Le président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie s'est subitement retrouvé sur le banc des accusés pour avoir, semble-t-il, refusé d'appeler à la tenue de nouvelles élections, vivement réclamées par les professionnels du secteur. Qu'en pense madame la ministre? Continuant de subir durement le contrecoup économique du terrorisme en dépit d'un léger mieux constaté cet été, le tourisme tunisien est-il devenu si maudit que, dès qu'il se relève d'un K.O., c'est un autre uppercut qu'on lui balance sur la figure ? Est-il écrit quelque part qu'il ne sera jamais au bout de ses déboires ? Ces deux interrogations, quoiqu'indésirables, sont hélas d'actualité, rien qu'en se référant au conflit (encore un) qui oppose les professionnels du secteur à leur fédération. Un conflit qui a trouvé sur la Toile un terrain fertile pour dénoncer, à coups d'accusations intempestives et enflammées, «le refus de l'actuel président de ladite fédération d'appeler à la tenue de nouvelles élections». Pour certains hôteliers basés à Hammamet, à Sousse, à Monastir et à Mahdia contactés par «La Presse», «ce niet est d'autant plus bizarre et révoltant que le mandat dudit président est terminé depuis belle lurette et qu'un sang neuf doit être infusé à cette importante structure qui a toujours assisté, impuissante, à l'effondrement de notre tourisme». Et ce n'est pas tout, dans la mesure où, sur des murs de Facebook, on n'hésite pas à enfoncer le clou, en parlant de «scandales émaillant le secteur», «de... présidence à vie de la fédération», allant jusqu'à reprocher à la ministre du Tourisme et de l'Artisanat son silence complaisant!! Pour d'autres hôteliers, lit-on encore, «l'heure ne peut être qu'au ras-le-bol, quand on sait que la Fédération tunisienne des agences de voyages, à l'opposé de notre fédération, continue de fonctionner dans la transparence, tout en donnant l'exemple en tenant récemment son assemblée générale élective». Qui tranchera ? Sommes-nous aujourd'hui face à l'affrontement entre des forces irréconciliables qui se regardent en chiens de faïence ? Cette hypothèse n'est pas à écarter, d'autant plus qu'une source de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie nous a précisé que «la fédération a, pour le moment, d'autres priorités plus urgentes que les élections, afin de mieux soutenir l'embellie que connaît notre tourisme, à l'heure actuelle». Autrement dit, c'est à un dialogue de sourds qu'on a droit. Et c'est de guerre lasse pour un secteur dont tous les acteurs, au lieu de s'entretuer, gagneraient à se montrer solidaires, unis et conscients de l'ampleur de la crise dans laquelle il végète encore. Du coup, il n'y a pas photo : la balle est désormais dans le camp de la tutelle qui, condamnée à l'obligation de résultat, est appelée à trancher avec autant de poigne que de transparence. Et le plus tôt sera le mieux.