L'implication des fonctionnaires n'est pas évidente mais la Corée du Sud a choisi d'instaurer un critère d'évaluation du rendement des fonctionnaires en se basant sur leur efficacité dans le domaine du «e-people». Pourriez-vous nous présenter ce projet de plateforme e-people? C'est un programme «e-gouvernance» ou un système «e-people» qui va couvrir tout le territoire tunisien. Les citoyens tunisiens vont pouvoir utiliser cette plateforme via internet ou téléphone. Nous, nous allons fournir la plateforme adéquate pour cette interactivité. En Corée du Sud, nous appelons ce système «e-people» et c'est un genre de fenêtre pour écouter la voix des citoyens. Ces derniers, à travers cette plateforme, peuvent porter plainte ou dénoncer des cas de corruption, ou encore faire des suggestions. Nous travaillons avec le ministère de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, ainsi que les dix sites pilotes dont l'Instance nationale de lutte contre la corruption. Pour le choix des sites pilotes, on a sélectionné d'abord les sites qui utilisent beaucoup de systèmes informatiques. Le plus important ici est la volonté de participer à ce projet. L'année prochaine, nous allons aider la Tunisie à installer le système informatique et, à partir de 2018, c'est la Tunisie qui doit gérer et maintenir le système. En 2017, nous allons donner quelques guides et formations pour l'aider à le mieux gérer. Vous commencez avec ces sites pilotes. Votre apport est-il d'ordre financier ou technique et quelles sont les étapes de ce projet? C'est un genre de package avec le soutien technique, le financement pour le développement du système. Nous venons de finir la première phase du projet qui concerne la conception du système. Nous avons analysé le processus, c'est-à-dire comment réagissent les officiers et cadres du gouvernement face aux plaintes et dénonciations des cas de corruption. Actuellement, nous avons un système et nous allons soutenir son implémentation avec son développement et sa promotion. Je pense qu'il sera opérationnel vers la fin de l'année prochaine. Chez nous, la généralisation du système nous a pris un peu de temps mais sa réputation est très bonne parce que les fonctionnaires du gouvernement répondent très rapidement et avec efficience et un grand sens de la responsabilité. C'est que ce secteur est très important dans l'évaluation de leur rendement et la promotion des fonctionnaires et officiers. Aussi, ce travail fait partie d'un système d'évaluation des différents ministères en matière d'«e-people». Après cette première phase, on devra standardiser le processus de pétition et à partir de là, la généralisation du système pourra être effectuée. La garantie de la confidentialité des données personnelles notamment des personnes dénonciatrices des cas de corruption est-elle assurée par ce système et qu'en est-il pour l'expérience coréenne? Bien sûr, l'identification est très importante en Corée et nous avons conçu le système «e-people» de façon à ce qu'on protège l'identité des personnes. Seules les personnes opérant sur le système ont le droit d'accéder aux identités des dénonciateurs. La sécurité des identités est assurée et à un niveau très élevé. Ce système permet plusieurs méthodes d'analyse des données et autorise d'être en possession de statistiques qui sont importantes et peuvent être une source d'implication pour les décideurs et la société civile. Pour la promotion de ce système «e-people», dans une première phase, on pourra le faire via la télé et les SMS. Aussi, la formation des fonctionnaires est importante pour relever le degré de conscience de l'importance de ce système et ce n'est pas évident qu'ils y adhèrent tout de suite. Leur adhésion est décisive pour la réussite de ce processus de lutte contre la corruption.