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Que sont nos républiques devenues ?
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 07 - 2016


Par Noura BORSALI
Nous aurions aimé fêter la République dans une ambiance d'allégresse ou du moins avec un sentiment fort d'espoir. Rien de tout cela en ce 25 juillet 2016 où la déprime des Tunisiens l'emporte sur tout autre sentiment. Loin de moi une quelconque volonté de noircir le paysage politique, économique, social, culturel et environnemental. Mais, le constat est là : notre pays vit une transition démocratique dans la douleur. Et une question persistante nous taraude : quel avenir pour la transition démocratique en Tunisie dans un contexte caractérisé, d'une part, par la résurgence du passé et, d'autre part, par le déploiement d'un terrorisme inquiétant et menaçant, aggravé par une situation géopolitique complexe.
C'est dire combien le processus de démocratisation est «complexe, fragile et aléatoire». Nous sommes encore dans le tâtonnement. Comme on l'a si bien écrit, la Tunisie «se trouve entre deux époques, entre un passé qui ne passe pas et une logique démocratique qui met du temps à se mettre en place».
Dans ce processus fait d'imprévus, de manipulations et de retours surprenants, certains évoquent le retour du bourguibisme et du benalisme si bien que la transition démocratique, au lieu de s'alimenter d'une nouvelle vision de l'avenir, se recroqueville sur une résurgence du passé. Nous demeurons persuadés que ni le bourguibisme ni le benalisme ne constituent un modèle de pouvoir. Les protestations qu'a connues le pays durant les règnes de 31 ans de Bourguiba et de 23 années de Ben Ali sont une preuve indéniable de l'aspiration des Tunisiens à une rupture avec l'autoritarisme politique et les orientations économiques ayant prévalu durant un peu plus d'un demi-siècle. Des bilans devraient être tirés de ces 54 années d'autoritarisme. Tout en reconnaissant que Bourguiba et ses premiers gouvernements ont construit un Etat moderne et posé de solides institutions, nous attirons l'attention sur le fondement autoritaire de l'Etat national avec lequel il est nécessaire de rompre radicalement aujourd'hui. Pour que cette douloureuse histoire ne se répète pas : objectif essentiel de la justice transitionnelle, un des piliers importants de la transition démocratique.
Les deux symboles bien gardés à l'avenue Habib-Bourguiba, à savoir la fameuse horloge de Ben Ali et la statue de Bourguiba, attestent bien d'une volonté politique de maintien de l'ancien régime qui, pourtant, risque d'endommager ladite IIe République. Tous ces mouvements de contestation pour la démocratie qu'a connus cet espace, jusqu'à cette «Révolution» du 14 janvier 2011, n'y sont pas immortalisés à l'instar de ces deux symboles. Toutes ces mains levées de milliers de Tunisiens lors de ce 14 janvier historique et dont les images ont fait le tour du monde n'ont aucune place — hélas ! — dans cet espace symbolique de la chute de l'autoritarisme. Aucune pierre commémorative n'a été érigée afin de perpétuer cette mémoire historique collective. Nous pensions en finir avec l'amnésie et voilà qu'elle se trouve nouvellement confirmée par cette IIe République qui s'obstine à ne pas faire siennes nos colères et nos sacrifices ainsi que les changements qu'ils ont entraînés.
Certes, le malaise vient de cette insistance à vouloir réaliser une réconciliation nationale en intégrant les figures-symboles de l'ère benaliste, en confectionnant un projet de texte réhabilitant ceux qui ont détourné des sommes faramineuses et en maintenant des privilèges inadmissibles dans un pays en crise... Un sentiment d'impunité règne, les familles des «martyrs» et des «blessés» de la Révolution continuent à s'épuiser dans des batailles juridiques sans fin, les chômeurs à rechercher inlassablement un emploi qu'on leur promet sans succès, les voitures de fonction à rouler de plus en plus, les salaires des responsables politiques et d'institutions publiques et privées à augmenter sans aucun scrupule, une privatisation à outrance à anéantir un secteur public en perdition...
Pourquoi notre quotidien se détériore-t-il de jour en jour ?
La Tunisie traverse une crise profonde due à plusieurs facteurs liés à la politique intérieure mais également aux pressions extérieures. Quand bien même le changement du 14 janvier n'aurait pas été porté par des leaderships politiques, ni par des plateformes ou programmes énoncés clairement, il signifierait toutefois une volonté ferme de changer de mode de gouvernement et de revoir les choix socioéconomiques, culturels et autres... Le message était fort pour ceux qui voulaient l'entendre. Alors, après avoir réalisé quelques étapes laissant entrevoir une possibilité de changement, qu'est-ce qui fait que ladite IIe République piétine, voire régresse ? Qu'est-ce qui fait que le quotidien des Tunisiens — et c'est ce qui nous préoccupe — se détériore de jour en jour par un environnement ordurier, des rues prises en otage aussi bien par des engins de sécurité que par un commerce parallèle introduisant le désordre et la dégradation de nos centres-villes? Qu'est-ce qui fait que cette violence augmente de jour en jour? Ce laisser-aller ne peut relever que d'un laxisme et d'une absence d'autorité des services concernés et surtout de l'Etat.
Qu'est-ce qui fait que les décideurs politiques restent sourds aux appels — désespérants — des présidents qui se sont succédé à la tête de l'Instance créée contre la corruption qui gangrène, selon leurs dires, le pays à tous les niveaux ?
