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La Tunisie sous le stress hydrique La crise de l'eau devient de plus en plus aiguë : quoi faire ?
Publié dans L'expert le 25 - 04 - 2018

Le trésor transparent ou l'or bleu. Une goutte vaut mieux qu'un trésor...Est-il encore possible d'en rêver et serait- il toujours possible d'en avoir aisément l'accès.
Les dernières coupures d'eau répétées partout dans les régions ont amené les citoyens à y réfléchir avec beaucoup de crainte voire d'angoisse.
Qu'en est-il au juste est on vraiment face au risque de stress-pénurie hydrique. ?.



L'eau, une ressource précieuse
Pour essayer d'avoir une petite vision sur l'état des lieux avec le concours d'un spécialiste en la matière, à savoir Mohamed Salah Glaied , ancien chef d'arrondissement chargé de l'eau potable dans le milieu rural et l'irrigation et
Vice-président d'une Association de la société civile(OAEC). En voici les détails.
L'eau douce sur notre planète ne représente que 2,5 à 3 % du globe terrestre, l'eau est la source de vie des peuples et elle est étroitement liée au développement, la santé qualité de vie et le bien-être.
Les eaux conventionnelles en Tunisie (eaux des barrages et des nappes) sont estimées comme suit :
* Eaux de surface (grands et petits barrages – lacs collinaires) : 2,7 milliards de m3/an.
* Eaux des nappes superficielles : 0,7 milliard de m3/an.
* Eaux des nappes peu profondes : 2,7 milliards de m3/an.
* Eaux des nappes profondes ( en majorité fossiles ) : 1,4 milliard de m3/an.
Ce qui représente en totalité un potentiel mobilisable de l'ordre de 6,9 milliards de m3 par an.
Les volumes d'eaux mobilisés à ce jour par les différentes infrastructures soit par l'Etat ou les installations privées représentent 4,5 à 5 milliards de m3 /an (90 % du potentiel).
L'agriculture irriguée utilise la majorité de ces eaux c.-à-d. 80 % de nos ressources sur une superficie totale de l'ordre de 440.000 hectares de périmètres irrigués publics réalisés par l'Etat et des investisseurs privés ( à peu près 50% , 50%).
Les eaux non conventionnelles (Eaux usées traitées EUT )
La Tunisie a une longue expérience dans l'utilisation des eaux usées traitées et ce depuis les années soixante (1965 dans la zone de la Soukra ) .
Les stations de traitement des eaux produisent actuellement (fin 2016) 255 millions de m3/ an dont seulement 10 à 18 millions de m3 ( 13 millions en moyenne suivant la pluviométrie de l'année ) sont utilisés ou exploités à des fins agricoles. Par contre 8500 ha environ servent pour d'autres utilisations comme les terrains de golf ou les espaces verts mais ne représentent que 13 % des volumes traités.
A l'horizon 2030, ce volume va atteindre, selon Mohamed Salah Glaied expert en la matière, plus de 340 millions de m3 par an, un volume important qui dépasse le volume actuel du barrage Sidi El Barrak , et dont nous serons dans l'obligation de le valoriser.

