Les dernières pluies qu'a enregistrées la Tunisie ont permis de remonter sensiblement le niveau des barrages, notamment dans la région ouest du pays. Dans le détail, le taux total moyen de remplissage des barrages a dépassé 31 %, celui des barrages du Nord se situe à 37%. Le stock d'eau des barrages actuel est estimé à 720 millions de m3, qui reste, néanmoins, en régression d'environ 200 millions m3 par rapport à la même période de l'année précédente. Il faudra qu'il pleuve beaucoup plus pour atteindre des niveaux qui prémunissent la Tunisie contre le stress hydrique. Car, la Tunisie, à l'instar d'autres pays voisins, fait face ces dernières années aux phénomènes de la sécheresse et la baisse drastique de la pluviométrie. Une conjoncture qui impose la mise en place d'une stratégie pour la gestion de l'eau. Conscient de cette situation, le gouvernement a déjà adopté une nouvelle feuille de route à cet effet. Outre la rationalisation de l'utilisation de cette ressource vitale, des décisions ont été prises par le gouvernement pour la mise en place de stations de dessalement de l'eau de mer. Des investissements colossaux ont été consentis pour la réalisation de nouvelles stations, qui sont vitales pour garantir la sécurité hydrique du pays. L'objectif est aussi de passer à une couverture suffisante des besoins de la population. En effet, selon les données fournies par le ministère de l'Agriculture, la station de dessalement de l'eau de mer à Zarat (gouvernorat de Gabès) entrera en exploitation fin janvier 2024, outre l'installation d'autres stations de dessalement de l'eau de mer à Sfax et à Sousse, sans compter la station de Djerba qui a déjà été mise en exploitation en 2018. En ce qui concerne l'eau d'irrigation, le ministère insiste sur la valorisation des eaux usées traitées comme une ressource supplémentaire. Par ailleurs, la nouvelle station flottante dans le bassin du barrage de Sidi Saâd dans la délégation de Menzel Mhiri s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet de développement des périmètres irrigués installés dans le gouvernorat de Kairouan. D'un coût de 3,4 millions de dinars, elle permettra d'exploiter environ 5 millions de m3 du stock inexploité, estimé actuellement à moins de 30 millions de m3. Elle sera équipée d'une centrale photovoltaïque, d'un coût de 2,3 millions de dinars, et dont l'achèvement est prévu fin 2024. Ladite station contribuera à l'irrigation du périmètre irrigué de Sidi Saâd, étendu sur une superficie de 5.700 ha, garantissant des sources de revenus pour près de 1.000 agriculteurs. Aujourd'hui, le défi est tel que la Tunisie ne peut se contenter des sources traditionnelles, à savoir les pluies et les ressources des nappes phréatiques qui n'ont jamais été aussi rares. Le dessalement de l'eau de mer et le traitement des eaux usées deviennent donc l'horizon inéluctable de la politique nationale en matière d'approvisionnement. Face à un stress hydrique inédit et un déficit pluviométrique inquiétant enregistrés ces dernières années, la Tunisie parie sur la rationalisation de la consommation d'eau afin d'éviter les mesures draconiennes d'ici l'été prochain. Dans un contexte si ardu, gérer l'eau devient quasiment une mission régalienne. Le fardeau qui pèse sur les épaules du ministère de tutelle et la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede) est lourd. Le défi actuel consiste aussi à gérer de façon optimale les ressources disponibles, en attendant une pluviométrie plus abondante les prochains mois. Entre-temps, la pression qui pèse sur les ressources actuelles fait qu'il faut prendre des mesures d'économie à moyen et long termes. Il est temps de faire plus d'efforts en matière d'usage d'eau dans l'irrigation, et encore plus dans l'usage domestique.