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Economie et monnaie : du non vers le moins non
Opinion
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 06 - 2016


Par Khaled El Manoubi
Cet article aurait pu s'intituler plus simplement, bien que de manière plus allégorique : du noir vers le moins noir. Le noir désigne le pire qui puisse arriver — ici en matière d'économie et de monnaie — non pas du fait de la nation ou plus exactement du peuple, mais du fait de la cupidité aveuglante de l'élite autoproclamée et ce de 1955 à 2010.
L'élite d'avant la colonisation avait également contre elle d'être cupide, mais elle vivait comme si le capitalisme n'existait pas encore et c'est cette existence qui la perdit en amenant en particulier la colonisation. C'est que sa cupidité était bornée par le surtravail de son propre peuple : ce qui la perdait, ce n'est donc pas sa cupidité en tant que telle mais sa non-lucidité et son imprévoyance pour lesquelles emprunter aux capitalistes étrangers n'avait pas pour limite le peu qu'on pouvait rembourser par la confiscation de la sueur du peuple.
Le capitalisme avait en effet nui de deux manières à l'élite d'avant la colonisation et finalement au peuple lui-même. D'une façon progressive d'abord : les Européens, en se portant eux-mêmes en Afrique et en Asie depuis la fin du quinzième siècle, avaient progressivement asséché les deux commerces lointains, le commerce Nord-Sud (routes transsahariennes) et le commerce Est-Ouest (routes terrestre et maritime de la soie). En particulier, le commerce saharien n'était tout à fait mort qu'au début du vingtième siècle. L'autre façon a été ponctuelle et brutale. Une fois la suprématie européenne de l'Angleterre assurée, suite à la défaite de Napoléon Bonaparte, une flotte anglaise, accompagnée par des unités navales françaises, est venue en 1816 imposer au Bey la fin de l'esclavage en temps de guerre. C'est que l'aristocratie, Bey en tête, tirait des ressources non négligeables de la course. Le tarissement brutal de ces ressources poussait à la surexploitation du peuple paysan mais poussait aussi à la diminution du surplus.
A l'inverse, l'élite autoproclamée se mettait en position d'être le fondé de pouvoir des capitalistes étrangers, lesquels augmentaient régulièrement la mise dans un pays désormais ouvert au capitalisme pour mieux rafler, moyennant une commission à leur fondé de pouvoir, la poule aux œufs d'or était le peuple prolétarisé comme le veut le capitalisme.
Ainsi donc, avant la colonisation intervenue en 1881 et après l'interdiction de la course en temps de guerre en 1816, les revenus du beylik —notamment armateur de piraterie— ont commencé à tarir significativement. Le beylik ne peut alors éviter l'aggravation de la spoliation de ses sujets.
En fait, celle-ci se fit rapidement à large échelle de sorte qu'elle devint ouverte car souvent dépourvue de ne serait-ce qu'un faux-semblant légal. Il est significatif de noter à cet égard que le recours en 1864 à la légalité pour faire davantage suer le burnous au moyen du doublement officiel de la capitation tourna court du fait de la révolte immédiate qui s'en est suivie et a même provoqué la suspension de la constitution de 1861.
Tout le monde baigne dans le capitalisme
La spoliation n'a pas cessé lorsque le beylik a été mis par la puissance dite protectrice au service des colonisateurs sauf que cette spoliation est devenue moins ouverte car codifiée par des textes portant le sceau du Bey ou la signature de ses délégataires officiels. Ce qui est nouveau à partir de 1881 et jusqu'en 1955, c'est qu'une certaine forme de l'Etat de droit était plus au moins présente mais son contenu laisse pour le moins considérablement à désirer, outre le fait qu'elle mobilisait l'impôt au service des colons.
Tout le monde — élite, peuple ou nation — baigne dans le capitalisme désormais globalisé, lequel est en particulier une économie monétaire et donc aussi de marché. Celle-ci comporte une vaste trame faite d'une multitude de cessions de marchandises ou de choses qui ressemblent à la marchandise contre de la monnaie ou un succédané de celle-ci. Chaque cession n'est autre qu'un double transfert de propriété : la propriété de la marchandise — ou de la chose assimilée par abus de langage — passe du vendeur vers l'acheteur alors que celle de la monnaie — même s'il peut s'agir de pseudo-monnaie — fait le même chemin en sens inverse. D'où le moyen évident d'avoir un non-marché consistant à tomber dans la non-marchandise par un traitement irrespectueux de la propriété des choses échangées : comment diantre transférer à autrui une chose qu'on ne possède pas ou dont la propriété est douteuse au moment de la transaction et/ou menacée après celle-ci ?
