La Russie a proposé d'instaurer une «pause humanitaire» quotidienne de trois heures La Russie et les Etats-Unis sont proches d'un accord sur une coopération militaire à Alep (nord-ouest), ville-clé du conflit syrien où s'affrontent âprement les forces de Damas et les rebelles, a annoncé, hier, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. «Nous sommes dans une phase très active des négociations avec nos partenaires américains (...) et en contact quasi permanent avec Washington», a affirmé M. Choïgou lors d'une interview retransmise à la télévision russe. «Nous avançons étape par étape vers une configuration — et je ne parle ici que d'Alep — qui nous permettra de trouver des cibles communes et de commencer à nous battre ensemble pour que la paix s'instaure sur cette terre qui souffre depuis longtemps», a-t-il ajouté. La bataille d'Alep, la plus importante depuis le début du conflit en Syrie en 2011, est cruciale pour le régime comme pour les rebelles. Les deux adversaires y ont massé des troupes et tentent de s'emparer de la deuxième ville du pays, divisée depuis 2012 entre quartiers rebelles à l'est et quartiers prorégime à l'ouest. La Russie, qui soutient l'armée syrienne par une campagne de bombardements aériens, a proposé d'instaurer une «pause humanitaire» quotidienne de trois heures à Alep afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire. Elle craint toutefois que celle-ci ne permette aux rebelles de se réapprovisionner en combattants et en matériel. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a reconnu, hier, que cette fenêtre de trois heures ne serait «pas suffisante» pour permettre d'améliorer la situation humanitaire à Alep. Moscou et Washington se sont mis d'accord en juillet après une visite du secrétaire d'Etat américain John Kerry dans la capitale russe sur une coopération accrue en Syrie afin de sauver la trêve et combattre les jihadistes, mais les modalités concrètes de cette coopération n'ont pas été rendues publiques. L'EI revendique un attentat-suicide qui a tué 32 rebelles Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué, hier, un attentat-suicide qui a tué au moins 32 rebelles dans le nord-ouest de la Syrie en guerre, près de la frontière avec la Turquie. Avant-hier soir, un kamikaze a fait exploser sa ceinture explosive près d'un bus qui transportait des rebelles se rendant, via le passage frontalier d'Atmé, en Turquie avant de revenir en Syrie par un autre passage frontalier les menant dans la province d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh). Ce long détour est nécessaire si les rebelles veulent éviter les régions aux mains du régime et des forces kurdes entre les deux passages. Au moins 32 rebelles ont péri dans l'attentat et plusieurs autres ont été blessés, a précisé l'Osdh, hier, en révisant à la hausse un premier bilan de 15 morts. L'ONG, qui s'appuie sur un large réseau de sources à travers le pays en guerre, a affirmé que l'attentat a eu lieu alors que le bus entrait en Turquie. Dans un communiqué sur Twitter et Telegram, l'EI a affirmé que l'un de ses kamikazes avait «fait détoner sa ceinture explosive parmi les rebelles qui se préparaient à aller combattre les jihadistes». La province d'Alep est morcelée entre les différents protagonistes de la guerre en Syrie, avec des régions contrôlées par le régime, d'autres par les rebelles syriens ou encore par l'EI ou par les jihadistes rivaux de Fateh Al-Cham (ex-Front Al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda). Des combats ont souvent opposé rebelles et jihadistes de l'EI dans cette province, notamment près des villes de Marea et d'Azaz, fiefs des insurgés. La guerre en Syrie, qui met aux prises divers acteurs locaux, régionaux et internationaux et a permis la montée en puissance des groupes jihadistes, a fait plus de 290.000 morts et poussé à la fuite plusieurs millions de personnes.