Mohamed Salah Glaied expert et activiste associatif
La situation actuelle et les solutions des années à venir en rapport avec les changements climatiques
Les changements climatiques que nous vivons depuis une décennie ou même plus et leurs effets sur nos ressources hydriques, nous emmènent selon Glaied ,à des réflexions de grande envergure sur l'utilisation actuelle de nos ressources :
* Une campagne de sensibilisation tous azimuts et même des plans de restriction pour l'eau potable sur tout le territoire du pays et surtout dans les régions urbain ou suburbaines et dont l'adduction et le transfert d'eau coûtent de plus en plus cher pour la collectivité publique.
* Revoir la consommation actuelle d'eau d'irrigation et aller jusqu'à la valorisation de ce potentiel et bien évaluer ses rendements actuels et promouvoir ce secteur vital pour notre pays .
(retracer les cartes de productions et de valorisation et étudier la compétitivité du produit agricole).
* Valorisation des eaux usées traitées produites par les STEP de l'ONAS par la réhabilitation ou la modernisation de ces STEP afin de produire une eau de qualité, et inciter les usagers à réaliser des projets intégrés de grande valeur ajoutée.
* Renforcement des l'utilisation des eaux usées traitées à des fins agricoles pour atteindre 150 millions de m3 par an à l'horizon 2030.
* Ouvrer à produire plus de 180 millions de m3 d'eau par an destinés pour l'eau potable , provenant des complexes de dessalement de l'eau de mer ou des eaux saumâtres .
* Bien travailler pour la bonne gouvernance des eaux ( eau potable et eau d'irrigation ) et revoir ce mode de gestion associatif par ces GDA ,car ce mode a montré ses limites et a engendré beaucoup de problèmes de mauvaise gestion et même de corruption.

Ci-joint quelques photos d'amélioration de la qualité des eaux usées traitées réalisées à l'échelle d'une parcelle pilote de recherche dans la région de Oued Souhil, au gouvernorat de Nabeul, et qui a donné satisfaction.
Décantation et filtration


