Améliorer les conditions de travail dans le port de Radès n'est pas, semble-t-il, une tâche aisée. On se rappelle, tous, les visites répétées des plus hauts responsables sur les lieux pour voir de visu le fonctionnement de cette importante infrastructure. Malgré toutes les mesures qui ont été prises, il y a plus de deux ans, ce port ne parvient pas à trouver sa vitesse de croisière et les différents intervenants vivent au quotidien les problématiques dont certaines remontent à une époque assez lointaine. A cet effet, une séance de travail s'est tenue le 2 juin sous la présidence du ministre du Transport pour assurer le suivi des 15 mesures adoptées au cours d'une autre réunion (27 avril dernier). Plusieurs responsables étaient présents, dont le directeur général de la marine marchande, le président-directeur général de l'Office de la marine marchande et des ports, le président-directeur général de la Stam, de la douane ainsi que l'Utica. Après avoir passé en revue les dispositions du 27 avril, d'autres décisions complémentaires et urgentes ont été adoptées. Elles sont au nombre de 4. Tout d'abord, il a été convenu de créer une commission regroupant des représentants de l'Office de la marine marchande et des ports, de la Stam, de la douane et de l'Utica. Elle se réunira quotidiennement sur place pour étudier les différents problèmes pouvant surgir et leur apporter les réponses qui s'imposent. En deuxième lieu, il est question d'assurer les activités de transport et d'enlèvement des conteneurs tout au long de la journée et même au cours de la période nocturne. Une troisième décision concerne la réouverture du guichet unique. Les participants ont insisté sur la nécessité de la présence de tous les ministères concernés. En dernière analyse, la séance de travail a appelé à la tenue d'une réunion avec les plus gros importateurs et en particulier ceux relevant du secteur public pour réceptionner leurs marchandises au plus vite. Cette énième réunion autour des dysfonctionnements du port aura-t-elle des échos favorables ? Tout le monde l'espère. Car ce mastodonte peine à trouver la bonne voie dans l'enchevêtrement des intérêts et des calculs des uns et des autres. Les rouages de cette structure portuaire nationale sont grippés et méritaient, depuis très longtemps, une prise en main audacieuse. Mais celle-ci tarde à venir pour on ne sait quelle vraie raison. Pourtant l'intérêt supérieur de notre économie nous dicte d'aller, encore, de l'avant en vue d'assainir le fonctionnement du premier port de la Tunisie. Selon des chiffres officiels, il assure 28% du trafic global, 88% du tonnage des marchandises conteneurisées, 76% du tonnage des marchandises chargées dans des unités roulantes, 91% du trafic de conteneurs, 79% du trafic des unités roulantes et 24% du trafic de navires enregistré dans l'ensemble des ports de commerce tunisiens. Les trois maux N'est-ce pas suffisant pour inciter à s'intéresser beaucoup plus à son rendement et à sa contribution au développement du pays ? Le fait de ne pas agir ou de retarder les mesures adéquates aurait des conséquences toujours plus graves. La Banque mondiale estime, dans un de ses diagnostics, justement, que le port de Radès fait perdre environ 600 milliards de nos millimes / an à cause de trois défauts majeurs. En premier, l'encombrement des postes d'accostage des bateaux le long des quais provoque une liste d'attente de plusieurs bateaux en rade, durant plusieurs jours avant de pouvoir débarquer leurs marchandises. Ceci entraîne des frais de retard au profit des armateurs pour chaque jour de retard. Les importateurs, de leur côté, sont pénalisés pour chaque retard dû aux formalités douanières. Et, pour terminer, il faut mentionner le traitement des conteneurs en instance. On comprend, ainsi, la complexité et la lenteur des formalités en vigueur dans le port et le mécontentement affiché par les opérateurs et les différents intervenants dans le domaine de l'import et de l'export, notamment. Le manque d'équipement en infrastructure a été, également, pointé du doigt. Aussi, cherche-t-on à pallier toutes ces défaillances. Ce qui, il faut l'avouer, n'est pas une sinécure face à l'accumulation des problèmes et des obstacles dressés par ceux qui ne veulent pas que la situation se débloque. Les réticences sont palpables et il faudra une grande détermination et l'implication de toutes les parties pour venir à bout de tous les obstacles. Y a-t-il des solutions ? C'est dans ce contexte que des décisions pour améliorer la situation et la gestion du port ont été prises en 2014 en attendant la construction de deux nouveaux quais 8 et 9 pour l'extension de la capacité du port de Radès. On envisage, de plus, d'aménager un nouvel espace pour la logistique de proximité dont le but est de réduire l'encombrement. Cet espace engloberait une superficie de 50 ha. L'équipement, quant à lui, bénéficiera de l'acquisition de nouveaux engins de manutention pour un montant de 160 MD. En matière de contrôle, un système de surveillance électronique permettra d'améliorer la gestion, vu la question des vols qui ne cessent de s'aggraver. On pense parvenir à des résultats positifs d'ici deux ans au maximum.