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Qui l'eût cru : 167 ans après, retour aux origines de l'esclavage
Notre époque: « La Tunisie , pays source de destination et potentiellement de transit pour la traite des personnes », selon l'OIM
Publié dans Le Temps le 27 - 06 - 2013

Parler de la traite des personnes en Tunisie, semble être un sujet parachuté dans notre pays d'autant plus que l'esclavage a été aboli depuis 1846.
Malheureusement, le phénomène existe encore chez nous et touche aussi bien les hommes que les femmes. Pis. Les jeunes filles et les enfants sont victimes de traite en Tunisie, c'est ce qu'a démontré l'étude exploratoire sur la traite des personnes en Tunisie réalisée récemment par l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). L'Etude a permis de conclure que « la Tunisie est un pays source, de destination et potentiellement de transit pour la traite des personnes », d'après l'OIM. Le phénomène n'épargne personne. Des groupes vulnérables des petites filles originaires du Nord-ouest, des enfants des rues et dans la rue, des femmes et des mineures prostituées clandestines, des personnes handicapées et des Tunisiens en situation irrégulière à l'étranger…sont victimes de ces pratiques illicites et inhumaines.
Il est vrai que le marché des esclaves de Tunis a été fermé définitivement en août 1842 et que l'esclavage est aboli dans notre pays par « le décret du 23 janvier 1846 grâce à Ahmed 1er Bey, lui-même fils d'une esclave ». Toutefois, le phénomène persiste et prend plusieurs formes. En effet, la Tunisie , « est présentée depuis quelques années comme un pays d'origine, de destination et potentiellement de transit pour la traite des personnes aux fins de travail forcé et d'exploitation dans le commerce du sexe », d'après le Rapport annuel du Bureau de contrôle et de lutte contre la traite des personnes du Département d'Etat des Etats-Unis (J/TIP). D'ailleurs, « la Tunisie se situe encore au niveau 2 de la liste de surveillance du J/TIP pour l'application des normes minimales relatives à l'élimination de la traite des personnes, notamment en matière de prévention, protection, répression et coopération », révèle l'étude réalisée par l'OIM.

Les enfants
Preuve : la traite des personnes touche plusieurs individus notamment, les enfants. A cet effet, l'étude démontre que « des enfants tunisiens sont victimes de traite interne aux fins de servitude domestique, de travail forcé dans les secteurs du commerce formel et informel, de l'industrie, et de mendicité ». L'OIM parle dans ce cadre « des petites filles principalement originaires du Nord-ouest du pays qui travaillent en tant que domestiques pour des familles aisées du Grand Tunis et les grandes villes du littoral ». « Certaines sont âgées de 6 ans lorsqu'elles quittent le domicile familial », attire l'attention l'Organisation Internationale pour les Migrations. Mais là où le bât blesse est que « ces petites filles sont forcées d'arrêter leur scolarité à un âge précoce sous la pression des parents, en particulier du père, afin de subvenir aux besoins de la famille, ou bien pour leur fournir un complément de revenu ».

Exploitation sexuelle
Un autre fait inquiétant soulevé par l'étude, c'est « la présence de cas de traite d'enfants aux fins d'exploitation sexuelle et de la prostitution en Tunisie ». D'ailleurs, « la juge pour enfants interrogée dans le cadre de l'Etude au Tribunal de Première Instance (TPI) de Tunis, traite environ quatre cas de mineures prostituées par mois, toutes encadrées par des proxénètes », révèle l'OIM. « Elles sont âgées de 15 à 18 ans et sont originaires des zones rurales. Leur recrutement se fait par l'intermédiaire de la famille ou de l'entourage », toujours d'après la même source qui précise que « les trafiquants et les exploitants sont principalement des femmes tunisiennes, d'une cinquantaine d'années, venant des quartiers populaires de Jbal Lahmar, Hay Nour et Hay Hlal ».
Un autre constat a été soulevé par l'étude est que « les jeunes filles se prostituent dans la rue ou dans des voitures avec les Tunisiens et avec des étrangers, des Libyens pour la majorité ». « Elles sont exploitées à plusieurs dans des appartements par exemple de la cité Ennassr ».

