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Riadh Ben Zazia (Marathonien et organisateur des ‘'Foulées du Megara'') : «Asseoir les bases d'une véritable politique sportive» Dossier : Sait-on former des sportifs de haut niveau ? ( Partie II : le sport individuel)
Riadh Ben Zazia est un passionné de la course à pied. Une passion qui se traduit non seulement par l'exercice du running , mais aussi par ses qualités organisationnelles lors des manifestations sportives. A titre d'exemple, les précédentes éditions du semi-marathon – plus connu sous le libellé ‘'Les Foulées du Megara'' – et celle plus récente de la course organisée au mois d'octobre, le ‘'Run In Carthage'', en sont les preuves probantes. Il en est l'artisan et il préside l'Association Megara pour la Jeunesse et les comités d'organisation de ces manifestations. Il nous parle aujourd'hui de son sport favori, en l'occurrence la course à pied et nous fait part de son expérience personnelle, source riche en enseignements dans l'organisation des manifestations y afférentes. « La course à pied, nous rappelle Ben Zazia, est issue d'un réflexe primitif qui succède au réflexe de la marche dans les étapes d'apparition des habiletés de locomotion chez l'homme (reptation, marche à quatre pattes, marche debout avec support puis sans support et finalement la course.). Très tôt, la course à pied va devenir un sujet de compétitions entre les hommes et une manifestation de capacités physiques aptes à créer un ascendant sur autrui par le surpassement de soi. Les compétitions de course à pied sont nées lors des fêtes religieuses antiques de diverses régions, telles que la Grèce. La course à pied devient rapidement et très tôt un sport de premier choix. Elle est, comme chacun le sait, un sport individuel qui s'exerce aussi en groupe. C'est un sport accessible à tous et qui, de nos jours, s'installe en véritable mode de vie. Il a l'apanage d'être un sport bénéfique sur le plan physiologique et psychique qui exige peu d'équipements : un short, un tee-shirt technique et une paire de chaussures de sport. Lorsqu'elle est érigée en évènement, la course à pied impacte positivement l'économie, le tourisme et la culture du pays organisateur. L'affluence des participants et organes médiatiques venus de tous bords s'accompagne en effet par une dynamique positive sur ces trois secteurs. Les instances officielles impliquées (ministère de la Jeunesse et des Sports, Fédération tunisienne d'athlétisme, Comité olympique tunisien, ministère du Tourisme, ministère de la Culture) devraient appréhender avec plus d'intérêts cette opportunité et asseoir les bases d'une véritable politique de tourisme sportif pour donner à la course à pied sa vraie force d'appel de participations étrangères et de grandes figures internationales dans cette discipline. L'Office national du tourisme tunisien peut très bien à cet égard saisir l'occasion des « Running expo », en Europe notamment, pour y déployer une forte campagne du tourisme sportif basée essentiellement sur les manifestations et les événements de course à pied en Tunisie. » La communauté des runners en Tunisie s'élargit par l'émergence perpétuelle de nouveaux groupes et l'expansion de ce sport invite à une réflexion concertée et approfondie pour garantir à cette discipline sa place de choix parmi les activités sportives en général. « Les différents groupes qui s'impliquent pour la promotion de ce sport et qui forment la grande communauté des «Joggers de Tunisie» sont essentiellement : les groupes de Tunis, d'El Menzah, La Manouba, Radès, Béni-Khiar, Bizerte, Zaghouan, El Mourouj, Nabeul, Sousse, Ksar Helal et Monastir. Les Associations militaires et de la Garde nationale fournissent à cette discipline un bon nombre de champions et de championnes et constituent un véritable vivier d'athlètes confirmés dans la course à pied. Nous enregistrons chaque saison l'organisation d'un ensemble de manifestations qui réunissent pour ce sport des coureurs de différents âges, sexes et nationalités. Ces manifestations relèvent cependant de l'initiative privée des organisateurs et se concentrent sur quelques périodes de la saison sans pour autant la couvrir entièrement. Nous prenons comme exemple: Les Foulées du Megara, Les Foulées du Lac, Les marathons et les semi-marathons successivement de la Comar, de Ghar El Melh, des Oliviers , de l'Association Militaire , de La Garde Nationale , de l'Eco Trail de Zaghouan, de Mogrun, de Béni Khiar , du Run in Carthage, de Hammamet , des Oasis, et plus récemment de Sejnane , de Nabeul et de Monastir... Sur le double plan sportif et organisationnel, la mise en place d'une manifestation de course