Irrigation localisée



Une

* * Une crise...des lueurs d'espoir
Raoudha Gafrej, universitaire et spécialiste en hydraulique, considère « qu'avec 419 m3 par habitant/an, la Tunisie est en situation de pénurie d'eau absolue, une situation chronique qui a été accentuée ces dernières années par les effets des changements climatiques, l'augmentation des besoins mais également par la dégradation et la vétusté des infrastructures de la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) et des infrastructures d'irrigation et de transfert de l'eau, générant des pertes d'eau s'élevant à près de 30% des quantités transférées. D'après les données fournies par la SONEDE, 42% de ses conduites sont vieilles de plus de 25 années et doivent impérativement être remplacées. »
« Au rythme de la SONEDE qui programme la réhabilitation d'environ 200 km par an, il faudra à peu près un siècle pour réhabiliter les 42% de son réseau long de 52 000 km. Sans parler des besoins pour les périmètres publics irrigués dont 30% ont au moins 30 ans et dont l'infrastructure ne peut pas utiliser les techniques d'économie d'eau ».
S'ajoute à cela « une pluviométrie défaillante ces dernières années, mais aussi et surtout un problème sérieux de gestion et de gouvernance des ressources en eau, favorisant les solutions de raccommodage et les demi-mesures, qui sont loin de régler le problème de l'eau (potable et irrigation) » s'inquiète-t-elle.
Et même le dessalement de l'eau de mer, présenté comme étant une fatalité par les autorités tunisiennes, qui projettent de réaliser, outre la station en cours à Djerba, d'autres stations à Zarrat et Sfax en plus des 40 stations mobiles programmées, constitue selon Gafrej « un investissement très coûteux qui pourrait être remplacé, du moins pour les 10 années à venir, par la récupération des pertes d'eau enregistrées au niveau des conduites de la SONEDE ».
L'universitaire épingle aussi, « une mauvaise gestion de l'eau dans les zones irriguées, laquelle sera accentuée par la circulaire du 27 février 2017, du ministre de l'Agriculture autorisant l'utilisation des forages dans les périmètres publics irrigués, dans les gouvernorats de Béja, Bizerte, Ariana et Manouba, pour faire face au manque d'eau d'irrigation dans les périmètres publics irrigués ».
« Cette décision expose les nappes souterraines de ces régions, utilisées en partie pour l'eau potable, déjà fragilisées par l'agriculture intensive et qui affichent une concentration de nitrate largement au-dessus de la norme tolérée (50 mg/l), aux risques d'une dégradation accrue de la qualité de leurs eaux, due à l'utilisation des engrais et fertilisants et d'une surexploitation de leurs ressources ». Cette situation peut mener à un conflit pour ces ressources entre les besoins en eau potable et en irrigation outre le risque d'une salinisation des terres », souligne l'universitaire,
Les coupures seront plus fréquentes
Au vu de cette situation ou s'entremêlent les difficultés d'ordre naturel et géographique, et l'amateurisme des autorités, l'universitaire anticipe des « perturbations et des coupures dans l'alimentation en eau potable plus intenses durant l'été « .
Et de poursuivre « même en suivant la logique de nos responsables, et en admettant les solutions qu'ils préconisent pour éviter ces perturbations, il n'est aujourd'hui un secret pour personne que la station de dessalement de Djerba ne sera pas opérationnelle en juin, comme prévu. Les stations mobiles non plus. Je ne sais par quel miracle ils prétendent pouvoir résoudre le problème ».
La spécialiste en hydraulique souligne aussi que « les prémices de la crise sont déjà là. Redeyef est sans eau depuis un mois déjà, des coupures d'eau sont enregistrées à Sfax, à Gafsa et même dans certains quartiers de Tunis et le manque d'eau va toucher aussi tout le Sahel et la capitale en raison du déficit enregistré au niveau du barrage de Sidi Salem ».
Et de préciser : « Ce que les autorités ne nous disent pas, c'est que la région de l'extrême Nord dispose de près de 450 millions de m3 d'eau de surface actuellement disponibles mais non utilisées, stockées dans les barrages de Sidi El Barrak (286 millions de m3), barrage Ezzarga (22 millions de m3), Zayatine (31,8 millions de m3), Gamgoum (17 millions de m3), El Kbir (64 millions de m3) et El Moula (26 millions de m3). L'utilisation de ces réserves est bloquée en raison de problèmes d'expropriation, empêchant la mise en place des conduites nécessaires au niveau de certains barrages. Et même les quantités transférées de Sidi El Barrak vers le barrage de Sejnane qui contient actuellement 69 millions de m3, restent très limitées en raison de l'étroitesse de l'oued Sejnene qui nécessite un curage et un recalibrage. Autre problème de taille : le coût de l'énergie dépasse, de loin, le tarif de vente de l'eau ».
Nécessité d'un débat national franc et direct sur le problème de l'eau
Gafrej pense qu'il est nécessaire d'instaurer « un débat national franc et direct sur le problème de l'eau, en sollicitant les spécialistes en la matière et en tenant compte des études déjà faites dans ce domaine ».
Selon l'ordre des priorités qu'elle établit, l'amélioration des infrastructures de l'eau constitue le premier pas à franchir pour résoudre le problème. « J'ai effectué le 13 mars courant, une visite au Barrage Sejnane dont la capacité s'élève à 134 millions de m3, construit en 1994 pour un coût de 71 millions de dinars. Ce barrage constitue la pièce maîtresse du système hydraulique tunisien…Il reçoit les eaux de l'extrême nord (Sidi El Barrak, Gamgoum, Zayetine et El Harka)… Le jour de ma visite, le barrage contenait seulement 69,038 Mm3…Les débitmètres à la sortie des conduites étaient en panne et les deux équipements pour mesurer le niveau d'eau dans la retenue, non fonctionnels. Le niveau d'eau était mesuré avec une sonde destinée à d'autres utilisations. L'appareil portatif pour mesurer la salinité de l'eau est aussi non fonctionnel. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de nos infrastructures défaillantes ».
Notre interlocutrice appelle aussi à « la nécessité de faire face au problème d'évaporation des eaux des barrages qui nous fait perdre 20% de leurs ressources. Sidi El Barrak perd annuellement, 50 millions de m3, soit trois fois la capacité de dessalement de la station de Djerba, qui va nous coûter très cher (environ 3 dinars/m3) ».
La réduction de l'évaporation des eaux dans les barrages nécessite, selon elle, une stratégie nationale ambitieuse de recharge artificielle des nappes souterraines (injection artificielle des eaux de surface (eaux des barrages, eaux de mer dessalées..). « Ce sont des investissements lourds mais qui rapportent beaucoup en termes d'économie de l'eau ».
L'universitaire préconise encore de revoir la stratégie agricole, en abandonnant les filières agricoles non rentables et en favorisant la reconversion des petites exploitations, citant les résultats d'une étude réalisée en 2007 sur « la stratégie nationale d'adaptation du secteur agricole et des écosystèmes aux changements climatiques», montrant que nous nous dirigeons vers des sécheresses accentuées, que les agricultures économiquement non rentables doivent disparaitre et que l'irrigation de surface doit être bannie au profit du goutte-à-goutte ».
