On parle toujours de la bonne gouvernance, de l'Open-Gov et de l'intégration économique régionale mais on attend toujours les actes. Hier, la conférence ministérielle Mena-Ocde tenue à Tunis sur la gouvernance, la compétitivité et l'investissement s'est soldée par une déclaration comportant 19 commandements à même de favoriser la croissance inclusive Au moment où la Tunisie tente de motiver ses partenaires et ses amis afin qu'ils participent massivement à la conférence internationale sur l'investissement qu'elle organise les 29 et 30 novembre prochain, la promotion de la gouvernance et de la compétitivité s'impose en tant que choix incontournable pour que les investisseurs étrangers reviennent dans notre pays et fassent redémarrer la machine économique nationale grippée depuis l'avènement de la révolution. Comment encourager les bailleurs de fonds à sortir de leur inertie et à dépasser les craintes qu'ils ne cessent d'invoquer pour expliquer ou justifier le fait qu'ils tardent à concrétiser les promesses qu'ils ne cessent d'exprimer de soutenir effectivement la jeune expérience démocratique tunisienne ? La question a dominé, hier, les travaux de la conférence ministérielle Mena-Ocde 2016 pour la gouvernance et la compétitivité tenue à Tunis sous la présidence de Youssef Chahed, chef du gouvernement. «La Tunisie, souligne-t-il, est engagée à développer le partenariat avec tous les pays participant à l'initiative de la gouvernance et de la compétitivité de la région Mena et de l'Organisation de la coopération et du développement économique (Ocde).. Nous appelons tous les présents à participer au Forum ‘‘Tunisie 2020'' (la conférence internationale sur l'investissement) dans le but de découvrir les projets que notre plan de développement 2016-2020 comporte». Les propos du chef du gouvernement sont clairs et précis : la Tunisie est une destination d'investissement séduisante et elle est ouverte à toutes les propositions. D'ailleurs, le secrétaire général de l'Ocde n'a pas manqué de se féliciter de l'adhésion de la Tunisie à la gouvernance ouverte connue sous l'appellation Open-Gov. Et comme certaines difficultés administratives continuent à persister, il est urgent de fournir un effort supplémentaire pour que l'administration se mette à niveau et rompe avec ses anciennes pratiques, le but étant de faciliter aux investisseurs les conditions d'installation dans la région. Deux ou trois années pour sortir de la crise Les débats ont permis aux participants de découvrir les réalités actuelles de la Tunisie, mais aussi les perspectives qui lui sont offertes pour sortir de sa crise. Mais à quelles conditions? Fadhel Abdelkefi, ministre de Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, affirme: «Dans les deux ou trois années à venir, nous pouvons sortir de la crise à condition de maintenir la stabilité politique et sécuritaire, de réduire le déficit public et de réhabiliter la valeur travail». Et le ministre d'insister: «Nous sommes déterminés à arrêter la spirale des déficits et à simplifier au maximum les procédures administratives. Et l'Ocde est appelée à soutenir non seulement la Tunisie dans cet effort mais aussi l'ensemble de la région maghrébine considérée comme la région la moins intégrée dans le monde, d'après les études de l'Ocde elle-même. Cette absence d'intégration nous vaut un manque de croissance de 1,5 à 2%, soit près de 34.000 postes d'emploi à créer annuellement». Et comme les chiffres sont implacables, l'accent a été mis sur l'urgence d'imaginer une nouvelle approche de ce qu'on appelle une croissance inclusive. Elle signifie la réduction des barrières commerciales, l'ouverture des marchés et la facilitation des investissements. Déclaration de Tunis : Les 19 commandements de la croissance exclusive La déclaration de Tunis publiée à la fin de la conférence ministérielle Mena-Ocde sur la gouvernance et la compétitivité a adopté une série d'engagements gouvernementaux sur l'initiative et la coopération régionale. La déclaration qui comporte 19 points constituant des engagements des pays de la région Mena et l'Ocde, a été adoptée, hier, à la clôture de la conférence ministérielle sur la gouvernance et la compétitivité tenue hier à Tunis. Les participants à la réunion ont affirmé que les réalisations de plus de 10 années de coopération approfondie permettent de mettre en place un programme ambitieux de travail, auquel les pays de la région Mena adhéreront et contribueront à la définition de standards de plus haute qualité dans le processus de création politique, et ce, dans l'optique de promouvoir une croissance inclusive et une intégration économique, précise le texte de la déclaration de Tunis. Ils ont réaffirmé l'importance des principes de l'initiative fondée sur le partenariat, l'appropriation, la présidence conjointe, l'apprentissage par les pairs, les processus de consultation et de participation axés sur la demande et l'engagement réciproque, mettant l'accent sur l'importance de la compétitivité et de la gouvernance comme leviers clés pour le développement socio-économique dans la région. La déclaration appelle le secrétariat de l'Ocde à informer le comité de pilotage de l'initiative Mena-Ocde des progrès de ces programmes et leur contribution aux agendas de la compétitivité et de la gouvernance. Le même texte accueille favorablement en particulier le Pacte de Deauville sur la gouvernance économique prévoyant un cadre pour les objectifs clés de politiques publiques pour promouvoir une bonne gouvernance et un climat des affaires sain. Il souligne l'importance de promouvoir une coopération interrégionale plus proche, reconnaissant le plan d'action pour l'inclusion financière adopté à la conférence du partenariat de Deauville du G7 sur l'inclusion financière responsable pour l'inclusion sociale et la stabilité. Les participants ont évoqué le besoin de promouvoir des alliances entre les Etats, le secteur privé et les acteurs de la société civile aux fins de promouvoir la gouvernance économique et la compétitivité menant à la création d'emplois. Ils se sont félicités de la contribution du comité consultatif de la société civile Mena-Ocde et du comité consultatif des affaires Mena-Ocde dans la mise en œuvre du programme de travail. La déclaration de Tunis reconnaît la pertinence des instruments de l'Ocde afin de fournir des conseils et de l'inspiration aux gouvernements à travers le monde, invitant les pays de la région Mena à adhérer à ceux correspondant le plus à leurs priorités et leurs domaines de travail, et accueillant l'augmentation significative des adhésions. Le texte souligne l'importance du lien entre les groupes de travail, réseaux Mena-Ocde et comités de l'Ocde. Félicitant le programme-pays Maroc, les participants invitent le Maroc à partager son expérience avec d'autres pays à travers l'initiative Mena-Ocde. Le document appelle tous les pays de l'Ocde et Mena à contribuer à la mise en œuvre effective de l'Accord de Paris sur les changements climatiques.