Un sondage a été réalisé ciblant 730 pêcheurs afin d'identifier les points faibles et les problématiques du secteur de la pêche et de l'aquaculture. Il a révélé un bon nombre de lacunes, à savoir le non-respect des saisons de la pêche, les équipements utilisés et la faiblesse de l'infrastructure. Les pêcheurs sondés évoquent aussi certaines défaillances au niveau de l'application de la loi, de la formation et du recyclage, appelant à la restructuration urgente du secteur. Un appel à restructurer le secteur de la pêche a été lancé par les pêcheurs tunisiens présents au congrès national sur le secteur de la pêche et de l'aquaculture, organisé le 6 mai à Tunis. Une restructuration tant attendue par les professionnels, vu les problématiques majeures que connaît ce secteur depuis plusieurs années. Bien que des décisions gouvernementales aient été prises, leur application tarde encore à se concrétiser, provoquant le mécontentement des gens de la profession. Un mécontentement reflété par les propos de Anis Kharbeche, assistant du président de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), qui s'est interrogé sur les raisons du retard de l'application de ces décisions, annoncées en novembre 2015 et en mars 2016. Elles concernent essentiellement l'amélioration des services et de l'infrastructure portuaires, la lutte contre la pêche anarchique et aussi l'augmentation de la subvention au titre du carburant de 5%. Restructuration Pour Salah Hedider, membre du bureau exécutif de l'Utap, la restructuration du secteur repose sur la concertation entre les différentes parties prenantes. «Il y a plusieurs intervenants au port de pêche : la marine marchande, le ministère de l'Agriculture et les services portuaires. Ils doivent être rassemblés en une seule structure afin de faciliter l'activité des pêcheurs. La mise en place d'un guichet unique dans chaque port est très importante et peut épargner au pêcheur une perte de temps énorme entre les différents services», indique-t-il. De son côté, Mohamed Salah Romdhane, président de la Commission du dialogue national sur le secteur de la pêche et de l'aquaculture, affirme que la restructuration du secteur doit se faire aussi au niveau régional, pour permettre plus de liberté d'action aux délégués régionaux. Il s'agit aussi d'améliorer l'organisation du secteur et de donner plus d'importance à l'aquaculture ainsi qu'à la qualité des produits de la mer à côté du renforcement de leur compétitivité dans les marchés régionaux et méditerranéens. D'ailleurs, dans le cadre de cette vision, un sondage a été réalisé ciblant 730 pêcheurs afin d'identifier les points faibles et les problématiques du secteur. Il a révélé un bon nombre de lacunes, à savoir le non-respect des saisons de la pêche, les équipements utilisés et la faiblesse de l'infrastructure. Les pêcheurs sondés évoquent aussi certaines défaillances au niveau de l'application de la loi et de la formation et du recyclage. Notons que, durant la période 2011-2014, la production du secteur a atteint 119 mille tonnes de poissons, en amélioration par rapport aux années précédentes, mais ne peut avoir une grande signification, compte tenu de la pêche anarchique, selon M. Romdhane. 90% de cette production provient de la pêche alors que 10% est issu de l'aquaculture, ajoutant que 6% de la production est destiné à l'export. Potentiel En outre, l'aquaculture constitue une activité prometteuse, bien que son développement soit assez lent en Tunisie. On compte 34 sociétés, dont 24 sont réellement opérationnelles. Cette activité a un grand potentiel d'emploi. Selon Omar Samet, président de la Fédération nationale d'aquaculture, une production de 1.000 tonnes de poissons nécessite entre 70 et 80 personnes entre cadres et ouvriers. Selon les dernières statistiques, la production aquacole est de l'ordre de 14 mille tonnes par an, dont 500 à 1.000 tonnes sont exportées. Après les difficultés sécuritaires sur le marché libyen et les difficultés fiscales sur le marché algérien, les exportateurs explorent d'autres marchés, selon M. Samet, tels que les pays du Golfe, le Canada, les Etats-Unis et aussi l'Europe. Mais M. Samet affirme que malgré le grand potentiel que représente cette activité, elle est appelée à diversifier ses produits pour mieux appréhender les nouveaux marchés. Il ajoute également qu'il y a un effort à formuler en termes de rationalisation de la production afin d'éviter les dérapages et l'illégalité, en mettant en place un système de quota.