Une soirée riche en émotions, entre la voix de Buika et la variété de ses albums. La voix de la chanteuse espagnole Concha Buika est un univers musical. On lui attribue «les inflexions rauques d'une diva du jazz, les tours méliques d'une grande du flamenco et le tempo d'une reine africaine». Il nous semble qu'elle est bien plus que cela, une expérience sonore qui va au-delà de la rencontre entre la musique et les sens, que le public du festival international de Hammamet a pu vivre samedi dernier. Sa voix est comme du velours rattrapé par les griffes d'un léopard, tranchante comme le cuir et colorée comme les imprimés d'une robe africaine. Et il y a de tout cela dans ses chansons, de son vécu, ses origines, ses rencontres et la vie qui se conjugue sur les lignes et les notes du solfège. Auteur, compositeur et interprète, Buika est espagnole de parents venus de Guinée équatoriale pour fuir la dictature. Elle a grandi dans un quartier populaire à Palma de Majorque aux îles Baléares, un environnement artistiquement riche où vivent de nombreux gitans, poètes et musiciens. Là, est née sa musique aux influences de jazz et de flamenco, entre autres. Guitare, basse, trompette et percussion ont accompagné sa voix sur scène à Hammamet. Une formation qui met en valeur sa voix et qui renvoie à ses débuts avec son album «Mi Nina Lola», également le nom d'une chanson dédiée à sa grand-mère, qu'elle a interprétée samedi dernier, en milieu de soirée. Comme entrée en matière, Buika a chanté «Loca», comme pour donner le ton de ce concert où elle a été énergique, semant la joie de vivre et célébrant la vie en levant son verre au public qu'elle a été contente de voir aussi nombreux à ses côtés. Joie de vivre et mélancolie se côtoient dans l'œuvre de Concha Buika. Le tout porté par les variations de sa voix qui étonnent jusqu'à la dernière chanson, jusqu'au dernier soupir et qui dominent tous ses albums. Au programme de la soirée, il y eut son tube «No habra nadie en el mundo», de son album Nina de Fuego (2008), «Santa Lucia» de son album Nocha mas larga (2013), «Vivir sin miedo» de son dernier opus qui porte le même nom, sorti en 2015, dont elle a également chanté «Carry your own weight», «Si Voleré» et «Mucho dinero», et son titre original «Jodida pero contenta», extrait de son album «Mi Nina Lola». Une soirée où elle a chanté près de deux heures, navigant entre ses différents albums, sous le regard de la lune et de la mer. Ce panoramique entre la scène du théâtre et le paysage qui l'entoure est la cerise sur le gâteau quand on occupe les derniers gradins d'un amphithéâtre archicomble.