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L'inconsistance du clivage laïcs-islamistes dans les pays arabes en transition démocratique
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 02 - 2015


Par Khaled EL MANOUBI
Opposer politiquement les laïcs aux islamistes dans les pays arabes à population totalement ou à grande majorité musulmane peut être d'abord contesté pour deux raisons plutôt non difficiles à trouver. Primo, la laïcité n'est qu'un cas particulier du processus de la sécularisation imposée par le capitalisme depuis cinq siècles. La sécularisation elle-même — par ailleurs nécessaire dans la modernité capitaliste — exprime le premier fondement du capitalisme: la logique de l'argent doit primer sur celle de la naissance — celle de l'aristocratie — nécessairement théocratique et religieuse. La première démocratie moderne, l'Angleterre, a résolu ce problème presque instantanément suite à l'avènement du capitalisme. En effet, la guerre des Deux-roses a permis à l'aile aristocratique acquise à la nouvelle logique marchande de prendre le dessus et a conduit à faire du monarque le chef temporel d'une église nationale en rupture avec le catholicisme romain du Moyen-âge. Et l'empereur du Japon sécularisé a été dieu vivant jusqu'en 1945. Comme on le voit dans le cas anglais, l'Etat n'est pas cet acteur neutre par rapport aux différentes religions ou églises comme le veut la laïcité à la française. Et même en République, la monnaie américaine porte la devise: «In God we trust». Secundo, les partis se réclamant ouvertement ou — implicitement — de la religion — chrétienne en l'occurrence — ne sont pas exceptionnels dans les démocraties sécularisées. Comment alors oser proclamer que l'islamisme politique est antinomique par rapport à la sécularisation? C'est que l'européocentrisme a tendance à contester aux hommes non européens de souche de pouvoir rallier la modernité. Ne pas oublier que l'on parlait, il y a à peine un demi-siècle, du «péril jaune « malgré la sécularisation évidente du Japon; et cette prétention a été tellement une ineptie que le centre de gravité économique du monde s'est déjà déplacé de l'Atlantique vers le Pacifique. Même «les progressistes» Marx et Engels parlaient dans leur «Manifeste communiste» de 1848 des «nations barbares»! Sur ce point particulier, le manifeste, qui est d'abord un acte politique, ne récuse point la justification officielle de la colonisation: «Civiliser les barbares». Plus tard, Lénine évoluera sur ce point en regardant les peuples coloniaux comme des alliés du prolétariat. Des deux plus grandes métropoles coloniales du vingtième siècle, l'Angleterre et la France, c'est la première qui se distingue par rapport à la seconde selon deux motifs, en dépit des similitudes profondes des opinions occidentales lorsqu'il s'agit de regarder les peuples coloniaux.
Primo, la démocratie anglaise est davantage achevée que la française parce que la constitution est une tradition d'autant mieux respectée en Angleterre qu'elle est non écrite, parce que ce dernier pays est une monarchie et parce que la France est régicide. Secundo, la décolonisation a laissé bien des démocraties dans l'empire britannique et bien peu dans l'empire français. Cette différence provient notamment de ce que le Royaume-Uni est mieux en harmonie avec les institutions capitalistes les plus récentes — comme l'illustre la City de la finance londonienne — que la France de sorte que cette dernière a davantage tendance à faire durer sous cape les avantages pour elle économiquement faciles de l'ancien pacte colonial. Aujourd'hui, l'opinion française la plus partagée exprime et une peur de la globalisation et une peur des peuples musulmans. Ceux-ci sont, outre leur assimilation aux «barbares» des continents non européens, regardés à travers le prisme des relations de mauvais voisinage qui ont opposé l'Europe occidentale aux Arabo-musulmans dans les croisades successives. L'Arabe ou le Musulman ravive pour les Européens le souvenir des orientaux — ces «Sharkiyin» appelés sarrasins — qui les menaçaient ou qu'ils menaçaient. L'opinion publique française est, à ces deux égards, pour le moins déroutante. La colonisation est née — comme Marx en a montré l'articulation avec la dette publique, le système de crédit et le protectionnisme métropolitains au sein du système quadripartite — avec l'avènement du capitalisme depuis cinq siècles et la colonisation a affirmé d'emblée le caractère mondialisé de ce même capitalisme. Durant presque quatre siècles la France