Un nouveau mode de fonctionnement vient d'être instauré, prouvant rapidement son efficacité : la tenue d'une brève séance de questions-réponses avec les membres de l'exécutif au démarrage de chaque plénière. Lesquelles questions ont été préalablement adressées par écrit aux départements concernés En présence de 120 députés, a démarré hier la plénière au palais du Bardo, sous la présidence de Mohamed Ennaceur, affichant un ordre du jour chargé. En plus des questions orales à adresser aux membres du gouvernement, il est prévu l'examen de trois projets de loi consécutifs. Le premier N°57/2015 portant régularisation de l'exploitation illégale des carrières de marbre relevant du domaine privé de l'Etat, le deuxième projet de loi organique inscrit sous la référence 03/2015, portant approbation du protocole d'accord relatif à l'envoi d'équipes médicales chinoises en Tunisie entre le gouvernement de la République Tunisienne et le gouvernement de la République Populaire de Chine. Le troisième n'est autre que le très attendu projet de loi organique portant la référence 01/2016 amendant et complétant la loi organique N°14/2014 en date du 26 mai 2014 relative aux élections et aux référendums. Malgré leur nombre limité à quatre, les auditions des ministres ont meublé presque toute la matinée. Sans compter les appels et autres points d'ordre exprimés par les parlementaires au tout début de la séance. De nouveaux modes de fonctionnement Samia Abbou, du Courant démocratique, a interpellé ses collègues dans son intervention préliminaire, les incitant à déclarer leurs revenus, comme le stipule le règlement interne. Ajoutant que c'est le meilleur moyen de battre en brèche les accusations mettant en cause la probité des représentants du peuple. Et de poursuivre : «Pourquoi vous étonnez-vous, lance-t-elle, qu'on vous accuse de toutes sortes de manœuvres douteuses, puisque depuis cet hémicycle, des députés ont été soudoyés pour soumettre des propositions de loi, et d'autres pour soutenir certains lobbys?». Un nouveau mode de fonctionnement vient d'être instauré, prouvant rapidement son efficacité : la tenue d'une brève séance de questions-réponses avec les membres de l'exécutif au démarrage de chaque plénière. Lesquelles questions ont été préalablement adressées par écrit aux départements concernés. Les ministres débarquent donc en séance avec leurs staffs, en hommes et femmes préparés et avertis théoriquement. Ainsi c'est le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, qui a été interrogé en premier par la même Samia Abbou, qui affiche une excellente régularité en plénière à hauteur de 95%. En revanche une présence irrégulière en commission avec un taux de 54% selon les chiffres de l'association Bawsala. Sa question porte sur « les méthodes d'intimidation verbale et physiques imputées à des agents des forces de l'ordre». En regrettant qu'il ne s'agisse pas de cas isolés mais de pratiques qui tendent à se banaliser. La parlementaire prend pour cas pratique un citoyen dénommé Salah El Abdi, résident à La Manouba, violenté par des éléments en civil, en présence d'autres en uniforme, et ce le 20 avril 2016, à La Manouba. Il s'agit, précise-t-elle encore, « d'une victime dite de l'affaire de Baraket Essahel qui a porté plainte contre un agent pour actes de torture contre sa personne. C'est en représailles que ces agents censés protéger les citoyens se sont attaqués à lui », accuse la députée. Le ministre souligne dans sa réponse que l'affaire est entre les mains des autorités de la police locale, que la plainte ne concerne qu'un seul élément qui œuvrait en dehors de sa zone territoriale de compétence, dans un véhicule administratif. L'instruction est en cours, ajoute M.Majdoub, en faisant remarquer à la députée, que ni elle n'était présente en tant que témoin, « ni d'ailleurs moi-même, fait valoir le Ministre, et que par conséquent et en attendant les résultats de l'enquête, personne ne peut se prononcer ». Réponse contestée par la parlementaire. La deuxième question orale a été adressée par la députée Rim Ethairhi, du Courant de l'Amour, dont le taux de présence en plénière est de 74% avec une participation au vote très faible, ne dépassant pas les 34%. Sa question s'adresse à Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme, laquelle date depuis décembre 2015, a-t-elle pris soin de souligner au début de son intervention. Faiblesse de l'argument Sa question ou plutôt son long réquisitoire porte sur l'accord de partenariat touristique conclu entre la Tunisie et la République islamique d'Iran, stipulant entre autres l'accueil de 10 mille touristes iraniens. La parlementaire a tenu à souligner qu'il ne s'agit pas d'une mise en cause du peuple iranien ou de ses croyances, mais qu'un un tel protocole met en péril la sécurité nationale. «Les accords de partenariat avec l'Iran ne sont ni plus ni moins que des couvertures pour l'intrusion des agents des services de renseignements iraniens dans notre pays et y semer la ''fitna''». La députée a cité l'exemple de la Jordanie et du Maroc qui ont suspendu toute coopération dans le domaine du Tourisme avec l'Iran pour les mêmes raisons. «Pour garantir l'afflux de quelque 10 mille touristes vous mettez en péril la sécurité des Tunisiens et du pays », lance-t-elle à la ministre. La parlementaire cite encore l'Irak, la Syrie et le Liban qui sont dévastés à cause de l'ingérence iranienne. Face à ces accusations éminemment graves qui requéraient des réponses précises et élaborées d'autant qu'elles avaient été préparées, la ministre, lisant un papier, s'est résolue à dire qu'il s'agit de liens institutionnels avec l'Iran, portant sur des coopérations techniques dans le domaine du tourisme et que le pays (l'Iran) étant membre de l'Organisation mondiale du tourisme, la Tunisie coopère avec lui. Réponse non convaincante selon la parlementaire qui revient à la charge par des questions et des demandes de précision. Pour toute réponse, la ministre ne fait que répéter encore et encore ce qu'elle a dit au début, et malgré le renfort apporté diligemment par Khaled Chaouket, ministre chargé des Relations avec le parlement, qui a pris la parole, ensuite a glissé à la ministre un bout de papier, l'argumentaire est resté faible, la posture hésitante, la syntaxe plate, dépourvue de la moindre petite esquive pour se sortir de l'impasse. A faire remarquer à Madame la députée, tout de même, si l'Irak et la Syrie se trouvent dans l'état où ils sont, ce n'est pas uniquement par les méfaits des agents secrets iraniens et des milices chiites. Une fois que c'est dit, dès le début de cette législature, certains membres de l'équipe gouvernementale ont fait preuve d'un défaut de maîtrise quant à la prise de parole en public et la connaissance des dossiers. Si au début d'un mandat, cela peut se comprendre, une année et demie après, difficilement.