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Israël-Génocide à Gaza: Le non-dit coupable des médias occidentaux
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 12 - 2023

Les médias occidentaux portent un coup dur à leur crédibilité en prenant la propagande israélienne pour argent comptant
L'arrogance avec laquelle la plupart des médias occidentaux continuent, depuis l'attaque du Mouvement de résistance islamique (Hamas) contre Israël, le 7 octobre, à faire fi de la déontologie de la presse, en accordant la part du lion aux services de désinformation de l'Etat hébreu, et ceux des gouvernements occidentaux qui lui apportent un soutien inconditionnel, ne cesse de susciter, partout dans le monde, des vagues d'indignation et de condamnation.
«Trouver la vérité et demander des comptes aux puissants sont des principes fondamentaux du journalisme. Pourtant, pendant des décennies, notre industrie de l'information a abandonné ces valeurs dans la couverture d'Israël et de la Palestine, » et « nous avons laissé tomber notre public avec un récit qui obscurcit les aspects les plus fondamentaux de l'histoire : l'occupation israélienne et son système d'apartheid, » souligne une lettre ouverte, signée par des centaines de journalistes basés aux Etats-Unis, condamnant les meurtres de leurs confrères à Gaza, et critiquant la couverture médiatique en Occident du génocide perpétré par l'armée israélienne à Gaza.(1) Les signataires appellent leurs confrères à « dire toute la vérité contextualisée, sans crainte ni faveur, et à reconnaître que dissimuler l'oppression des Palestiniens par Israël ne répond pas aux normes d'objectivité de cette industrie ».
Ecrivains contre la guerre
Une autre lettre ouverte similaire, intitulée « Ecrivains contre la guerre déclenchée contre Gaza » a été signée par plus de 8000 écrivains, journalistes et artistes.(2) « Nous sommes fermement aux côtés de la population de Gaza, victime d'une guerre génocidaire que le Etats-Unis continuent de financer et d'armer avec une aide militaire, » déclarent les signataires.
« Il existe de nombreuses preuves que nous assistons au déroulement d'un génocide dans lequel les vies, déjà précaires, des Palestiniens sont jugées indignes d'aide, sans parler des droits humains et de la justice, » affirme une autre lettre ouverte signée par des milliers d'artistes et d'universitaires. (3)
Outre ces trois lettres ouvertes, le Washington Post rapporte également que Mona Chalabi, lauréate, cette année, du prestigieux Prix Pulitzer de journalisme, vient de mettre un terme à sa collaboration au New York Times en raison de sa couverture de la guerre contre Gaza, qui « favorise la perspective israélienne par rapport à la perspective palestinienne». Elle affirme, dans une interview accordée au Washington Post, que « le sort tragique des journalistes et civils palestiniens a été négligé, » lors de la récente cérémonie de remise du Prix Pulitzer. Elle fait part aussi de sa décision de faire don des 15 000 dollars, qui accompagnaient le Prix Pulitzer, à une association de journalistes palestiniens pour aider à combattre ce qu'elle considère comme une « asymétrie » qui «élève la voix israélienne sur celle des Palestiniens dans les médias ».(4)
Plusieurs journalistes qui ont signé une de ces lettres ouvertes, ou dénoncé, sur les réseaux sociaux, les atrocités commises par l'armée israélienne à Gaza, ont vu leur contrat de travail annulés. D'autres ont pris l'initiative de mettre un terme à leur collaboration pour avoir la conscience tranquille. (5)
Aucun éclairage objectif, en effet, par ces médias, qui prétendent que l'attaque du Hamas est « non provoquée », sur les racines du conflit israélo-palestinien, avant l'établissement de l'Etat d'Israël, en 1948, sur les décombres de centaines de villages palestiniens détruits et ensanglantés par des colons sionistes armés jusqu'aux dents. Ni sur le déplacement forcé, il y a 75 ans, de centaines de milliers de Palestiniens, contraints de quitter leurs foyers, et de trouver refuge dans des camps insalubres en Cisjordanie, à Gaza, en Jordanie, en Syrie et au Liban.
