Les actes de violence, de braquage, de délinquance et d'agression sont devenus très fréquents devant les institutions éducatives qui ne sont pas protégées par des clôtures. Il existe dans tout le gouvernorat de Kairouan 312 écoles primaires encadrant 69.751 écoliers, 69 collèges et lycées comptant 47.000 élèves. Et malgré les nombreuses actions de réhabilitation de plusieurs établissements éducatifs, beaucoup d'entre eux présentent un aspect désuet et nécessitent des travaux de maintenance, d'extension et de restauration. D'autres, où des travaux de rénovation ont démarré au mois de septembre 2015, subissent jusqu'à aujourd'hui les effets néfastes de travaux qui traînent et qui sont inachevés avec la présence, devant les salles de classe, de gravats, de briques, de gravier, de sable, de fils de fer et de différents matériaux de construction. Par ailleurs, les actes de violence, de braquage, de délinquance et d'agression sont devenus très fréquents devant les institutions éducatives qui ne sont pas protégées par des clôtures. En effet, les trafiquants et les clochards n'hésitent pas à s'introduire dans les salles de classe, à provoquer des disputes, à insulter les enseignants et à vendre de la zatla et des cigarettes aux élèves qui traînent devant les collèges et les lycées, pendant les heures creuses, cela sans oublier les pratiques sexuelles dangereuses dans les terrains vagues situés à proximité des lycées. On pourrait citer le cas d'un dangereux délinquant qui s'est introduit dans la matinée du 31 mars au collège du centre-ville de Bouhajla, muni d'une épée, causant une peur effroyable à tous ceux qui étaient présents et blessant à la main le surveillant général à qui il a pris les clés de son véhicule avant d'entamer une course cauchemardesque en ville. Beaucoup plus loin, au lycée Okba (Kairouan-Sud), un jeune clochard s'est introduit, au cours de la matinée du 12 avril, dans une salle de classe, a provoqué une dispute avec une élève et a insulté le professeur de mathématiques. Evidemment, ces actes barbares ont été suivis par des sit-in de protestation de la part des enseignants. Des mamans en colère Autre exemple significatif quant aux méfaits de la drogue sur la santé physique et psychologique de nos jeunes, celui relatif au suicide, le 16 avril dernier, d'un lycéen de Menzel M'hiri (délégation de Nasrallah), consommateur de stupéfiants. Le lendemain, toutes les mères de famille ont organisé une imposante marche pacifique pour exprimer leur ras-le bol devant l'indifférence des responsables locaux face au danger qui menace la vie de leurs enfants et pour demander une présence policière devant les collèges et les lycées. Noyade dans une jebia Par ailleurs, dans beaucoup de collèges et de lycées situés en zones rurales, les élèves passent toute la journée (de 7h00 à 17h00) en classe ou dans la rue, étant donné que leur lieu d'habitation est situé à plusieurs kilomètres. C'est ainsi qu'ils apprennent de mauvaises habitudes, qu'ils se font braquer et qu'ils trouvent, parfois, la mort. A Hajeb El Ayoun, après la fin des cours de la matinée, des collégiens sont allés se baigner dans une profonde jebia destinée à l'irrigation, et ce, pour se rafraîchir et pour reprendre les cours de l'après-midi de cette journée du 15 avril. Une heure plus tard, un de leurs camarades, âgé de 14 ans et inscrit en 8e année s'est noyé. L'année dernière, un autre élève a trouvé la mort dans les mêmes conditions. Et c'est pour toutes ces raisons que beaucoup de familles ont choisi d'inscrire leurs enfants dans des établissements privés dont les conditions de sécurité sont très importantes. Des écoles assoiffées D'un autre côté, 57% des écoles du gouvernorat de Kairouan ont des problèmes d'approvisionnement en eau potable, ce qui oblige les écoliers qui font plusieurs kilomètres par jour à apporter avec eux des bouteilles d'eau. N'oublions pas l'état lamentable des toilettes et le manque d'hygiène, ce qui a provoqué des cas d'hépatite A enregistrés au mois de novembre 2015 et au mois de janvier 2016 à l'école El Ghabet (Kairouan-Nord) et à l'école de Chebika-Centre. En outre, comme beaucoup d'écoles ne sont pas protégées par des clôtures, il n'est pas rare de voir des chiens, des chèvres ou des moutons, au milieu de la cour. A part cela, certaines écoles ne disposent ni de cantines ni de dortoirs, ce qui pousse les élèves, surtout les filles, à abandonner leurs études et à s'occuper de travaux agricoles.