Traite transnationale
En plus de la traite interne qui prend plusieurs formes et qui touche les femmes et les enfants, il existe également la traite transnationale laquelle touche les femmes et les hommes tunisiens vivant à l´étranger. « Les résultats de l'Etude confirment des informations déjà rendues publiques en Tunisie sur la traite ». Par exemple, et selon « le rapport 2012 de J/TIP, quatre tunisiennes furent recrutées la même année pour travailler en tant que secrétaires au Liban puis forcées de se prostituer par des trafiquants ». Un autre constat alarmant confirmé par l'OIM est que « la Tunisie est un pays d'origine pour la traite des personnes aux fins d'exploitation sexuelle à destination du Liban, mais aussi des pays du Golfe et de l'Afrique de l'Ouest ».
De leur côté les hommes n'échappent pas à ce phénomène. A cet égard, l'étude parle « des soupçons formulés dans le cadre d'une enquête menée par une association luttant contre la traite en France quant à l´exploitation de jeunes hommes tunisiens dans la prostitution forcée en France ou au Moyen-Orient, notamment au Liban ».
En fait, la traite des personnes en Tunisie n'a jamais fait l'objet de discussion, alors que le phénomène prend plusieurs formes et touche différentes franges de la société. Nombreux sont ceux qui se trouvent exploités malgré eux, d'où l'urgence de lancer des enquêtes et de promulguer des lois pour arrêter ce fléau qui n'épargne personne. D'ailleurs, des groupes à risque de traite envisageable ont été soulevés par l'OIM. Il s'agit entre autres, des individus victimes de violences sexuelles, en particulier les femmes et les enfants, des mères célibataires, des femmes rurales, ainsi que des migrants irréguliers, des demandeurs d'asile et des déboutés.
Sana FARHAT
- Les Objectifs de l'étude
L'Etude exploratoire sur la traite des personnes a pour buts de déterminer les caractéristiques de la traite en Tunisie, de vérifier si la Tunisie répond aux exigences du Protocole de Palerme, mais aussi de déterminer les besoins de la Tunisie en matière de prévention, répression et punition de la traite des personnes, de protection des victimes et de coopération/coordination nationale et internationale, et d'analyser le rôle du secteur privé et des médias vis-à-vis de la traite des personnes en Tunisie. L'Etude a souhaité couvrir l'ensemble des victimes potentielles sur le territoire national (tous sexes, âges et nationalités confondus) ainsi que les ressortissants tunisiens à l'étranger. L'Etude est composée de données essentiellement qualitatives sur la traite et les sujets connexes, qui ont été recueillies et analysées afin d'obtenir une information fiable, précise et à jour sur le phénomène en Tunisie et sur le contexte dans lequel il intervient ou pourrait se développer à l'avenir
- Et la prévention ?
« La prévention est une des étapes les plus importantes en matière de lutte contre la traite des personnes », attire l'attention l'OIM. « Pour être efficace, elle doit s'inscrire dans la durée avec une approche de coopération et de coordination multisectorielle, et savoir s'adapter à l'évolution possible des phénomènes. Les actions de prévention de la traite sont destinées à être menées auprès du plus grand nombre et doivent s'inscrire dans le cadre de politiques globales s'attachant à combattre à la fois les causes de la traite mais aussi à cibler les individus qui sont déjà à fort risque de traite », recommande l'Organisation Internationale pour les Migrations. « De nombreux acteurs ont un rôle à jouer pour prévenir la traite des personnes. En renforçant leurs connaissances en matière de traite des personnes et en coordonnant leurs efforts, ces derniers peuvent toucher un très large public et ainsi prévenir efficacement le développement de la traite des personnes, qui ne concerne pas seulement les victimes et les groupes à risque, mais toute la société ».


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