Elle estime aussi nécessaire de revoir la gouvernance et la gestion du secteur vers plus de transparence, de lutter contre la corruption qui gangrène le domaine de l'eau en Tunisie, d'optimiser l'utilisation des nouvelles technologies, de renforcer les procédures de contrôle et de suivi des travaux de maintenance et d'installation de nouveaux équipements... « Il ne suffit pas de déclarer que l'eau potable est un secteur prioritaire car en cas de manque d'eau pour l'agriculture, des perturbations énormes suivront sur l'alimentation en eau potable par des piquages illicites sur les conduites de distribution de l'eau potable et des utilisations illicites des eaux usées brutes avec des risques sanitaires énormes ».
Elle pense « qu'au final, la gestion de l'eau doit sortir de la tutelle du ministère de l'Agriculture qui ne peut pas être juge et partie. L'eau globale doit être gérée d'une manière indépendante des secteurs d'activités surtout que l'agriculture est un gros consommateur, grand pollueur et surtout c'est un secteur qui surexploite les ressources. L'innovation dans la gestion et la gouvernance des ressources en eau nous est imposée par la Constitution tunisienne en termes de droit à l'eau et aux besoins de la décentralisation. Il faudra ainsi oser dépasser la vision des plans directeurs des eaux du Nord, du Centre et du Sud qui ne sont plus d'actualité et apporter un nouveau souffle au domaine de l'eau, en ouvrant la porte à de nouvelles compétences et à de nouvelles idées, autres que celles qu'on recycle depuis des décennies ».
L'Observatoire tunisien de l'eau: la voix des citoyens
Les inquiétudes de l'universitaire sont parfaitement partagées par Alaa Marzougui, qui a choisi la voie de l'activisme dans le cadre de la société civile, pour contribuer à éveiller les consciences quant à la gravité de la situation. « L'Observatoire tunisien de l'eau est une initiative lancée par l'association Nomad08 Redeyef, depuis deux années, sous forme de plateforme de signal des coupures et des perturbations dans l'approvisionnement en eau potable, enregistrées dans les différentes régions du pays ».
« La collecte des informations sur les coupures d'eau sur la plate-forme ‘watchwater.tn', permet d'établir une cartographie des coupures de l'eau potable. Laquelle pourrait être exploitée pour analyser la situation de l'approvisionnement en eau en Tunisie. L'Observatoire se veut également, un moyen de faire entendre les cris de détresse des citoyens privés d'eau et un vecteur de sensibilisation quant à l'importance de préserver cette ressource vitale, qui se raréfie d'une année à l'autre », lance t-il.
Et de poursuivre « Je suis originaire de Redeyef, et cela fait plus de 6 ans que cette région connait le problème des coupures de l'eau, au point que ses habitants ont commencé à s'habituer à ces coupures, et à adapter leur vécu à cette réalité, en stockant l'eau ou en s'approvisionnant auprès de vendeurs anarchiques... ».
Mais Marzougui pense aussi, que les coupures d'eau n'ont épargné aucune région dans le pays. « Durant les dernières années, toutes les régions ont été touchées, bien que chaque région représente des problèmes qui lui sont spécifiques en rapport avec cette question, allant des sondages anarchiques à Kairouan et Zaghouan, à la vétusté des infrastructures à Gafsa où les conduites vieilles de plus de 30 ans contiennent toujours de l'amiante, à la forte dépendance aux barrages de certaines régions comme Sfax et le Sahel.... ».
Toujours selon lui, « l'année 2018 à l'instar de 2016 ayant connu l'accentuation des coupures et des perturbations en eau potable dans toutes les régions y compris les zones côtières, et la capitale, a également, connu l'émergence d'une certaine conscience quant à l'enjeu de l'eau, surtout après les protestations enregistrées dans certaines régions. L'intérêt médiatique à la question de l'eau a gagné en importance ».
Parmi les causes de la crise hydrique en Tunisie, Marzougui évoque, outre la rareté de la ressource, la défaillance des infrastructures qui occasionnent des fuites et des pertes énormes, la surexploitation dans certaines régions de la nappe phréatique par les sondages anarchiques à l'instar de Kairouan, la politique médiatique défaillante de la SONEDE, mais surtout la mauvaise gouvernance qui gangrène cette institution l'empêchant d'agir sur les origines du mal et de procéder à des solutions radicales.
Marzougui pointe également du doigt le manque d'agents d'entretien ainsi que d'équipements de maintenance de la SONEDE dans les régions intérieures, les détournements et vols d'eau par les citoyens, les problèmes fonciers liés à l'expropriation des terres qui bloquent certains projets relatifs à la distribution de l'eau ...
Il ne manque pas de signaler la présence d'agglomérations non raccordées au réseau de la SONEDE et rattachées aux GDA (Groupements de Développement Agricoles) dont la mauvaise gestion prive d'eau un grand nombre de familles.
Localisation des alertes de coupures de l'eau potable
En 2016, l'observatoire a collecté, selon son coordinateur, « 119 alertes durant le mois de mai, 137 en juin, 184 en juillet, 147 en aout, 74 en septembre, 44 en octobre et 9 en novembre. Ce qui pourrait représenter 30 à 40% des coupures effectives, l'observatoire n'étant toujours pas très connu dans certaines régions ».
La répartition par région fait état d'un grand nombre d'alertes dans les régions de Gafsa (207), étant donné que l'observatoire est assez connu dans cette région, Kairouan (77), ce gouvernorat a connu un nombre élevé de mouvements de protestations contre les coupures, le Kef (43), Tataouine (40), ....
Résoudre le problème de l'eau requiert une stratégie à long terme
Résoudre le problème de l'eau requiert, selon lui, une stratégie et une vision à long terme qui font actuellement défaut. Elles doivent être basées sur des études scientifiques et empiriques de la situation hydrique en Tunisie. Cette stratégie passe, inévitablement, « par une refonte totale des modes de gestion des institutions en charge de la question de l'eau, aujourd'hui entachées de mauvaise gouvernance, mais aussi, par la mise en place d'un système efficace de contrôle et de suivi des projets et des travaux de maintenance et d'entretien, surtout qu'il est de coutume de recourir à des sous-traitants ayant souvent tendance à ne pas respecter les normes ».
Ainsi, précise-t-il, «l'un des premiers axes de cette stratégie devrait être le maintien et l'amélioration des infrastructures existantes, même si cela va prendre un temps conséquent. Cette stratégie devrait également favoriser les investissements stratégiques dans l'éolien, mais aussi la construction de nouveaux barrages, les investissements dans les infrastructures pour un meilleur stockage, une meilleure qualité des eaux, et des économies conséquentes de cette ressource.
A ce titre, les stations de dessalement constituent, selon notre interlocuteur, « des investissements stratégiques mais encore faut-il les concrétiser, avec tous les atermoiements et blocages que connaissent ces projets, contrairement aux stations mobiles dont l'efficacité reste à vérifier, surtout après certaines expériences internationales, qui n'ont pas très réussi à l'instar de l'expérience marocaine ».(report source tap)