Où sont les réformes qui introduiraient une quelconque amélioration de nos administrations, de nos hôpitaux, de nos transports, de nos écoles, de nos universités, de nos institutions, de nos espaces culturels, etc. ? Où sont celles qui amélioreraient la qualité de notre vie ? Qui arrêterait cette hémorragie de la hausse des prix, ces pratiques d'arnaque d'un système mafieux qui tire les ficelles dans l'ombre comme au grand jour...? L'Etat est-il, à ce point, affaibli et impuissant face à de telles forces « occultes » ?
Pourtant, il est aussi important de tenir compte des facteurs économiques — ô combien déterminants — dans l'aboutissement de la transition. La fracture régionale et sociale est toujours là. D'où une radicalisation salafiste et une prolifération de groupes de mafieux qui contrôlent une économie parallèle, et une tentation de l'émigration ou encore un «renfermement sur des logiques régionalistes, voire tribales». Quand bien même les acteurs politiques évoqueraient-ils un redressement économique des régions avec un peu plus d'Etat, l'idée de rupture avec les schémas économiques du passé n'a jamais été à l'ordre du jour, notent des analystes. D'où l'absence de tout modèle économique alternatif en rupture avec le néolibéralisme économique.
Devant un tel marasme, aucune consultation nationale sur les choix en matière de gouvernement n'est entreprise si bien que la libre parole est réduite aux réseaux sociaux et au fameux «cause toujours».
Ceci dénote, chez les décideurs politiques, une certaine conception de la démocratie réduite à un processus venant d'en haut, partisan, contrôlé par ce qu'ils appellent «consensus» et «unanimité» et par ce fameux concept tiré d'antan d'«unité nationale» qui tuent dans l'œuf une véritable construction démocratique. Car, écrit-on, on ne saurait parler «d'éclosion démocratique dans une société où l'on privilégie l'harmonie, la concorde, gommant ainsi les différences et la diversité...».
La crise vient aussi du non-respect de nos lois par ceux-là mêmes qui les ont confectionnées. L'exemple le plus frappant est celui de la démission imposée au chef du gouvernement actuel au nom de cette fameuse «unité nationale». Le chef du gouvernement a rectifié le tir en imposant le respect de la Constitution et l'exercice de son droit constitutionnel.
Ce dont il faut aussi s'inquiéter, c'est le déni du pluralisme chez certaines forces politiques qui se targuent d'avoir gagné les élections ou qui voudraient gagner les prochaines élections et surtout la violence de certains groupes qui prétendent vouloir imposer leurs normes à toute la société. Que ne comprennent-ils pas que «la légitimité issue des urnes ne constitue pas, à elle seule, le point de basculement des transitions politiques vers l'établissement et la consolidation d'un régime démocratique. Tout d'abord parce qu'un régime démocratique ne se limite pas à des élections. Ensuite parce que les élections s'inscrivent dans des conflits de légitimité qui vont se radicaliser et qu'elles ne représentent pas «les seules formes d'expression des demandes sociales», écrit très justement Catusse Myriam.
Le pays a besoin de soubresauts à tous les niveaux
D'autant que le paysage politique est marqué par l'existence de partis qui, pour la plupart, n'ont guère de vision pour sortir le pays de la crise dans laquelle ce dernier s'enlise de jour en jour. Préoccupés par leur positionnement politique, par les portefeuilles ministériels et autres..., ils effectuent des alliances contre-nature qui affaiblissent leurs différences et composent des coalitions factices qui déstabilisent le gouvernement. Nous nous interrogeons toujours sur leurs programmes invisibles pour le commun des Tunisiens qui est las de leurs divisions internes qu'ils donnent à voir publiquement, de leurs ambitions démesurées et de l'incompétence de certains d'entre eux...
Par ailleurs, des forces de l'ombre mènent «une politique de sape sur certaines chaînes télévisées, dans les réseaux sociaux et à travers certains journaux à connivence assez douteuse, et œuvrent sur le sens d'une contre-révolution», et ce pour aboutir à l'idée qu'au temps de l'ancien régime, les choses allaient mieux et pour préparer l'opinion publique, à défaut d'une justice transitionnelle opérante et dynamique, au retour des rcédistes sans aucune autocritique ni pardon en direction de la nation.
Comment expliquer, par ailleurs, tant de silence face à une nouvelle morale conservatrice qui s'installe au nom d'un islam mal interprété ? La Tunisie, connue pour être un pays de modération, n'en croit pas ses yeux face à tant de régression. Cela est gravissime parce que ce sont les libertés individuelles qui sont atteintes et une certaine conception wahhabite de l'islam qu'on impose, au vu et au su de tous, dans nos écoles, dans nos quartiers populaires, sur nos plages, dans nos espaces publics, dans nos administrations et institutions et jusque dans nos jardins d'enfants... Qui arrêtera cela ?
Le pays a fortement besoin de grands soubresauts à tous les niveaux et, pour cela, d'une réelle volonté politique et de l'autorité de l'Etat et de ses institutions. La lutte contre cette nouvelle donne qu'est le terrorisme impose une nouvelle culture, de nouveaux choix économiques et éducatifs, une justice sociale, et une réelle participation citoyenne. La question de la réforme sécuritaire apparaît comme cruciale, surtout après les assassinats politiques qui ont bouleversé le pays. La question de la sécurité des citoyens est plus que jamais à l'ordre du jour.
La Tunisie peut compter, dans cette phase de transition, sur une société civile dynamique, comme l'atteste la campagne organisée à l'occasion de ce 25 juillet par le mouvement «Manich Msemeh» contre le projet de loi de réconciliation nationale.


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