à pied est harassante et très coûteuse. La confirmation ne manque pas d'être mise en valeur par Ben Zazia : « La créativité et la passion pour les choses bien accomplies nécessitent une minutieuse préparation qui est généralement enclenchée des mois à l'avance et mobilise d'importants fonds et un bataillon d'énergies de volontaires et de dévoués. Le volet de la sécurité s'impose au premier rang dans les préoccupations des organisateurs qui doivent, lors de l'évènement, faire face à la gestion très complexe des mouvements des automobilistes et de la foule qui est perçue parfois comme un élément indomptable et capricieux. Les organisateurs se trouvent tout le temps devant un dilemme : d'un côté, ils cherchent à attirer le maximum de personnes et, d'un autre côté, ils doivent éviter les effets négatifs engendrés par la cohue. Une multitude de réunions s'ensuit avec les intervenants de la sécurité et de la santé pour la mise en place d'un système d'interventions fiables et rapides. » L'implication des sponsors aptes à fournir le financement adéquat pour couvrir le coût très élevé des évènements est aussi la pierre angulaire de la course à pied, et derrière elle l'émergence des coureurs de haut niveau. Ben Zazia ne manque pas d'insister sur «la nécessite de fournir aux sponsors la garantie du retour sur investissement qu'ils attendent. Si bien que cela engendre de longues négociations tant avec eux qu'avec les organes de médiatisation de l'évènement qui vont assurer et servir ce retour sur investissement. L'administration de la course elle-même (inscriptions, attribution et remise des dossards, préparatifs sur site, implantation des postes de ravitaillement sur le parcours, contrôle et gestion des résultats à l'arrivée, etc.) ne relève d'aucun repos. Par ailleurs, au lieu d'opérer à une concentration des courses sur des périodes déterminées de l'année, il nous paraît plus judicieux d'étaler celles-ci pour couvrir également les mois de faible activité de courses, tels que décembre, janvier et février. Et il n'y a pas que cela car l'événement s'inscrit toujours dans un cadre et une conjoncture qu'il faut absolument prendre en compte et y apporter des solutions appropriées, conçues par anticipation. » Cela amène notre interlocuteur à évoquer sa propre expérience aux «Foulées du Megara» qui ont vécu avec succès huit éditions successives. «C'est actuellement le semi-marathon en Tunisie qui draine le plus grand nombre de participations d'athlètes tunisiens et étrangers et forme aussi les athlètes de haut niveau. L'introduction récemment du chronométrage électronique permet désormais de fournir aux participants un alléchant plateau de communication des résultats et autres statistiques de la course presque instantanément. Nos aspirations sont fortes et incessamment grandissantes, et elles aboutissent toutes à notre vif désir de hisser ce sport au niveau le plus élevé à l'échelle de la notoriété et de la performance, ce qui aura pour conséquence d'attirer des renoms de la course mondiale et susciter leur intérêt de participer aux différentes joutes que nous pouvons organiser. Pour cela, certaines recommandations nécessitent d'être dictées et d'être prises en compte. Le coût élevé d'une organisation d'une course implique une adhésion franche et sans réserve à l'idée d'un paiement pour l'obtention d'un dossard de participation. Cela n'aidera pas seulement à amortir une partie des frais engagés par l'organisateur, mais boostera également l'introduction de nouvelles technologies et méthodes dans la gestion des courses. Ben Zazia pense aussi à la nécessité de mettre en place, à l'instar des pays d'outre-mer, «une procédure de contrôle des participations afin de parer aux éventuels accidents, comme par exemple l'exigence de la production au moment de l'inscription d'un certificat médical précisant qu' il n'y a aucune contre-indication à la participation du sujet concerné à la course à pied en compétition. Il y a également lieu d'admettre que pour une grande course, les voies communiquant avec le parcours et le site de celle-ci soient fermées entièrement à la circulation pendant toute sa durée. La rigueur de ces mesures dotera la manifestation de plus de prestige et incitera plus de jeunes à y participer avec une plus grande conviction, ce qui aura des répercussions favorables sur les performances et nous vaudra de collecter plus de médailles et de récompenses à l'exemple de Habiba Ghribi et Mohamed Gammoudi, grands champions tunisiens sur les pas desquels vont sans doute suivre les marathoniens Atef Saâd et Wissem Hosni à qui nous adressons tous nos encouragements pour les Jeux olympiques de Rio 2016.