Raoudha Gafrej experte en eau
La société civile se mobilise..
La société civile essaie de bouger, diverses associations spécialisées agissent en la matière dont notamment » La dynamique autour de l'eau » et l'association des anciens de l'ONAS
La Dynamique autour de l'Eau est un cadre dans lequel plusieurs acteurs
associatifs, professionnels, médias, citoyens, jeunes et administratifs peuvent se mobiliser autour d'une thématique urgente en Tunisie qui est l'Eau pour la préserver en activant une gestion intégrée et durable par les usagers.
La dynamique souhaite renforcer les acteurs locaux, créer le lien entre eux pour une meilleure gouvernance de ce secteur, liée aux besoins mais aussi relevant les défis de demain.
La gestion de la Résilience pour une gestion intégrée commence par la
Dynamique autour de l'eau.
Le GDA Sidi Amor vient d'organiser cette semaine une conférence autour de la réutilisation des eaux épurées pour l'agroforesterie, il conduit une expérience pilote en matière de réutilisation d'eaux usées traitées pour l'irrigation du périmètre de Borj Touil contenant environ 45 % de la superficie des terrains irrigués en Tunisie par les EUT.
Les associations environnementales renforcent leurs initiatives visant a la rationalisation de la consommation de l'eau et le développement de pistes et procédés alternatifs et la vulgarisation des techniques a faible consommation d'eau.
Beaucoup de travail reste à faire au vu des contraintes et défis reflétés par les données énumérées dans l'encadré et notamment au vu du déficit constant et le risque d'une situation qui empire suite au stress hydrique.


