L'Ordre des avocats tunisiens fait peau neuve. Nouveau bâtonnier, nouvelle composition du conseil et nouvelles ambitions, mais un contexte national compliqué qui mènera l'Ordre, sous sa nouvelle direction, à trancher sur certaines questions, dont notamment la politisation de ses structures et de sa prise de décision. C'est finalement Hatem Mziou qui a été élu bâtonnier des avocats en marge de l'assemblée élective organisée, récemment, par l'Ordre national des avocats de Tunisie. Actuel secrétaire général de l'Ordre national des avocats de Tunisie et avocat à la Cour de cassation depuis 2009, il a pu être élu à l'issue d'une course très serrée avec Boubaker Ben Thabet. Il succède ainsi à Brahim Bouderbala pour un mandat de trois ans. Notons, également, que Mziou était parmi les cinq candidats en lice lors de l'assemblée générale élective, à savoir Boubaker Ben Thabet, Mohamed Hedfi, Mohamed Baccar et Sami Chtourou. Pour rappel, le nouveau bâtonnier avait présidé l'Instance régionale indépendante pour les élections lors de la constituante de 2011. Il a, aussi, été élu président du Conseil régional de l'ordre des avocats de Sfax. Sitôt élu, Hatem Meziou a présenté ses priorités pour son mandat qui s'annonce crucial, puisqu'il coïncidera certainement avec une opération d'assainissement de la justice tunisienne, annoncée par le Président de la République, Kaïs Saïed. En effet, réitérant ses engagements formulés lors de sa campagne électorale, le nouveau bâtonnier a promis la promulgation du nouveau statut des avocats permettant l'accès à l'exercice de la profession pour des anciens magistrats. Il est également question du renflouement de la Caisse de prévoyance et de retraite des avocats (Capra) et de soutien aux jeunes avocats. Hatem Meziou : « Les accusations infondées proviennent de parties dont l'unique désir est de revenir au pouvoir » Si le contexte national dans lequel devra être installé le nouveau bureau de l'Ordre des avocats s'avère compliqué, la situation de la justice l'est encore plus. En effet, ce pouvoir est actuellement au cœur des tiraillements même de nature politique. Alors que le Président de la République a promis un grand ménage dans les couloirs de la justice, cela ne sera pas sans conséquences sur le fonctionnement aussi des avocats, puisqu'on évoque un système judiciaire interdépendant. Quoi qu'il en soit, le nouveau bâtonnier a levé l'étendard de la lutte contre la politisation des structures de l'Ordre. Pour lui, la politique n'aura plus de place au sein de cet organe. Lui qui affirme que certains partis politiques étaient contre sa candidature aux élections du Conseil de l'Ordre des avocats a promis d'éradiquer toute ingérence politique. Dans ce contexte, il a réfuté toute appartenance politique niant également être le candidat du Président de la République à ces élections. Au fait, Hatem Meziou répond aux accusations de Seifeddine Makhlouf, fondateur du parti Al-Karama. Ce dernier avait assuré que le nouveau bâtonnier n'est autre que le candidat appuyé par le Président de la République. « Le nouveau bâtonnier a été élu par une coalition composée de pro-Saïed et de membres du courant panarabe. Hatem Mziou est le candidat du coup d'Etat et il ne mérite pas la présidence de l'Onat », a-t-il affirmé. « Ces accusations sont infondées. Elles proviennent de parties qui font de la politique et dont l'unique désir est de revenir au pouvoir. Ils veulent utiliser l'Ordre à des fins politiques. Pour ma part, je serai le bâtonnier de tous les avocats », a répondu pour sa part Hatem Meziou. Election d'un nouveau conseil En tout cas, les avocats ont élu les nouveaux membres du Conseil de leur ordre national. Il s'agit de Najla Triki, Hassen Toukebri, Naziha Souid, Mohamed Mahjoub, Mounir Ben Smida, Wissem Chebbi, Saloua Derbal, Adnane Nouichi, Hichem Ben Abdallah, Taher Yahya, Hssina Darraji, Omar Sâadaoui, Nadia Gafsi et Mohamed Ben Smida. Selon le Conseil de l'Ordre national des avocats, il y a en Tunisie 9.075 personnes exerçant la profession d'avocats dont 3.474 auprès de la Cour de cassation, 4.587 auprès de la Cour d'appel et 1.014 stagiaires.