Deux défaites logiques contre l'Italie et la Croatie, quelques signes rassurants, quelques déceptions, ce n'était pas un niveau qu'on pouvait gérer Ceux qui râlent, après les deux défaites de la sélection face à l'Italie 68-41 et la Croatie 72-52, oublient que ce sont deux sélections qui nous sont supérieures, et même inaccessibles quand bien même elles se trouveraient dans un jour sans. C'est la vérité face à laquelle on ne doit pas avoir honte, ni s'obstiner à nier. Il y a sûrement des regrets et des défaillances dans cette équipe de Tunisie, mais cela dit, elle n'a pas triché, et donné ce qu'elle pouvait donner. Quand vous regardez de près le niveau technique, athlétique de nos joueurs et que vous le comparez à celui des joueurs italiens ou croates, vous trouverez bel et bien un grand écart. Leur basket n'est pas le nôtre. C'est un niveau inaccessible non pas parce que notre sélection ne veut pas l'atteindre, mais qu'elle ne peut pas l'atteindre, étant donné le potentiel des joueurs et la manière de gérer la sélection. Ce n'est pas une question de préparation, les moyens mis étaient conséquents, mais c'est une question de possibilités et de qualité. Dans ce basket européen de haut niveau, il faut avoir des joueurs presque complets. Un effectif riche et un «manageriat» basé sur la rotation et la diversité des plans et des choix. Notre sélection pouvait probablement mieux faire, mais dans l'ensemble, c'était honnête et réaliste. Ils n'avaient pas les moyens de talonner l'Italie ou la Croatie, ni techniquement ni physiquement. Double-face N'oublions pas un fait qui a bouleversé la sélection avant le TQO, celui de l'absence de Salah Mejri pour cause d'opération chirurgicale (Il était prévisible que Dallas cherchait un alibi pour qu'il ne dispute pas le TQO). Tactiquement, c'est une absence de taille car il y a sélection avec Salah et une autre sans. Ce n'est pas pour sous-estimer la valeur des autres joueurs (dont une partie qui n'aime pas que Salah Mejri soit le leader), mais c'est la réalité. L'apport de Salah Mejri sous le panneau et dans la raquette est colossal. Sa présence permet à Ben Romdhane, Braâ et Ghayaza de mieux s'exprimer (la présence d'un pivot de métier offre à l'organisation et aux ailiers des options de fixation, de «pick and roll», d'alternance jeu extérieur-jeu intérieur...). Ce n'était pas le cas contre l'Italie pour le premier match où Tlatli avait trouvé de la peine à remplacer Mejri, mais surtout Ben Romdhane, blessé à la dernière minute. Il fallait un miracle pour arrêter une équipe comme l'Italie. Et ce jour on avait bien tenu une mi-temps avec une très bonne organisation défensive qui a obligé les Italiens à jouer loin du panneau. Par la suite, la fatigue, la saturation, la méforme des arrières Kenioua, mais surtout Abada et Sayehi ont fait que l'écart se creuse. Ces deux visages, on les avait retrouvés aussi contre la Croatie avec un score honnête à la mi-temps (29-24), avant de s'effondrer en deuxième mi-temps. On n'était pas capable de jouer au même rythme que les Croates, d'autant que ceux qui ont bien joué contre l'Italie, comme El Mabrouk et Ghayaza, étaient dans un jour sans. Par contre, le retour de Ben Romdhane a permis de limiter les dégâts avec 11 points marqués. Dans l'ensemble, les «stats» de la sélection sur ce TQO sont moyennes et révélatrices des qualités et défauts des joueurs tunisiens : 27% au taux d'adresse, avec 30 tirs réussis sur 111 tentatives : 21 sur 71 dans les tirs à mi-distance et 9 sur 40 dans les tirs à trois points. Roll, le meilleur Autant il y a des déceptions individuelles dans ce TQO (surtout les organisateurs, très faibles dans le rôle offensif), autant quelques joueurs ont laissé de bonnes impressions. Le meilleur a été sans doute Michael Roll, le plus régulier avec 30 pts inscrits, 10 passes décisives et 8 rebonds. C'est un joueur utile, disponible et qui s'est vite intégré au jeu de la sélection. Braâ a fait aussi un bon TQO avec 17 points et 13 rebonds, tout comme Ghayaza (9 points et 9 rebonds), Ben Romdhane (11 points, 9 rebonds sur un seul match) et El Mabrouk (11 points). Pour le reste des joueurs, on était loin du compte. Ce TQO a été une occasion pour confirmer le nouveau standing de la sélection mais, en même temps, il faut des solutions à la «Mejri-dépendance» ou à la faiblesse au poste 1 où l'ombre de Marouène Kechrid est encore persistante. Il faudra se fixer dès maintenant sur l'avenir de cette sélection, mais arrêtons aussi de fustiger l'équipe de Tunisie. Compte tenu des possibilités techniques et athlétiques des nôtres et de nos adversaires et de l'absence pesante de Salah Mejri on ne pouvait pas aller à Rio. Il faut accepter cette réalité.