Si le voyage à Djibouti doit être une simple formalité, le destin africain des «Aigles» restera suspendu à la «finale» de poule du 3 septembre contre le Liberia. Généralement, le mois de juin réussit rarement aux Aigles de Carthage. Les échéances placées au bout du bout de la saison ressemblent dans leur cas à une corvée qui ne les inspire guère. Y compris sous le règne plutôt rigoureux de Roger Lemerre, ils trébuchèrent face à des sélections censées être à leur portée, genre Burkina Faso, à domicile même. Manque de fraîcheur, baisse de concentration, besoin de souffler : tout y est. D'ailleurs, les différents sélectionneurs qui se succédèrent à la barre technique de l'équipe de Tunisie ne manquèrent pas une seule occasion pour dénoncer le calendrier qui a pu parfois placer deux journées des éliminatoires (de Coupe d'Afrique des nations, ou de Coupe du monde) à quelques jours d'intervalle en plein mois de juin. Les inconséquences de ce calendrier ne sont pourtant pas propres à la confédération africaine. En Europe et en Amérique du Sud, des journées de qualifications figurent également au programme du mois de juin. Il faut tout simplement s'en accommoder. On peut par conséquent comprendre les appréhensions de Henry Kasperczak qui ne se gêne pas de dire que le déplacement de Djibouti ne sera pas facile. Sauf que, point de vue technique, il n'y a aucune comparaison possible entre les deux sélections. Incapables d'arracher le moindre point dans les quatre premières rencontres éliminatoires, les «Requins de la mer Rouge» ont été proprement atomisés le 12 juin 2015 à Radès (8-1), dont un hat-trick du playmaker Yassine Chikhaoui. Autant dire que les joueurs jadis drivés par le Tunisien Noureddine Gharselli n'auront que leur courage à opposer, demain, au stade Gouled de Djibouti-Ville. Et qu'un tout autre résultat qu'une victoire des copains d'Aymen Mathlouthi constituerait une surprise renversante. Un faux pas «colossal»! Le tirage du 24 juin en point de mire Kasperczak dispose d'un effectif presque au complet et d'une stature nettement supérieure à celle de l'adversaire du jour. Il n'y a pas photo, comme on dit. La qualité technique, le vécu, le métier et la capacité d'adaptation des nôtres ne doivent laisser aucune chance aux Djiboutiens, bonnet d'âne du groupe «A». Simple formalité alors? Oui, si les Aigles savent investir la concentration, la rigueur et l'engagement nécessaires. En attendant les choses sérieuses, le 3 septembre prochain, face au leader du groupe, le Liberia, dans un véritable quitte ou double, puisque la Tunisie doit s'imposer pour terminer première et obtenir son billet d'accès direct en phase finale. Au bout du compte, la comparaison n'est guère avantageuse pour la sélection revue et corrigée par le revenant Henry Kasperczak. Aux éliminatoires de la CAN précédente, l'équipe conduite alors par le Belge Georges Leekens a mené son groupe de bout en bout, réussissant presque un sans-faute et obtenant sa qualification une journée avant terme. Pourtant, sa poule comprenait du joli monde : Egypte, Sénégal et Botswana. Soit une opposition bien plus consistante et sérieuse que celle proposée actuellement par le Togo, le Liberia et Djibouti. On parla même sur le coup de «groupe de la mort». Est-ce à dire que la cuvée «CAN 2017» est moins forte que celle de deux ans plus tôt? Faut-il nourrir un quelconque scepticisme à l'endroit du come-back du stratège franco-polonais? L'équipe de Tunisie a-t-elle perdu du terrain alors qu'elle a tout intérêt à se montrer le plus performante possible afin de figurer parmi le Top 5 africain au moment du tirage au sort du dernier tour éliminatoire de la Coupe du monde «Russie 2018»? Cela en ferait en tout cas une tête de série au tirage au sort prévu au Caire, le 24 juin, et lui éviterait le désagrément de se coltiner en phase des poules à une grosse cylindrée continentale. En tout cas, la vigilance est de mise : se trouvant sur un fil d'équilibriste, les Aigles n'ont pas droit à l'erreur dans les deux sorties qui leur restent, à Djibouti et contre le Liberia, à Radès ou Monastir. Battus au match aller par le Lone Stars (1-0), ils sont condamnés à prendre leur revanche, le 3 septembre, au risque de laisser filer le wagon de la CAN, d'autant qu'ils ne sont pas certains de terminer parmi les deux meilleurs deuxièmes dans les 13 poules éliminatoires. Ce serait en tout cas une incroyable déconvenue si la Tunisie devait manquer la phase finale de la CAN à laquelle elle est régulièrement présente depuis 1994.