Par M'hamed JAIBI De temps à autre, par surprise, comme une véritable bourrasque soumise aux aléas de la météo, la police municipale effectue une «descente» énergique visant les terrasses des cafés, salons de thé et restaurants. Nos tenanciers repoussent, en effet, les limites que leur oppose le métrage de leur commerce, pour faire profiter leurs clients de l'ensoleillement de nos trottoirs méditerranéens si prisés par les touristes qui font terriblement défaut ces temps-ci. Les tables et chaises installées en devanture sont alors saisies par des policiers en uniforme et embarquées pêle-mêle dans des camionnettes, et les gérants verbalisés. Certains échappent par clémence à la saisie, en retirant fiévreusement tables et chaises vers l'intérieur de leur local, mais, pour les uns comme les autres, l'ambiance de fête est ternie pour quelques jours. Or, s'il est vrai que plusieurs cafés et restaurants omettent de payer la taxe municipale relative à l'exploitation de leur terrasse, la plupart y souscrivent contre une quittance tout à fait officielle délivrée par la municipalité du lieu. Un document que les agents de la police municipale examinent, chacun selon sa conscience, avec circonspection, avant de faire remarquer que le métrage n'y est pas spécifié ou qu'on n'y parle pas de panneaux de séparation... Pourquoi ces rafles hideuses qui font ressembler nos espaces d'animation à des étals anarchiques ? Pourquoi soumettre les tenanciers de ces lieux conviviaux qui font l'image accueillante du pays à un stress permanent truffé d'arbitraire ? Alors qu'il suffirait d'opter pour la transparence de la rigueur légale et pour la discrétion. C'est-à-dire un texte législatif ou réglementaire énonçant conditions, critères, métrage et tarifs, et une quittance détaillant tout cela. On aurait alors affaire à une police municipale souriante attirant l'attention sur les risques encourus par l'environnement ou intervenant lors des manquements musclés aux obligations des riverains.