Les participants ont discuté à bâtons rompus, évoquant, sans détour, la dure réalité de notre sport Se réunir pour échanger des points de vue, s'interroger et analyser avec du recul, mais d'un œil critique, la réalité de notre sport qui, à vrai dire, souffre d'innombrables maux : c'est le sens qui a été donné au débat ouvert, organisé avant hier-soir par le Comité national olympique tunisien avec les présidents des fédérations. Dans son allocution d'ouverture, le président du Cnot a annoncé la couleur : "On s'est beaucoup interrogé sur le thème de cette réunion. C'est une rencontre organisée à la demande des présidents de fédérations pour débattre ouvertement de la réalité de notre sport. Un secteur qui a besoin d'un travail continu. Il n' y a pas d'ordre du jour précis, même si j'aimerais qu'on s'attelle sur le phénomène de la violence", a déclaré M. Slim Chiboub. Le premier à prendre la parole fut M. Hachmi Saïdi, président de la Fédération tunisienne de tir, qui a expliqué que du matériel d'entraînement a été importé par sa fédération mais est encore retenu à la douane. Et pour cause : la fédération de tir attend une réponse favorable à sa demande de bénéficier d'une exonération fiscale. Quant à M. Jalel Zayati, président de la Fédération tunisienne de tennis de table, il s'est interrogé sur les raisons qui ont amené le Cnot à empêcher l'entraîneur de Adem Hmam (médaillé de bronze aux derniers Jeux olympiques de la jeunesse) de l'accompagner à Singapour, selon les explications données. M. Chiboub a nié toute intervention du Cnot concernant le choix des athlètes ou des entraîneurs qui devaient participer aux Jeux de Singapour. Le président du Comité olympique apporte son élément de réponse : "En ce qui concerne les Jeux de Singapour, le rôle du Cnot s'est limité à transférer les dossiers des membres de la délégation tunisienne au CIO. Le Comité olympique n'a pas été consulté quant à la sélection des sportifs qui ont représenté la Tunisie aux Jeux de Singapour. D'ailleurs, on se demande si on s'est préparé à cette importante manifestation sportive. Sinon, comment expliquer que toute la délégation tunisienne ne disposait pas d'un kinésithérapeute", s'est interrogé M. Chiboub, et de poursuivre : "La délégation tunisienne a été la seule à Singapour à ne pas être conduite par le président de son comité olympique national. C'est pourquoi, quand j'étais sur place, j'ai refusé de rencontrer les membres de la délégation. Car ce n'est pas en dehors de notre pays que je devais faire connaissance avec les athlètes.", a-t-il tenu à expliquer. Le président de la Fédération tunisienne de tennis, M. Mehrez Boussayène, a proposé à ce que le Cnot envoie ses correspondances directement aux fédérations. Un confrère a proposé d'établir une stratégie de communication, notamment entre les fédérations et les médias. "Se donner les moyens" Au terme des débats, les intervenants se sont mis d'accord sur la nécessité de doter le sport tunisien des moyens de ses ambitions. "On peut se donner les moyens. Il faut que ça change. Il est temps de doter l'équipe nationale d'un centre de la trempe de Clairefontaine. Ce n'est pas adéquat de rassembler des joueurs dans un hôtel à la veille d'un match. La concentration exige un endroit à la fois fonctionnel et approprié.", tel était le souhait exprimé par le président du Cnot qui a annoncé que la angulaire pierre du nouveau siège du comité olympique sera posée à la fin du mois d'octobre, tout en remerciant son prédécesseur, M. Abdelhamid Slama, d'avoir laissé des caisses renflouées. Il a également indiqué que le terrain sur lequel sera bâti le nouveau siège a été offert par le Président de la République. Sur le thème de la violence, M. Slim Chiboub a indiqué qu'interdire les chorégraphies (dakhla) dans les stades n'est pas le meilleur moyen pour atténuer la violence. Bien au contraire. Selon lui, il faut laisser les jeunes s'exprimer tout en leur expliquant que leurs banderoles ne doivent pas faire allusion à la religion, à la politique ou au régionalisme, conformément aux réglementations internationales. En somme, le débat organisé avant-hier soir par le Cnot a été instructif, car sans détour ni complaisance. A bâtons rompus, on ne peut qu'aller au fond des problèmes. Et c'est déjà un bon début pour tenter de les résoudre.