Le Festival de la Médina à Sfax a fait une entrée en matière remarquable, lors de sa soirée d'ouverture animée avec maestria par la Troupe du malouf de l'Institut supérieur de musique. En début de soirée, le public a apprécié aussi bien la prestation de l'orchestre, étonnant de virtuosité, composé d'une trentaine d'instrumentistes, dont quatre jeunes filles et d'une chorale tout aussi mixte, que les jeunes voix qui se sont relayées sur la scène de la Salle Nahr El Founoun. Dirigée par Férid Ben Amor, la troupe a gratifié les présents par une brassée de chansons puisées dans le répertoire classique, sacré et populaire. Au grand bonheur du public Mehrzia Touil, la vedette de la soirée, a fait par la suite une entrée fortement acclamée sur la scène pour enchanter le public par sa voix puissante, cuivrée, bien timbrée et riche à souhait en vocalises. L'artiste a interprété avec une impressionnante maîtrise vocale une anthologie de chansons empruntées aux répertoires de Ali Riahi, Khmaïes Tarnène, Mohamed Jamoussi, Oulaya et Sadok Thraya, ornées d'envolées cristallines et de virtuoses circonvolutions vocales fortement admirées. A l'ouverture, Ridha Besbès, le directeur du festival, s'est fait applaudir pour son talent de poète, en déclamant un poème à la gloire de Sfax où la magnificence et le lyrisme du texte se le disputent à l'émotion de l'auteur. Tradition oblige Pour rappel, la 20e session du Festival de la Médina à Sfax célèbre, cette année, ses 20 ans, avec une programmation éclectique quoique faisant la part belle à la musique. Placée sous le signe de la diversité, la programmation de la 20e édition du festival, qui se déroule du 11 au 30 juin courant, a de toute évidence le souci de rester dans la tradition d'une manifestation inévitablement imprégnée de l'esprit, et de l'ambiance spécifiques au mois saint. Dimension arabe La conception de la programmation de la session est également sous-tendue, cette année, par la motivation de consacrer la dimension arabe, requise dans la perspective de la manifestation «Sfax, Capitale de la Culture Arabe 2016». Le bon sens exige, en effet, une confluence, une harmonie et une parfaite concordance dans la coloration et le contenu des projets et programmes culturels au cours de l'année 2016, dédiée à la culture arabe. Une exigence à laquelle le Festival de la Médina est d'autant plus appelé à se soumettre, que le hasard du calendrier culturel l'a placée dans «l'entrée» du menu, l'investissant de la mission de donner à la fois l'avant-goût et le ton qui conviennent à la grandiose manifestation gigogne dont la genèse bat son plein. Dès le premier abord, il apparaît clairement que l'affiche de la session 2016 est fidèle la vocation spirituelle et soufie du festival, sans pour autant négliger la musique classique, tant il est vrai, que le malouf est un genre musical posé, séant convenablement à l'âme et à l'atmosphère des veillées ramadanesques. Chapitre moyens financiers, Ridha Besbès, directeur du Festival de la Médina à Sfax, affiche une satisfaction justifiée : «On n'a pas à se plaindre côté subventions. Outre la traditionnelle aide financière du ministère de la Culture, d'autres contributions au budget sont venues de "Sfax Capitale Arabe 2016", du gouvernorat et de la municipalité. La mairie a pris en charge les frais de production et de présentation du spectacle de clôture, une production propre au festival, dédiée à la Hadhra, spectacle d'inspiration éminemment soufie, alternant chants liturgiques et danses rythmiques, entremêlés d'attractions animées par les joueurs sfaxiens de tambour et la troupe Tabbel Kerkennah». Défaillances de taille En somme, tout baignerait dans l'huile, n'eût été la défaillance regrettable de deux espaces phares de la culture à Sfax : le théâtre municipal et le centre culturel Mohamed Jamoussi, fermés pour rénovation. Du coup, le festival s'est fait inviter dans d'autres lieux, à l'instar de la salle des Congrès, Nahr El Founoun, la Salle des Congrès Amel Centre, le Complexe Culturel de la Jeunesse, le siège de l'association Labes (aux galeries) et la Maison de l'Avocat. La musique en vedette Pour revenir au menu proprement dit, il y a lieu de mentionner que la 20e session du Festival de la Médina à Sfax va comporter vingt spectacles, même si le tableau n'en comporte pour le moment que dix-sept. Ridha Besbès promet de combler les vides par trois spectacles du genre populaire ou classique, pensant déjà à la danse égyptienne Ettennoura et au Malouf de Constantine. Ainsi, il y aura autant de spectacles que de bougies soufflées par l'édition 2016. Comme précisé précédemment, la musique s'est taillé la part du lion au vu de la programmation générale avec neuf soirées offertes aux mélomanes. L'ouverture sera assurée par un spectacle de Meherzia Touil en compagnie de la troupe de malouf de l'Institut supérieur de musique à Sfax. Quant à la clôture elle est confiée à Kamel Jribi, créateur du cocktail musical et chorégraphique «Ezzaoui». Toujours dans le volet spectacles nationaux, Hassan Dahmani se produira le 18 juin, Ahmed Jelmam le 23 et Dorsaf Hamdani le 24. Côté musique étrangère, la troupe de la chanson soufie d'Alep (Syrie) donnera un spectacle, le 15 juin, au Complexe Culturel de la Jeunesse. En plus de la Syrie, l'Egypte sera représentée le 21 juin par «la Troupe Sibaia» de chant liturgique. Deux spectacles programmés dans le cadre de la campagne promotionnelle de la manifestation «Sfax, Capitale de la Culture arabe 2017» dont le démarrage officiel est prévu pour le 23 juillet prochain. Le cinéma sera aussi présent lors de la deuxième soirée du 12 juin (hier dimanche) avec la projection d'une série de courts-métrages. Deux autres soirées seront placées sous la même enseigne, celle des hommages. La première est prévue le 13 juin, en l'honneur de Ali Baklouti, doyen des journalistes sfaxiens ainsi qu'à la revue la Chams El Janoub dont il est le fondateur. La seconde rendra hommage, le 19 juin, à l'historien émérite, le docteur Ali Zouaoui, une référence, particulièrement en matière d'histoire sfaxienne et du patrimoine culturel de la région. Pour sa part, la rubrique des veillées littéraires donne rendez-vous aux amoureux des belles lettres, avec les écrivains Abdelwahed Mokni, auteur du livre «Al asl wal fasl», le 17 juin, Hakim Ben Hamouda, auteur de l'ouvrage «Journal d'un ministre», le 25 juin, et Souad Bousarsar, auteure du livre «Haram» (Pêché ), le 29 juin. Enfin, la poésie n'a pas été en reste, s'étant attribué une soirée consacrée à «La poésie populaire» programmée pour le 22 juin.