L'analyse du think tank américain a mis en avant l'incompréhension qui règne entre le gouvernement tunisien et les bailleurs de fonds internationaux qui se reprochent mutuellement un manque d'action décisive C'est dans le cadre d'une cérémonie officielle inaugurée par l'hymne national et en présence du chef du gouvernement, Habib Essid, que s'est tenue hier la rencontre organisée par le Carnegie Endowment for International Peace, ou encore la Fondation Carnegie pour la paix internationale. Motif: publication du rapport élaboré par la fondation consacré à la Tunisie et portant le titre programme : « Entre dangers et promesses, un nouveau partenariat-cadre avec la Tunisie ». Outre Yassine Brahim, ministre du Développement et de la Coopération internationale, et l'ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, étaient présents, également, Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha, en plus d'un florilège d'hommes d'affaires, de figures de la société civile et de hauts cadres de l'administration tunisienne. La Fondation Carnegie est un cercle de réflexion et d'influence fondé en 1909, aux Etats-Unis, dédié d'abord à la promotion des intérêts de ces derniers. C'est devenu au fil du temps un réseau international dont les centres de recherches sont situés au Moyen-Orient, en Inde, en Russie et en Chine. Le Centre a pour entre autres missions de faire promouvoir la paix par le biais du développement et des réformes politiques. Le Think tank dispose également d'une expertise spéciale en matière de participation islamiste en vue de la mise en place d'une politique pluraliste dans toute la région. L'économie sur une mauvaise pente C'est M. Marwan Muasher, vice-président pour le Moyen-Orient, qui a donné le coup d'envoi de la journée d'étude, en axant son intervention d'abord sur la mission de la Fondation, comme d'offrir une analyse et des recommandations pour aider les décideurs à avoir le maximum de données sur un pays, ensuite il a présenté une analyse politico-économique avec l'identification des principaux maux dont souffre la Tunisie et, enfin, il a proposé quelques-unes des recommandations que contient le rapport en vue de soutenir cette « expérience tunisienne unique dans la région ». Le vice-président dit espérer la mise à contribution de la communauté internationale et des gouvernants envers la Tunisie pour l'accompagner à parachever sa transition démocratique, stabiliser ses institutions et se sortir de l'impasse. Comme l'énonce le document disponible dans les trois langues, cité par l'intervenant, le pays est « sur une mauvaise pente sur le plan économique ». C'est une épreuve difficile, insiste M.Muasher, par laquelle passe le pays, qu'il ne faut pas laisser seul. Selon lui, les Tunisiens ont fait preuve de courage et de maturité mais l'expérience tunisienne est bel est bien en danger. En cela le constat du rapport est clair, sans concession : « Assaillie par la corruption et les défis législatifs, bureaucratiques et sécuritaires, l'économie tunisienne est à la peine ». De plus, « l'aide internationale et les réformes ne se sont pas matérialisées de manière visible pour le citoyen ». Nécessité d'un mécanisme de mise en œuvre rapide des projets L'analyse du Think tank américain a mis également en avant l'incompréhension qui règne entre le gouvernement tunisien et les bailleurs de fonds internationaux qui se reprochent mutuellement un manque d'action décisive. Toujours selon le rapport, « seul le secteur de la sécurité a recensé des progrès significatifs toutefois incomplets ». Parmi les recommandations préconisées, insiste le responsable pour la région du Moyen-Orient, les partenaires internationaux clés de la Tunisie se doivent de manifester un appui financier et « mettre en place un mécanisme rapide pour accélérer la mise en œuvre des projets économiques à forte priorité, particulièrement les projets qui stimulent le développement économique et social et la création d'emplois ». Dans une brève allocution, le chef du gouvernement a insisté sur la nécessité de sceller un contrat social entre les Tunisiens et les forces vives du pays pour pouvoir sortir de l'impasse. Yassine Brahim a, pour sa part, insisté sur la nécessité de créer une haute administration capable de retenir les compétences techniques qui risquent, faute de politique attractive, de migrer vers le privé. Le ministre a également loué les mérites de l'administration qui a permis à l'Etat de rester debout pendant les jours difficiles, mais il ne faut pas non plus qu'elle reste synonyme de lourdeur et de bureaucratie, il est temps, souligne-t-il, de passer d'une économie étatiste à un système socio-libéral plus adapté et plus dynamique. Il ressort de cette matinée un constat reconnu par tous, la communauté internationale a été très en deçà des engagements qu'elle a pris vis-à-vis de la Tunisie, il n'en reste pas moins que les Tunisiens eux-mêmes ne l'ont pas encouragée à aller de l'avant.