La Presse — Wallah, cette station s'imposait. Quiconque dont l'oreille aurait accroché au passage cette curieuse appellation se serait arrêté pour en savoir plus. Une association philanthropique qui s'appelle « Wallah We Can », ça ne court pas les rues de la vie associative. Ça sonne à la fois si tunisien et tellement étrange(r) que ça ne peut pas ne pas vous interpeller. Alors, qu'en est-il ? Une rapide incursion sur le site de cette ONG vous apprend d'entrée de jeu que celle-ci est bien tunisienne. Elle a été fondée en 2012 par l'entrepreneur Lotfi Hamadi, originaire de Makthar, à son retour en Tunisie après la Révolution. C'« est une association apolitique et non religieuse, qui œuvre en faveur de l'enfance et de la jeunesse en Tunisie ». Son objectif est de « garantir aux enfants le droit à la santé, à l'éducation, à la protection physique et juridique et l'épanouissement à travers [des] projets durables». A cette fin, « Wallah We Can » a multiplié les projets et les actions dans le domaine éducatif, de la santé ou encore par l'accompagnement à l'autonomie énergétique des établissements scolaires ». Et c'est le collège de Makthar (570 élèves) qui lui a servi de laboratoire pour développer toutes sortes de solutions, toutes en rapport avec son projet basé sur l'idée de transformation des établissements publics en entreprises sociales et solidaires. Une approche qui génère des profits réinvestis dans des infrastructures pédagogiques et ludiques L'association promouvra à Makthar une approche basée sous le label de Grenschool sur 4 thématiques : santé, éducation, alimentation et énergie. L'autonomie énergétique et l'autosuffisance alimentaire issues de cette approche génèrent des profits qui sont réinvestis dans des infrastructures pédagogiques et ludiques. De cette expérience vont se ramifier toutes sortes de développements qui vont dépasser les limites de l'objectif et du cadre initiaux. Elles vont s'étendre de proche en proche pour toucher davantage de domaines et de régions. Les réalisations de l'association sont trop nombreuses et trop variées pour être répertoriées ici. Mais peut-être que la plus importante d'entre elles est-elle de nature sémiotique. Le pouvoir des mots (fussent-ils partiellement étrangers : Wallah we can) lorsqu'ils sont porteurs de projets clairs. Ils sonnent alors à la fois comme un défi et une injonction à mobiliser toutes les bonnes volontés en vue de réalisations grandioses. L'action philanthropique du départ s'est muée aujourd'hui en entreprise de grande envergure qui agit sur le modèle d'une fondation de grande pointure. Nous y reviendrons.