L'indépendance fut une véritable aubaine pour l'élite qui hérite de l'essentiel du patrimoine des Européens et des Israélites par un transfert de propriétés qui n'a pas été souvent une braderie mais qui a toujours bénéficié d'une notable réduction du prix de cession des actifs concernés. Mais mettre la main sur un stock est une chose, et le fructifier par la génération de flux répétitifs de revenus en est une autre. Or le labeur populaire est une condition première de toute valorisation et la mobilisation de ce labeur n'est jamais le fait des seuls possédants. La mobilisation en question, si elle semble relever des possédants procédant, à la valorisation, est en fait conditionnée par des déterminants sociohistoriques où le peuple détient nécessairement la sanction ultime. Prenons l'exemple du monde arabe. Les pays pétroliers sont riches en termes de consommation mais fabriquent peu de choses. Les pays non pétroliers, souvent pauvres en termes de consommation, produisent davantage que les précédents mais seuls trois pays ont des exportations non négligeables de produits manufacturés et la Tunisie y réalise une exportation par tête nettement la plus grande. Or les anciens colonisateurs ont systématiquement découragé l'industrialisation et ont notamment interdit à leurs banques privées de la financer dans les années cinquante et soixante du siècle dernier. Une fois l'hypothèque criarde imposée par l'étranger partiellement levée, et comme les valorisateurs se sont souvent signalés par leur absence ou leur faiblesse dans les pays arabes, ce ne sont donc pas eux qui ont déterminé en Tunisie cette valorisation notable mais bel et bien le peuple et moins l'élite. Pourtant, le pouvoir d'achat du salaire minimum, s'il a doublé depuis 1955 en termes d'un panier largement dépassé de stricte subsistance, il a moins que suivi le coût de la vie résultant de l'incorporation de nouveaux besoins comme ceux des cours particuliers, du tabagisme des jeunes ou du téléphone portable. Surtout il a nettement moins cru que le revenu réel moyen — par tête, lequel a triplé — et il est resté cloué au sol comparativement à la fusée de la consommation ostentatoire d'une partie toujours plus nombreuse de l'élite.
Il faut dire que cette élite, outre l'enrichissement phénoménal d'une minorité parmi elle, a fait preuve d'un esprit de corps remarquable par la constitution d'une bureaucratie bien plus budgétivore que du temps de la colonisation. Avant même les années Mzali, la part des dépenses publiques est en effet passée de 22% en 1961 et 26% en 1970 à 40% du PIB en 1981 !
Autre opposition interpellatrice : d'un côté, une plus grande exploitation des ménages ouvriers par l'accroissement — moins que le doublement — du nombre d'actifs par ménage pour joindre les deux bouts, et, de l'autre, une prolifération des milliardaires (en dizaines de millimes), cela expliquant ceci. En effet, plus le peuple galère — notamment dans sa vie quotidienne dans les transports urbains et bien sûr dans les ateliers et dans les champs — plus il produit de la valeur et plus ses employeurs se valorisent. En fait, cette opposition correspond aussi à une vaste spoliation. Il existe, pour la mettre en évidence, une méthode fort simple dans son principe — ce dernier étant platement arithmétique. Prenez la valeur de patrimoine actuel en Tunisie — sans même chercher du côté du Panama ou d'ailleurs — d'un milliardaire et repérez la date où il n'avait rien ou presque. Comparez ensuite ce patrimoine au cumul depuis cette date de ses revenus figurant dans ses propres déclarations au fisc — et sans omettre de défalquer ses emprunts non remboursés —, l'écart constituant le montant spolié a minima. Le printemps arabe n'est ainsi qu'une tentative de mettre fin au printemps de la spoliation. C'est que l'affaire est, au plus haut point, politique. En effet, si la spoliation bénéficie au final à des particuliers, elle est inséparable d'une implication souvent criminelle et invariablement illégitime de l'Etat, celui-là même qui est censé être le garant de la propriété et le rempart contre les bandits. Les chefs de guerre, il y a quinze ou six ans encore, étaient gloutons de parts de sociétés importantes et même de propriétés enregistrées à la Conservation foncière !