a pleinement tiré profit de cette mondialisation capitaliste aux dépens de ses colonies en bonne partie musulmanes. Mais que la facilité — pour ainsi dire — commence à s'estomper pour la France à la faveur de la nouvelle donne globalisée de la mondialisation, et voilà que les Français s'en offusquent. C'est peut-être de bonne guerre mais c'est plutôt incohérent vis-à-vis d'une attitude pluriséculaire. On ne peut louer un peloton lorsqu'on est à sa tête et le récuser lorsqu'on rentre dans le rang pour invoquer un souverainisme anachronique. S'agissant de l'aversion exprimée à l'encontre des Musulmans et de l'islam politique, elle n'est d'abord pas rationnelle pour au moins un motif de généralisation logiquement arbitraire: tu es mauvais aujourd'hui parce que tu as été mauvais avec moi hier. Ensuite, tu es mauvais d'une façon absolue parce que ton islam politique ne peut être qu'à l'image de ton islam médiéval. Et comme au Moyen Age — et c'est valable pour l'humanité en général — la religion est inséparable de la politique et même de la science, cet islam politique sera unilatéralement accusé d'être anti-laïque. Cette accusation peut naturellement être justifiée dans certains cas d'intégrisme exacerbé dont aucune religion n'est à l'abri, sauf que la généralisation est pour le moins outrancière. Le problème, au surplus, est que cette peur, largement irrationnelle en soi, est relayée par des activistes occidentaux — eux-mêmes parfois relayés par les potentats musulmans — lesquels sont, certes, cyniques mais parfaitement rationnels. Leur jeu consiste d'abord à susciter, manipuler ou même créer de toutes pièces des islamistes extrémistes que l'on taxera ensuite de terrorisme. Et l'on cherchera alors à faire passer l'amalgame consistant à dire que l'Islam politique est tout entier terroriste. Cette falsification grossière a été manifestement attestée dans le cas de l'invasion de l'Irak décidée par le président Bush sous le prétexte fallacieux d'éviter que les armes de destruction massive que l'Irak ne détient pas ne tombent entre les mains de terroristes censés menacer l'Amérique.
Le problème essentiel, cependant, est que les relais intérieurs de cette mystification ont intérêt eux-mêmes à s'y prêter. La caractéristique fondamentale des pays attardés comme ceux de la grande majorité des arabo-musulmans réside dans le fait que le capitalisme étant mondial et dominé par ses centres avancés, dans les pseudo-sociétés locales le surplus accaparé par les favorisés ne leur revient que s'il est avalisé par le politique, lequel est faible vis-à-vis de l'extérieur et très souvent au service de ce dernier. Naturellement, cette réalité fondamentale se trouve généralement brouillée par des projections très souvent illicites des superstructures dominantes, spécialement politiques. Ces superstructures concernent notamment les partis et les syndicats. Toutefois, une observation liminaire s'impose. Les pays attardés sont trop souvent dotés de systèmes répressifs qui s'opposent à l'existence même et au fonctionnement normal de véritables partis ou syndicats. Et dans la plupart des cas, partis et syndicats ont vu le jour durant la période coloniale, laquelle est souvent moins répressive que les régimes issus de l'indépendance. Et que voulez-vous que ces organisations locales fassent? Elles ont tendance à mimer leurs «homologues» des métropoles, et même à n'en être que des excroissances organiques comme l'a été la CGT en Tunisie de l'entre-deux-guerres. Or, dans les centres, les partis n'ont connu leur développement actuel que dans la mesure où le suffrage censitaire a été dépassé vers le suffrage universel à la fin du XIXe siècle. Quant aux syndicats, leur interdiction n'a été levée que vers la même époque. La raison économique de cette coïncidence et de sa datation même réside dans ce qui suit. Il est essentiel de noter, à ce propos, que la coïncidence concerne un troisième élément, en plus de la naissance des syndicats ouvriers et du développement des partis politiques, à savoir l'établissement du suffrage universel et donc la mise en route de la démocratie. Il est également essentiel d'avoir présent à l'esprit que cette démocratie tend vers une alternance droite-gauche, les partis de gauche étant souvent adossés aux syndicats. Quel est donc l'enjeu économique de ce jeu où l'alternance même implique que les deux bords sont qualifiés alternativement par l'électorat pour servir — logiquement — le même critère et pour servir — matériellement — le maximum d'une dotation donnée?