Samia Zayani, présidente ASS dynamique autour de l'eau

Les Eaux de Surface
La Tunisie reçoit en moyenne 230 mm/an, soit 36 milliards de m3/an. La pluviométrie est très variable dans l'espace et dans le temps à l'échelle mensuelle et annuelle. La moyenne annuelle varie de moins de 100mm dans l'extrême sud à plus de 1500 mm dans l'extrême nord-ouest (Carte des isohyètes inter-annuelles de la Tunisie).
Les apports en eau de surface proviennent de quatre régions naturelles distinctes par leurs conditions climatiques, hydrologiques et leurs aspects géomorphologiques et géologiques. L'extrême nord, bien que sa superficie ne représente que 3 % de la superficie totale du pays, fournit des apports en eau de surface évalués en moyenne à 960 Mm3 /an, soit 36 % du potentiel total du pays. Le nord, représenté par les bassins de la Medjerda, du Cap Bon et de Méliane, fournit une moyenne de 1230 Mm3/an, soit 46 % du potentiel total en eau de surface. Le centre, comprenant les bassins versants de Nebhana, Marguellil, Zéroud et du Sahel, présente des ressources annuelles évaluées en moyenne à 320 Mm3/an, soit 12 %. Le sud, qui représente environ 62 % de la superficie totale du pays, est la région la plus démunie en eau de surface et ne possède que des ressources très irrégulières, évaluées à 190 Mm3/an, soit 6 % du potentiel total.
Le potentiel total des eaux de surface est évalué à 2700 Mm3, représentant une moyenne inter-annuelle calculée sur une période d'environ 50 ans. Les ressources mobilisables sont estimées à 2 170 Mm3, dont 85%proviennent des apports de crues et 15 % des apports de base.
Sur ce potentiel, 1800 Mm3 sont déjà mobilisés, soit un taux de 83 %.



Le tableau suivant donne le bilan global des ressources en eau de surface et souterraine :
Potentiel global (millions m3) Ressources mobilisables (millionsm3) Mobilisation Exploitation
(millions m3) Taux de mobilisation
Eaux de surface 2700 2170 1800 83%
Eaux
souterraines Nappes phréatique 745 745 780 105%
Nappes
profondes 1380 1380 1100 80%
TOTAL 4825 4295 3680 86%



Salem


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