Gonflement systématique des coûts
Propriété fort sujette à caution par conséquent. Comme nul n'est admis au marché des potiers — par exemple— s'il manque de pot, les transactions portant sur l'échange de propriétés systématiquement douteuses sont des non-transactions et ne font donc qu'un non-marché. Pour une économie de marché, c'est déjà, à ce titre, une manière fort réelle d'être une non-économie.
Autre façon de déboucher sur la non-économie : le gonflement également systématique et étatique des coûts, alors que l'économie capitaliste cherche à minimiser les coûts et ne les gonfle pas, en tout cas, ouvertement. Au passage, remarquons que le gonflement des coûts implique des gens qui paient les effets de la turpitude d'autrui, payeurs qui sont donc spoliés, et dont les propriétés ne sont ainsi jamais acquises.
Pour citer un fait précis relatif à ces turpitudes ininterrompues, référons-nous à cette note du ministère du Plan qui révèle que durant, en gros, les années Mzali, les coûts effectifs des investissements (du titre II géré par le même ministère) publics ont dépassé en moyenne de 40% les estimations initiales.
Et cette proportion a été sûrement aggravée lors de la dernière décennie de Ben Ali avec, en sus, bien davantage de gros emprunts non remboursés ! La règle est ainsi la non-économie, et la non-économie aux deux titres mentionnés, tant qu'elle relève de la cuisine interne, faut-il le rappeler, le capitalisme global étant non seulement non concerné par ces turpitudes locales mais sans se priver d'en faire commettre d'autres à ses suppôts pour se sucrer lui-même davantage encore que ces derniers. En parfait pince-sans-rire.
En particulier, tout emprunteur ordinaire — donc non couvert — illégitimement — par l'Etat — est triplement puni par le préjudice subi du fait des surcoûts de son projet et par le risque d'évanouissement de ses retours d'investissement tant au profit des suppôts que de leurs maîtres.
Mais revenons aux années Mzali, le Premier ministre de Bourguiba.
Dans notre ouvrage publié par L'Or du Temps en 1993 (Industrialisation et compétitivité de la Tunisie, Tunis, p.p.95-96), nous écrivons : « S'agissant des grands projets publics, la surévaluation des coûts a été estimée par le ministère du Plan à près de 40%, augmentant par là même les possibilités de super bénéfices pour les entrepreneurs ainsi que les opportunités de détournement et de corruption. Il faut signaler à cet égard que la question des paiements internationaux irréguliers est devenue, de l'aveu même des gouvernements, une question digne d'intérêt. Le problème général des paiements irréguliers dans le cadre des transactions commerciales internationales a été traité dès 1975 par l'Assemblée générale des Nations unies. La résolution 3514 (XXX) de l'Assemblée générale en date du 26 janvier 1976, traite des « mesures visant à empêcher les sociétés transnationales et autres, leurs intermédiaires et autres parties en cause, de se livrer à des pratiques de corruption ». Un tel souci n'est pas issu d'une quelconque morale « mais vise à prendre des mesures de nature à lutter contre des pratiques (...) tout simplement contraires à la logique réelle » de la « mondialisation croissante ».
Mais l'économie, la vraie, est une religion.
De nos jours, le crédit véritable a pour seule contrepartie une créance, laquelle n'est autre, presque littéralement, qu'une croyance au remboursement. Et la piété de cette religion est une peur certaine de son dieu, lequel a pour nom le défaut de paiement ou encore la banqueroute. Quant au crédit gagé sur des actifs et en perte de vitesse, il a pour contrepartie le succédané d'une marchandise, laquelle est, dans les contextes dévoyés, elle-même sujette à caution quant à sa propriété. Finalement, non-marché et non-économie se liguent pour faire produire des hérésies et celles-ci font que la monnaie locale a pour contre-partie des sables mouvants où elle risque à chaque instant de se perdre. Non-monnaie par conséquent. Dans le domaine monétaire véritable, ceux qui font les transactions sont non seulement sûrs de leurs propriétés généralement bien acquises, mais sont bien placés pour innover, pour gagner et donc avoir de nouveaux avoirs demain. Non seulement leur signature est crédible, mais le système bancaire, Banque centrale en tête, ne peut qu'anticiper leurs votes-sanctions à venir par leurs transactions financières, monétaires et de change.
