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La reprise se fera avec les banques ou ne se fera pas
CONJONCTURE ECONOMIQUE
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 07 - 2016

La contribution des banques au financement de l'économie est-elle compatible avec l'évolution de leurs résultats ?
La tenue des assemblées générales des différentes banques de la place et la publication, dans la foulée, de leurs chiffres d'exercice ont été une occasion pour certains analystes et des représentants de la société civile de dénoncer l'aisance des indicateurs de rentabilité du secteur face à une contribution au soutien de l'activité économique qualifiée de « modeste ». Qu'en est –il au juste ?
En cette conjoncture difficile, le financement de l'économie revêt une importance particulière. Cela nous amène à nous interroger sur le rôle joué en la matière par les banques tant pour ce qui est du volume des moyens financiers fournis pour la relance de notre appareil productif que de leurs adéquations avec les objectifs de croissance fixés. Car qu'on le veuille ou non, la pérennité de notre économie reste, en grande partie, tributaire de la contribution financière du secteur bancaire.
Fortes de leur pouvoir d'intermédiation, les banques restent, quoi qu'on dise, les premiers financeurs de l'économie tunisienne. Certes, la morosité de la conjoncture et l'effet de quasi stagflation qui se dessine ont fait reculer quelque peu la distribution des crédits, particulièrement destinés aux investissements productifs. L'incapacité ou la difficulté des entreprises à se financer, par les temps qui courent, sur le marché bancaire rend encore plus difficile le redémarrage de l'économie nationale. D'ailleurs, nombre de firmes ont vu leur financement bancaire s'arrêter net ou rompu brutalement, ce qui les a contraint à un réajustement rapide de leurs coûts, ce qui alimente la hausse des prix.
Parce que notre économie a les caractéristiques d'une économie d'endettement, c'est-à-dire dont le financement reste tributaire du secteur bancaire (contrairement à l'économie des marchés financiers, vu la faible contribution de ce secteur audit financement), les banques continuent de jouer un rôle prépondérant dans ce contexte et restent les premières concernées par le financement de l'économie dans nos contrées.
Or, une question s'impose : les banques font-elles l'effort nécessaire pour contribuer au financement de l'économie ou se suffisent-elles d'un rôle de rentier, privilégiant leurs intérêts et leurs profits stricts ?
Certes, les banques tunisiennes, publiques et privées, se sont engagées à poursuivre, en cette conjoncture difficile, le financement de l'économie nationale, mais force est de constater que l'accroissement de leur contribution au financement de l'économie aura été, au terme de l'année 2015, le plus faible sur les dix dernières années (voir graphique).
Sur un autre plan, les indicateurs de rentabilité : taux de marge (c'est le rapport de l'excédent brut d'exploitation à la valeur ajoutée), ROA (rendement des actifs), ROE (rentabilité des fonds propres), Ratio de couverture des immobilisations et des non-valeurs par les fonds propres restent au vert. Certes, les créances immobilisées (ou impayées) ont connu un léger accroissement l'année écoulée (15,7%), mais cela demeure intimement corrélé au contexte conjoncturel difficile.
En tout état de cause, l'atonie persistante de l'activité économique dans notre pays amène à réfléchir sur le rôle de la création monétaire dans le financement de la croissance et particulièrement l'apport des banques primaires ou commerciales en la matière, surtout qu'elles demeurent au premier rang des intermédiaires financiers sous nos cieux.
Pour un véritable
tandem banques–entreprises
Afin de densifier notre tissu industriel en lui fournissant tout le soutien financier nécessaire, l'économie tunisienne a plus que jamais besoin de banquiers-partenaires qui accompagneront les firmes déjà existantes et les prémuniront de tout risque d'arrêt de l'activité et faciliteront l'émergence de nouvelles entités économiques en améliorant substantiellement l'accès du crédit.
Les garanties bancaires ne doivent répondre qu'à l'impondérable mais ne doivent pas continuer à être la condition essentielle pour l'accord de crédit par la banque. C'est plutôt la crédibilité et la rentabilité potentielles du projet ou de l'affaire qui doivent être déterminantes dans la décision de l'accès au financement bancaire. Cette règle apprise par la plupart des dirigeants et cadres bancaires reste en réalité très peu applicable. Alors trêve de frilosité, pour appuyer les initiatives d'investissement, de création et de développement des entreprises car la profession bancaire rime avec audace et prise de risque (sur laquelle elle est rémunérée d'ailleurs), certes raisonnée. Car sans entreprises en bonne santé — véritables rampes de lancement de l'économie — point de croissance vigoureuse et donc pas de richesses à répartir entre les différents agents économiques. La capitalisation des banques publiques et le dynamisme de nos banques privées devraient encourager les établissements de crédit à s'adapter aux exigences des firmes tunisiennes, notamment les PME et les nouvelles entités productives en phase de création, à travers une évaluation plus appropriée du risque de la relation de clientèle ou de crédit pour contribuer ainsi à l'effort de résorption du chômage.