La détention arbitraire et longue de milliers de Palestiniens
Ni encore sur le climat d'apartheid, de terreur, de confiscation de terres, de destruction de foyers, et de répression sanglante contre des jeunes résistants à l'occupation militaire de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, qui dure, depuis la guerre éclair déclenchée par Israël, en 1967, contre l'Egypte, la Jordanie et la Syrie.
La détention arbitraire et longue de milliers de Palestiniens, dont le seul crime est d'être, comme tous les peuples de la planète, assoiffés de justice et de liberté, et déterminés à prendre part au combat pour la libération de leur pays du joug colonial israélien, semble dépourvue d'intérêt pour des médias occidentaux, habitués à ne pas prêter une oreille attentive aux sources critiques de l'Etat hébreu.
Le siège asphyxiant et inhumain imposé aux habitants démunis de Gaza par l'armée israélienne depuis 2007, après la victoire de Hamas à des élections législatives, pourtant jugées conformes aux normes internationales par des observateurs étrangers, et les bombardements punitifs qui ont fait, selon des sources concordantes, plus de 4000 morts parmi les civils, entre 2007 et 2022, ne semblent revêtir, également, aucun d'intérêt, aux yeux de ces médias occidentaux.
Aucun dirigeant occidental n'a fait montre d'autant de courage que Nelson Mandela
Un silence glacial persiste aussi au sujet de l'absence de volonté des alliés occidentaux d'Israël, conduits par les Etats-Unis, de faire la moindre pression sur les dirigeants israéliens pour qu'ils mettent fin à leur politique d'occupation et de spoliation de terres et de foyers appartenant à des Palestiniens.
Aucun dirigeant occidental n'a eu, au cours des trois dernières décennies, qui ont vu nombre de « négociations de paix » israélo-palestiniennes essuyer un échec cuisant, n'a fait montre d'autant de courage et de franchise que Nelson Mandela, qui avait martelé, lors de rencontres avec des dirigeants israéliens en 1999 à Tel Aviv, ainsi qu'au cours de discussions avec des représentants de groupes de pressions nord-américains et européens, connus pour leur soutien aveugle à Israël, et leur influence croissante sur la classe politique et les médias dans les pays occidentaux, que « seul le retrait complet des territoires occupés peut mener à la paix ».(6)
Mais les propos et conseils de Mandela, qui considérait le dirigeant palestinien Yasser Arafat comme « un combattant de la liberté exceptionnel » n'étaient pas de nature à être pris en compte par des dirigeants et des activistes sionistes, et leurs alliés au pouvoir dans les pays occidentaux, habitués à qualifier la résistance à l'occupation et l'apartheid israéliens de « terrorisme ».
Ces derniers avaient pris coutume, aussi, de voir les médias occidentaux se faire l'écho de leur campagnes de désinformation contre la résistance palestinienne, et amplifier et répéter leurs allégations mensongères, selon lesquelles le président de l'autorité palestinienne Yasser Arafat constituait un obstacle à la réalisation de la paix; et qu'il avait rejeté une proposition « généreuse » en juillet 2000, faite par l'ancien premier ministre israélien Ehud Barak, lors des négociations de Camp David, en juillet 2000, en présence du Président Bill Clinton. (7)
Rares sont les médias occidentaux qui ont mis les attaques du 7 octobre dans leur véritable contexte de désespoir, d'humiliation et d'appauvrissement, imposé aux habitants de Gaza, ainsi qu'à ceux de Cisjordanie, par des dirigeants israéliens, notamment Benjamin Netanyahu, qui ont torpillé les Accords d'Oslo de 1993, et détruit les chances de l'établissement d'un Etat palestinien souverain et viable et de l'instauration d'une paix juste et durable.