Empressons-nous de dire que nous sommes encore loin de cette configuration et la sanction nécessaire à placer au-dessus de la Banque centrale est celle du parlement enfin régulièrement élu ou de ses hommes de confiance, d'abord au gouvernement. Plus généralement, grâce à la Révolution, l'Etat de droit est enfin en marche : la propriété n'en sera que plus respectée et les surcoûts n'en seront que réduits.
On est nettement mieux depuis 2011 !
La vérité est révolutionnaire et, inversement, la vérité qui précède a été imposée par la Révolution. Jusqu'à la Révolution tunisienne, les orientalistes occidentaux affirmaient mordicus que les Arabes sont culturellement inaptes à la démocratie. La logique du verrouillage despotique implique que soit conféré à la Sureté de « l'Etat »jusqu‘au monopole des graffitis. On y trouve des inscriptions telles que Torcida 08 ou North Vandales 07. Les nostalgiques de cette « Sécurité » continuent de nos jours à renouveler ces inscriptions. La deuxième est également livrée en abrégé (NV07) : comment ne pas penser au 7 novembre (1987) ? L'autre version « North 2007 » est en série avec Torcida ou TE 2008. On ajoute même aujourd'hui encore, en arabe, et la traduction «destructeurs (pour vandales) du Nord » et la légende : « (nous sommes) par nature destructeurs dans nos têtes ». Sous-entendu, c'est « notre » nature qui appelle la dictature !
Mahmoud Beyram Ettounsi a inséré, dans la première page de sa revue Ech-Chabab, une caricature figurant Othman Kaak en pantalon golf des lycéens de Carnot des années trente et à dos d'âne — bourricot rime avec bicot— avec cette légende : « l'orientaliste Othman ». Et avec cette différence que la nostalgie de la Sûreté de « l'Etat » cultive un credo beaucoup moins débonnaire que le personnage croqué.
Mais les caciques de notre élite autoproclamée ont déjà été largués par les connaisseurs des pays occidentaux. Ainsi, le N°7 de « Les Collections de l'Histoire » est un numéro spécial avec pour titre de la première couverture : « De Carthage à Tunis : 3000 ans d'exception » et avec un éditorial intitulé « L'exception tunisienne ». Ce numéro est émaillé d'une vingtaine d'articles écrits en majorité par des Européens et des Américains, lesquels sont parfaitement avertis de l'exception tunisienne bien avant la Révolution : ils ne l'ont pas découverte depuis 2010 ! Tant que le discours erroné des Orientalistes n'était pas clairement démenti, les spécialistes ne se faisaient pas entendre. Mais que la nouvelle réalité devienne incontournable, et les connaisseurs occidentaux ne vont tout de même pas demander l'autorisation à quiconque pour dire ce qui en est aux caciques de notre élite autoproclamée ! Pour ces derniers, on a tort d'être quelque chose après avoir été rien. Et pour leurs maîtres, c'est juste le contraire : il n'est pas étonnant que l'on devienne quelque chose même si on nous tenait pour rien.
Finalement, les aspects évoqués du non tendent enfin à évoluer vers le moins non ou même — pourquoi pas ? — vers le non du non. Ce non à plusieurs têtes étant le pire qui puisse arriver, il en résulte que le noir caractérise le réel économique et monétaire d'avant la Révolution.
De nos jours, on est donc clairement moins noir ou encore à chaque instant un petit peu plus blanc, même si le fondamental et le structurel peuvent être masqués par le conjoncturel et par l'écume artificiellement sécrétée par les sabotages et les combats d'arrière-garde. De 1955 à 2010, on ne pouvait être dans une situation pire. Autre façon de dire qu'on est nettement mieux depuis 2011 ! Les nostalgiques du noir eux-mêmes, s'ils sont quelque peu lucides, savent que, désormais, chaque touche, même foncée, éloigne de l'absence de couleur qu'est le noir.


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