Par Tahar EL ALMI (Dr en économie) La semaine dernière, en plein mois de Ramadan, malgré quelques prises de bénéfices, les indices sectoriels boursiers ont encore rebondi ! Encore ? Me direz-vous… mais c'est le rallye haussier! La quasi-totalité des espaces médiatiques boursiers de la place de Tunis et autres sites attribuent cette tendance haussière, ce sursaut, diront les analystes, à l'intervention généreuse d'une seule entité, mais non la moindre : le marché lui-même. Le marché a proposé son "soutien haussier" aux opérateurs qui jouent la Bourse à la hausse, avec comme toile de fond: "La hausse engendre la hausse"… et tout le monde y trouve son compte. L'effet de rattrapage des indices s'accélère pour retrouver les rythmes de 2009. Nous allons reparler de la nature exacte de ce soutien... mais il est certain que le rebond hebdomadaire du Tunindex de près de 1,95% à la date de la semaine au 3 septembre 2010 (3,121% pour les banques, 2,44% pour les sociétés financières, 2,07% pour la distribution et 1,54% pour les services aux consommateurs) laisse rêveur plus d'un investisseur étranger empêtré dans sa propre crise boursière. Mais comment ce peut-il ? Le marché financier, aussi puissant soit-il, a-t-il vraiment ce pouvoir de redonner confiance aux opérateurs pour qu'ils se positionnent "acheteurs" en Bourse ? Je n'y crois pas spécialement. Bien sûr, il est toujours facile d'expliquer les mouvements de cours a posteriori — et de leur trouver une interprétation "logique". Mais laissez-moi vous montrer comment les préalables se présentaient alors du point de vue des fondamentaux pour que le marché préparait ce rebond, avant même l'annonce des fondamentaux macroéconomiques. Au cours du premier trimestre 2010, les précurseurs (les familiers de la Bourse) se repositionnent pour jouer le rebond technique. Ils comptent – et ils ont raison — sur une politique monétaire d'accompagnement de la relance de l'activité. La profusion des liquidités monétaires les confortent dans leurs anticipations. Le mouvement acheteur de titres se déclenche… le Tunindex progresse, sous l'effet de la hausse des cours … l'effet de levier haussier fait le reste : la hausse entraîne la hausse. Deuxième lancée, l'effet d'annonce des indicateurs d'activité qui vient pour consolider le mouvement : l'effet de la relance économique (dopage de la demande intérieure et politique prudente du crédit facile) s'exerçant essentiellement sur les secteurs banques, services financiers, distribution et services aux consommateurs fait le reste. Au final, les opérateurs ont trouvé le prétexte et le fondement rêvés pour conforter leur sentiment d'un rebond. Le marché : extralucide ou efficient ? Les deux parce que la Bourse est subjective. Mais en tant qu'entité collective, le marché n'est pas " extralucide " au point de lire l'avenir. Mais cette subjectivité incite à interpréter les indicateurs jugés pertinents pour prendre position en Bourse. La question est de savoir comment analyser les indicateurs jugés pertinents. Il arrive des indicateurs avancés que nous parvenons à déchiffrer et à anticiper, on ne sait pas ce qui se passe précisément... mais on sait que quelque chose se prépare. C'est la raison pour laquelle les analystes estiment que "tout est dans les cours", parce que le marché a déjà intégré ces nouvelles informations dans les cours. Et si les indicateurs avancés "lisibles dans les cours" sont pertinents avant la lettre, une communication financière exhaustive doperait et stabiliserait les cours. Avec à la clé plus de rendement et moins risque.