Sous le coup d'une pollution marine due essentiellement à des activités humaines abusives, nos côtes semblent avoir perdu leur éclat. Cela fait des lustres qu'on a du mal à trouver où aller se baigner. Et les destinations de la banlieue nord (La Marsa, La Goulette...) et sud (Ezzahra, Hammam-Lif, Borj Cedria...) ou même celle de Bizerte jusqu'à Tabarka ne sont plus ce qu'elles étaient. Le tourisme balnéaire a perdu son aura d'antan. Sur un littoral long d'environ 1.400 km, il n'y a que deux ports de plaisance et 31 plages publiques qui sont, écologiquement, certifiées et en mesure d'accueillir les vacanciers pendant cet été. Preuve en est l'écolabel « Pavillon bleu » qui leur a été décerné, fin mai écoulé, lors du colloque d'information annuel tenu récemment à Djerba, conjointement par l'Agence de protection et d'aménagement du littoral (Apal) et l'Association tunisienne pour la protection de la nature et de l'environnement (Atpne). Ces sites sont déjà qualifiés d'avoir gagné en propreté et gestion environnementale. La palme d'or revient ainsi au gouvernorat de Nabeul, avec un port de plaisance, Marina Yasmine-Hammamet, huit plages publiques ( Haouaria, Dar Allouche, Sidi Mansour, Menzel Temime, Korba, Maâmoura, Tazarka, Hammam Ghezez ) et quatre autres hôtelières. A Sousse, aucune municipalité côtière n'est parvenue à arborer son propre pavillon bleu. Celui-ci, on pourra le voir flotter auprès des plages hôtelières dans la région. Il importe, ici, de souligner que Yasmine-Hammamet fut la première station balnéaire à être classée « pavillon bleu », huit ans durant. Son directeur, Imed Mzoughi, paraît alors conscient de ses retombées sur la promotion touristique, avec beaucoup de visibilité auprès des tour-opérateurs étrangers. Cette continuité dans la conformité aux standards de labellisation révèle le sens civilisé de persévérance et du volontarisme. A Monastir, une seule plage, Bekalta, un seul port de plaisance (la Marina). «Mais, ce n'est pas la première fois qu'on reçoit un tel prix de portée internationale. Le même prix nous a été attribué, de manière consécutive, en 2014 et 2015», se félicite Mme Ikram Braik, ingénieure principale à la commune côtière de Bekalta, dont la plage s'étend sur 15 km. « Dans la période de haute saison, l'affluence y atteint un pic de presque 60 mille estivants venus de différentes régions», estime-t-elle. Maintenir le cap, ça vaut le coup : réitérer la volonté, en la traduisant en actions de sensibilisation quant à la propreté du milieu et la défense de sa durabilité. De même, un trio écolabellisé à Mahdia, à savoir Chebba, Salakta et El Alia. Alors que l'île des rêves, Djerba, ne compte qu'une plage publique, celle de Sidi Yati à Midoune, reconnue comme site de baignade distingué. S'y ajoutent neuf autres plages hôtelières censées être exclusivement réservées aux résidents. Qu'en est-il au juste? Ainsi, a été établie la liste des plages réparties à travers nos régions côtières, où les municipalités distinguées ont été primées, mardi dernier à Djerba. Une distinction qui vient récompenser leurs efforts déployés en éco-citoyenneté, mais aussi en matière de bonne gouvernance environnementale. Mais, qu'est-ce qu'un « pavillon bleu » ? Il s'agit d'un système de certification volontaire ciblant les plages et les ports de plaisance qui répondent aux critères écologiques tels que définis par la fondation danoise pour l'éducation à l'environnement, une ONG à but non lucratif connue sous le nom « FEE ». La Tunisie en est déjà membre depuis 2006, aux côtés de 48 pays. En 2016, données à l'appui, plus de quatre mille plages et ports de plaisance demeurent visibles sur le réseau des destinations de choix. L'écologiste Walid Belgacem, spécialiste en biologie marine, représentant l'Atpne, assure le point focal en Tunisie, en coordination avec la FEF. Ce programme est géré par l'Apal, avec le concours de l'Atpne. Quatre principaux critères sont à respecter pour se porter candidat au « pavillon bleu » : sensibilisation environnementale, informations et sécurité (affichages, équipements pour handicapés, blocs sanitaires opérationnels...), gestion du milieu (tri des déchets, nettoyage) et qualité des eaux de baignade (prélèvement et analyses hydriques). Déjà certifiés au terme dudit colloque, 37 nouveaux sites (plages publiques, hôtelières, ports de plaisance) figurent sur la liste des candidats à l'écolabel « pavillon bleu », saison 2017. L'on peut y trouver, entre autres, Hammam Chott, Nabeul, Kelibia, Hammamet, Mahdia et encore Yasmine-Hammamet. Une fois admises en tant que telles par le jury national, ces plages et marinas obtiendront alors pavillon bleu. Un tel système de récompense a été volontairement initié en France depuis 1985. Trente et un ans plus tard, il fit son apparition en Tunisie, sous les bons auspices de l'Atpne, en partenariat avec l'Apal.