La plupart des éditorialistes et chroniqueurs des médias occidentaux saluèrent, d'autre part, la promptitude avec laquelle des dirigeants européens, et surtout le président français, Emmanuel Macron, emboîtèrent le pas au président américain Joe Biden, en s'envolant, comme lui, pour Israël afin de donner carte blanche au gouvernent israélien le plus raciste et le plus enclin à infliger une nouvelle « Nakba » au peuple palestinien.
Le général De gaule avait exprimé la position critique de la France
D'ailleurs, ce n'est pas par hasard qu'apparurent, après ces visites de soutien inconditionnel de dirigeants européens en Israël sur les réseaux sociaux des vidéos montrant des séquences d'une conférence de presse donnée en 1967 par le général Charles De Gaule, et au cours de laquelle il avait exprimé la position critique de la France vis-à-vis de l'occupation de Gaza et de la Cisjordanie, et expliqué que la résistance palestinienne ne tarderait pas naturellement à se manifester et à être taxée de « terroriste » par les autorités d'occupation israéliennes.
Les journalistes et les chroniqueurs de ces médias, ainsi que leurs invités, semblent constamment prompts à prendre pour argent comptant tout ce que leur débitent des sources israéliennes ou des sources occidentales qui soutiennent aveuglément la politique israélienne.
Ils sont devenus plus enclins, après le 7 octobre, à éviter de recueillir les points de vue de personnalités critiques de la politique d'apartheid et de colonisation israélienne, et à ignorer les rapports alarmants d'ONG internationales, notamment Amnesty International et Human Rights Watch, sur le génocide perpétré à Gaza et l'intensification des attaques sanglantes de l'armée et des colons israéliens en Cisjordanie.
Meurtre de 50 journalistes palestiniens
Ces atteintes flagrantes aux principes d'impartialité et d'indépendance du journalisme ont incité des journalistes arabes collaborant à des médias européens, dont Bassam Bounenni, ancien correspondant de la BBC basé à Tunis,à mettre fin à leur collaboration. Sa consœur au sein du même média public britannique, Nada Abdessamad, et correspondante à Beyrouth pendant 27 ans, a intenté une action en justice contre une entreprise de presse, longtemps considérée comme une « école de journalisme », pour « atteinte à sa réputation professionnelle ». D'autres journalistes jugés « critiques » à l'égard d'Israël ou « pro-palestiniens » ont été suspendus de leurs fonctions.
Le meurtre de 50 journalistes palestiniens, entre le 7 octobre et le 28 novembre, selon le Comité pour la protection des journalistes(CPJ), sous les bombardements barbares de Gaza par une armée habituée à cibler, dans l'impunité totale, les journalistes pour masquer ses crimes contre le peuple palestinien, semble susciter très peu d'intérêt dans les salles de rédaction des médias occidentaux. Tout comme le massacre d'environ 16000 civils palestiniens et de plus de cent employés des Nations unies. Les bons journalistes, aux yeux du gouvernement israélien,sont apparemment ceux qui prennent part à l'amplification de ses campagnes de désinformation, ou qui acceptent de monter sur les chars des « Forces de défense israéliennes » et de se laisser guider par ses officiers.
K.L.
*journaliste
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Notes de bas de pages :
1 et 2et 3 https://medialetterpalestine.medium.com/an-open-letter-on-u-s-media-coverage-of-palestine-d51cad42022d
Les trois lettres ouvertes sont citées dans le Washinton Post du 10/11/23 dans « JournalistsSignLetterProtestingWarCoverage ».
4 https://www.washingtonpost.com/style/media/2023/11/17/mona-chalabi-gaza-criticize-new-york-times-pulitzer/
5 Voir articles du Washington Post (notes 1,2 et 3), datés des 10 et 20/11/23 et article du News-week, du 25/10/23https://www.newsweek.com/full-list-reporters-fired-pro-palestinian-remarks-1837834
6 The New York Times, « Mandela Visits Israel with Praise but Rifts Linger", 20/10/1999
7 Voir "la guerre israélienne de l'information» de Joss Dray et Denis Sieffert, edit. La Découverte, 2002


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