Economiquement parlant, le coup d'envoi de ce manège alternatif a été donné par l'introduction des titres privés en Bourse à partir de 1865 bientôt suivie par l'apparition des marchés à terme. Les entreprises les plus rentables — une minorité, mais sont un aiguillon pour les autres firmes — sont dans ces marchés financiers et ces derniers livrent une hiérarchie des entreprises qui s'y trouvent. La péréquation du taux de profit s'en trouve altérée de telle sorte que des entreprises importantes ou fort innovantes peuvent se permettre de faire avec leurs salariés un jeu gagnant-gagnant dans lequel une partie des surprofits de leur innovation est cédée aux salariés. Les autres entreprises sont amenées à suivre cette concession à leurs salariés tant qu'elles ne s'en trouvent pas amenées à la faillite. Politiquement, les syndicats sont d'autant plus associés à ce qui se sera la «politique des revenus» des Trente Glorieuses que les partis de gauche les appuient et les partis de droite sont eux-mêmes amenés à favoriser les augmentations possibles afin de ne pas perdre les élections. La globalisation des marchés financiers a bien affaibli les syndicats nationaux et déterminé une précarisation du salariat selon les uns et un assouplissement du marché du travail selon les autres. Dans les pays avancés où le consensus politique est le plus solide, les syndicats ont cédé en matière de sécurité de l'emploi lui-même mais ont obtenu en revanche une sécurité de la formation professionnelle permettant aux salariés de mieux retrouver un emploi une fois licenciés. La tendance, cependant, serait de limiter les augmentations de salaire d'autant plus que la croissance est faible dans les pays de la maturité par rapport aux nouveaux pays émergents. Tout tendrait vers un rattrapage des salaires dans les pays émergents et sans exclure un certain tassement de ces mêmes salaires dans les pays de la maturité. Mais le principe du financement des salaires dans le cadre d'un jeu gagnant-gagnant financé par les surprofits de l'innovation des entreprises globalisées à forte croissance est apparu entre 1865 et 1970 dans les pays avancés ne serait pas fondamentalement remis en cause. Il jouerait simplement de plus en plus à l'échelle de la globalisation, même si l'on ne peut plus exclure des avancées substantielles ou des reculs significatifs de la condition des salariés selon les pays. «Au surplus, à la marche en rangs dispersés des entreprises semble également correspondre désormais une dispersion accrue des gains des travailleurs.
Finalement, le schéma politique droite-gauche inauguré à la fin du XIXe siècle s'en trouve et amendé et affaibli — notamment en période de crise ouverte comme depuis 2008 — et cet affaiblissement lui-même est plus ou moins accusé selon les pays. Cependant, la base économique du clivage gauche-droite reste fondamentalement la même malgré un certain affaiblissement des syndicats — d'abord nationaux — en tant que tels. En revanche, cette même base s'est trouvée déjà renforcée par le fait fondamental qu'une partie significative du salariat des pays émergents s'est trouvée conviée à son banquet. Mais l'émergence de nouveaux pays en termes de croissance marche sur deux pieds. Le premier est bien, comme déjà indiqué, celui de l'innovation alimenté, côté offre, par des équipements importés toujours plus performants et, côté demande, par l'exportation de biens et services bas de gamme au départ puis de plus en plus situés aux hauts de la gamme. Mais cette croissance est également soutenue par l'économie intérieure. Côté demande d'abord, où les besoins d'équipement et de consommation sont immenses. Et côté offre, les réserves en travail sont d'autant plus considérables que les coûts du travail sont, au moins au départ, relativement bien faibles. Et le capital nécessaire est procuré par une épargne nationale confortable renforcée par des investissements étrangers de plus en plus importants.
