé à la télévision. Une étude exploratoire réalisée, en 2013, par l'OIM a fait montre que la Tunisie est un pays origine, de destination et de transit pour les victimes de la traite des personnes. Ce phénomène n'épargne personne. Dans nos murs, des enfants, des femmes ou des handicapés y sont de plus en plus exposés, sujets à exploitation dans le travail domestique ou agricole, dans la mendicité, dans des activités sexuelles ou criminelles. De même, ajoute la même étude, la traite transnationale touche principalement des étrangers sur le territoire tunisien, en l'occurrence ceux d'origine subsaharienne excessivement exploités dans le travail forcé comme l'agriculture. Sous nos cieux, l'OIM-Tunisie en a détecté et assisté un total de 67 victimes. Cette campagne s'inscrit dans le cadre du projet « SHARE II» dont l'objectif est de soutenir le gouvernement tunisien en la matière. Développé par l'OIM, en partenariat des ONGs, ce projet est financé par les Etats-Unis d'Amérique.