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La guerre des tranchées !
Libertés publiques et hégémonisme idéologique
Publié dans Le Temps le 05 - 08 - 2012

La stratégie bat son plein au Bardo où siège la Constituante et où l'hégémonie et la liberté se disputent les positions mètre par mètre, centimètre par centimètre !
Qu'il s'agisse des textes fondateurs qui doivent régir, permettre ou limiter nos futures libertés d'expression et d'opinion, ou qu'il s'agisse de décider de ce qui doit être « notre sacré » après 1400 ans d'Islam modéré et tolérant en Tunisie, la bataille est rude et nous rappelle à certains égards les tranchées de la « sale guerre » (14-18) du siècle dernier où les hommes à force de se battre dans les galeries embourbées, ont été qualifiés de « Ratons ».
Heureusement pour nous, que les débats à l'ANC sont plus « propres » et plus pacifiques, mais notre devenir en est l'enjeu pour les décennies à venir.
En fait, deux projets de société y sont en conflit et diamétralement opposés.
Le Cheikh Rached Ghannouchi a donné le « la » à cette querelle purement idéologique en livrant à un quotidien de la place, sa conception de la société et de l'Etat.
En effet, sous les apparences du libéral, on voit pointer à l'horizon un redoutable idéologue et le patron de la Nahdha nous dit, à peu près, que ce n'est pas à l'Etat de dicter à la société ce qu'elle doit être, mais c'est à la société de tracer la politique de l'Etat et de décider de ses orientations surtout quand il s'agit de façonner l'homme tunisien à venir.
Le projet est clair c'est l'anti-bourguibisme dans toute sa clarté et toute sa splendeur !
Bourguiba, après l'indépendance, n'a cessé de diffuser « la modernité » par le haut en imposant la liberté de la femme et en réformant le système éducatif y compris zéitounien, pour le ramener aux normes universelles proches de l'Occident. Le Cheikh Rached veut plutôt niveler le pays par le bas en faisant que la société qui sera désormais sous contrôle idéologique de l' « Islam », dira ce que doit être l'Etat, sa forme, ses limites, et sa vocation. Ce qui revient à faire de ce même Etat un outil de gestion des affaires courantes plutôt que de créer et de diffuser les « valeurs » de la modernisation comme ce fut le cas par le passé récent, depuis 56 ans.
On peut toujours justifier la démarche par une sorte de démocratie « populaire » directe, mais, l'Histoire est là pour prouver que la « démocratie populaire » de droite ou de gauche n'a été, en fait, qu'une vulgaire « dictature du prolétariat » à gauche, et qu'une « démocratie sous tutelle » souvent totalitaire et corrompue à droite.
La stratégie qui consiste à tirer mètre par mètre et centimètre par centimètre, les libertés d'expression et d'opinion vers les limitations et... l'extinction, en leur opposant la sacralité du « sacré », c'est la même technique utilisée depuis César pour mettre au pas le Sénat Romain et construire « son » Etat hégémoniste et dominant. Hier, le « sacré » était la paix sociale, l'invulnérabilité de l'Empire, aujourd'hui, le « sacré » c'est la Religion... laquelle... celle que les gouvernants veulent nous imposer pour mieux contrôler l'Etat.
Il est à se demander sérieusement, si cette stratégie est bonne ! Nous ne le pensons pas, la preuve, cette mobilisation farouche est cette résistance et de l'opposition à l'ANC, et du corps social, qui défendent valeureusement, les acquis de la modernité et avec eux l'Etat tout entier.
Pourtant, la Révolution n'a jamais demandé l'extinction de l'Etat, mais le changement social, pour plus de liberté de dignité et de justice. Et l'instrument qui doit diffuser ces valeurs et les mettre en œuvre c'est bel et bien l'Etat... avec, bien sûr, la société civile et toutes ses composantes culturelles et politiques, par la participation politique.
La Nahdha et ses leaders ont, à notre humble avis, beaucoup plus et mieux à faire que de se mettre en position de défenseurs de l'hégémonie contre la liberté dans cette « guerre » des tranchées.
Leur longue lutte et leurs sacrifices contre la dictature de Ben Ali et l'autoritarisme de Bourguiba, devraient les mettre plutôt, en pôle position, pour défendre la liberté la démocratie aux normes universelles,et le développement économique et régional, symbole de l'égalité (Al mousawat).
C'est bien triste de les voir s'accrocher à des modèles du passé pour construire le présent et le futur, alors que les exemples de l'Iran et de la Turquie sont là pour les aider à voir plus clair. Pour l'Histoire, l'Iran qui a fait une grande Révolution avec l'Imam Ayatollah Al Khumeiny contre le Shah et son empire corrompu, a été la véritable occasion manquée pour construire « la démocratie islamique » tant attendue par les peuples musulmans, ils ont opté pour un Etat islamiste de contrainte et où l'idéologie du « sacré » a mis au placard les libertés publiques et même privées, en imposant le port du tchador pour les femmes.
La Turquie, quant à elle, a préservé toute l'ossature du Kémalisme, sa modernité et même sa laïcité, pour promouvoir avec Erdogan un Islam défanatisé, apaisée qui prend en charge la modernisation.
Partant de là, et j'espère me tromper, la Nahdha peut nous mener à l'Iran avec un modèle de société où le « sacré » prend petit à petit le dessus sur les libertés et la démocratie aux normes universelles, si elle finit par gagner la « guerre des tranchées » dans laquelle nous sommes engagés de fait et réduire les voix de l'opposition démocratique et libérale. Comme elle peut aussi et à mon avis, c'est là où elle peut avoir des chances de réussir, nous mener vers un modèle proche de la Turquie, qui, au fait, est notre propre modèle, depuis Kheïreddine Pacha Attounsi, et bien avant Kemal Attaturk.
Mais, pour cela, il faut qu'elle se débarrasse de ce « rejet » viscéral et catégorique du « bourguibisme ». Autant il est bien compréhensible, pour Rached El Ghannouchi et sa génération, d'avoir tant de rancœur, vis-à-vis, de Bourguiba qui l'a réprimé, autant les jeunes cadres de la Nahda devraient faire la différence entre « bourguibisme » et « modernisation ». Il est grand temps pour ce mouvement de se replacer au cœur même des aspirations de notre peuple et de ses élites qui sont : la liberté, la dignité et la démocratie aux normes universelles.
Notre Prophète vénéré Mohamed a été le plus progressiste des hommes de son temps. Vouloir utiliser son message pour réduire la liberté au silence et imposer l'hégémonie au nom du « sacré »... c'est tout simplement, le dénaturer !
Relisons la « Sira » de Mohamed, elle peut tous nous éclairer !

K.G
rahime
Hésa
daassi


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