Tous les pays du G20 — les pays de la maturité du G7 et les autres — sont concernés par cette nouvelle donne, Russie et Arabie Saoudite exceptées car n'exportant pratiquement que des hydrocarbures. S'agissant des pays émergents du G20, on a déjà affaire à des démocraties moyennant une seule exception de taille, celle de la Chine et bien entendu la Russie et l'Arabie Saoudite. Pour ce qui est de la Chine, si le système est jusqu'ici politiquement verrouillé, il semble qu'au plan économique l'économie de marché est de plus en plus en vigueur, spécialement dans son volet constitutif, à savoir le respect de la propriété privée. Deux données ont favorisé cette garantie fondamentale: la croissance fulgurante depuis presque un demi-siècle et l'inexistence de grosses fortunes au départ. La globalisation a permis le basculement de presque toute l'Amérique latine dans la démocratie ainsi que des progrès importants de celle-ci en Asie et même en Afrique. Dans ces pays, les deux pieds déjà signalés sont à l'œuvre. Dans ces pays également, par le fait de ces deux pieds, la démocratie est non seulement possible économiquement parlant mais elle y est nécessaire. En effet, à défaut de démocratie, la répression sape de plus en plus dans un contexte de globalisation le potentiel de croissance par le fait qu'elle aggrave le caractère négatif de la somme nulle du compartiment interne du jeu économique et donc qu'elle pousse les potentats locaux à s'en prendre aux droits de propriété de leurs victimes. Dans ces conditions d'absence de marchés véritables, faute de garantie de la propriété à transférer dans ces mêmes marchés, les conditions économiques du jeu droite-gauche, essentiel en démocratie, sont battues en brèche. Il en découle qu'il n'y a véritablement ni démocratie, ni citoyen, ni partis de citoyens, ni droite, ni gauche, ni syndicats, en caricaturant bien entendu.
De telles enseignes, héritées ou non de la colonisation, sont ainsi incompatibles avec toutes les versions de la sécularisation, laïcité comprise. Ces enseignes sont, fort souvent mais non exclusivement, déployées par l'élite répressive et autoproclamée même si elle s'approprie le droit de parler au nom de catégories du peuple qui galère. Le peuple, précisément, cet oublié politique dans ces pays depuis le Moyen-âge, reste pieux comme il y a des siècles et ne peut qu'alimenter — certes non exclusivement — l'Islam politique. L'affirmation de l'Islam politique n'est donc pas, dans la plupart des cas, une manifestation d'hostilité aux valeurs de la gauche — ou la droite du reste —, de la démocratie ou de la laïcité, mais bien au contraire une revendication de citoyenneté et de modernité. Pour une raison toute simple: on ne peut faire la démocratie, la sécularisation, ou toute autre composante de la modernité sans le peuple. Le prétendu clivage laïcs-islamistes est donc plutôt une vue de l'esprit. Le clivage laïcs-islamistes est inconsistant, comme toute l'analyse qui précède le suggère, parce qu'en l'absence de démocratie il n'y a ni sécularisation véritable, ni laïcité ni, en fin de compte, de laïcs. Et pour la même absence, l'islam politique n'en est pas un parce qu'avec le répression il n' y a point de politique -entendre les partis, les élections, etc., — au sens strict. Au final, et en gros, le peuple ne peut être qu'islamiste — au moins au sens faible — par défaut et l'élite autoproclamée peut toujours se vanter — ou même être vantée par les Occidentaux — d'être moderne et même laïque. N'a-t-on pas dit que le régime de Saddam était laïque et celui-ci n'a-t-il pas arboré le chapeau en public dans l'une de ses dernières apparitions avant l'invasion occidentale? Ainsi donc, et politiquement parlant, le clivage examiné ne peut séparer des extrêmes qui n'ont pas d'existence politique véritable tant que la répression perdure. Seule une transition démocratique réussie amènera la fin systématique de celle-là. L'élite fondra alors durablement et pour la première fois dans le peuple et ne pourra, par là même, que se retrouver dans les diverses formations politiques et syndicales authentiques dont la démocratie a besoin. Inutile de dire que la sécularisation, qu'elle soit laïque ou non, s'en trouvera ipso-facto réalisée, ou du moins en devenir. Quant au peuple, lorsqu'il est en grande majorité historiquement musulman, s'il est fait de citoyens libres en premier lieu, il trouvera bien la formule, également, non pas pour être seulement instinctivement islamiste, mais pour animer un politique vrai enrichi d'éléments consensuels du vivre-ensemble islamique.


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