Les promesses de la nouvelle loi bancaire n°2016-48 du 11 juillet 2016, notamment pour ce qui est de la latitude offerte aux banques d'étendre et de diversifier leur activité sont un stimulus de plus pour que les banques s'emploient à dénicher de nouvelles opportunités d'investissement telles par exemple la contribution aux fusions et acquisitions des entités productives pour créer des entreprises plus compétitives et donc plus résistantes aux bouleversements de la conjoncture. Outre la relation-client qui met à la disposition de la firme une large gamme de services financiers, pourquoi la banque n'envisage-t-elle pas — pour renforcer ladite relation et pour atténuer tous les risques de non remboursement ou autres de gestion— de détenir des participations au capital de ses entreprises– clientes, particulièrement les PME pour enfin constituer de véritables tandems dans l'intérêt des deux parties ?
Repenser le métier de banquier
La banque est aujourd'hui à la croisée des chemins : accaparée par la préservation de ses grands équilibres et par la distribution régulière des dividendes à ses actionnaires, elle s'éloigne de sa vocation originelle d'être le partenaire des entreprises et des ménages et surtout leur soutien durant les temps difficiles. Le propos n'est pas de vouloir que les banques prennent des risques inconsidérés pour accompagner les opérateurs économiques et les particuliers, mais plutôt pour souligner que le durcissement de l'accès au crédit n'est pas l'orientation salutaire pour sortir notre économie de l'ornière.
Les banques tunisiennes se trouvent ainsi face à de nouvelles responsabilités : pour rassurer davantage leurs partenaires et fidéliser leur clientèle, elles devront être plus imaginatives et plus réactives pour adopter un soutien plus adapté aux spécificités de la conjoncture et à la situation des usagers de banque (tarification plus en rapport avec le coût moyen de la vie et avec les conditions d'exercices des firmes, une qualité de service et un conseil adaptés, être plus à l'écoute des préoccupations de leur clientèle, être un acteur dynamique de responsabilité sociétale, etc.)
Outre le libre-arbitre, il ne faut pas perdre de vue qu'une meilleure contribution des banques au financement de l'économie nationale reste corrélée à l'amélioration du taux de bancarisation et à la consolidation de l'inclusion financière en Tunisie. En favorisant l'accès de l'ensemble de la population et de toutes les entreprises économiques à des services bancaires adaptés à leurs besoins, les banques et autres vecteurs du système bancaire disposeraient d'une marge non négligeable de développement de leurs chiffres d'affaires, ce qui ne peut que se répercuter positivement sur leur rentabilité et profitabilité.
La consolidation plus poussée de la contribution des banques au financement de notre économie demeure nécessaire pour hisser notre production à son potentiel et renouer avec des taux de croissance économiques bien plus consistants.
Ce qui constituerait un signal rassurant pour l'accélération de l'investissement pour stimuler le dynamisme économique et booster la création de richesses et relancer un appareil de production quelque peu paralysé et timoré. Il s'agit là, à coup sûr, d'un devoir, du moins moral, de nos banquiers envers un pays qui lutte pour enraciner sa démocratie naissante et dont le potentiel reste imposant. Adopter une attitude réellement citoyenne qui montre son soutien indéfectible à une économie en crise et où la volonté de donner doit dépasser celle d'en prendre.
Outre le sens de solidarité et la démocratisation de l'acte d'investir, cela participera à la libéralisation des énergies, au développement des initiatives et à la stimulation de l'esprit d'entreprise, comportement qui devrait d'ailleurs, appuyer définitivement la réconciliation avec nos établissements de crédit. Certes le financement de l'économie nationale reste à prédominance bancaire, mais on est en droit d'exiger davantage de nos banques (sans faillir pour autant aux règles d'orthodoxie financière) afin qu'elles poursuivent l'œuvre de développement réciproque initiée depuis la «tunisification» du secteur, en 1957, millésime mémorable qui coïncide également avec la proclamation de la République Tunisienne.


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