Une conférence de presse a été organisée hier à l'IVD pour présenter un maping des violations des droits de l'Homme. Cette opération représente, selon le directeur des études de l'instance, «un premier pas pour le dévoilement de la vérité» «Trente-deux violations des droits de l'Homme ont été identifiées par nos équipes, constituées de plus de 60 jeunes chercheurs, des sociologues, des juristes et des historiens. Elles couvrent une période historique fixée par la loi, allant de juillet 1955 à décembre 2013, et se réfèrent à la loi organique relative à la justice transitionnelle, à la Constitution tunisienne et aux conventions internationales en matière de droits de l'Homme. Cette cartographie des atteintes aux droits de l'Homme, que nous avons établie grâce à des sources extérieures à l'IVD, des livres, des articles et les rapports des organisations internationales sur les événements où les citoyens sont entrés en conflit avec le pouvoir, va nous permettre, en corrélant les faits les uns aux autres, d'initier les investigations et les analyses des 62 000 dossiers des victimes reçus par l'IVD », déclare Slah Eddine Rajhi, directeur des études dans une conférence de presse organisée hier au siège de l'IVD en présence de plusieurs commissaires ainsi que de la présidente de l'instance, Sihem Ben Sedrine. Selon le maping établi par l'IVD, les violations qui ont jalonné l'histoire de la Tunisie vont de l'homicide volontaire à la peine de mort sans garantie d'un procès équitable, aux arrestations arbitraires, à la torture, au viol, aux disparitions forcées, aux violations du droit à la vie privée, aux atteintes à la liberté d'expression, de presse et de publication, au contrôle administratif. Elles se poursuivent avec la violation du droit à la santé, la privation du droit au travail, la violation du droit au logement, la violation du droit d'accès à la justice, la violation du droit à la liberté de rassemblement pacifique, la violation du droit à la liberté vestimentaire, la violation des libertés académiques, la violation du droit à la culture, la violation du droit à la propriété, la violation du droit à la pratique religieuse. La marginalisation méthodique de régions spécifiques fait également partie de ce maping, ainsi que la non-reconnaissance du statut de militant contre la colonisation, la fraude électorale, la corruption financière et le détournement des deniers publics et la contrainte à la migration forcée pour des raisons politiques. Vérifier et recouper les données D'autre part, l'IVD a défini 18 thématiques, qui correspondent aux différentes crises politiques qu'a connues le pays le long de ces soixante dernières années, moments où s'aiguisent les exactions contre les opposants aux régimes en place. Ces épisodes noirs de l'histoire commencent avec le conflit youssefiste (1955-1963) et la guerre de décolonisation. Ils couvrent les tentatives de coup d'Etat de 1962, de 1980, de 1987 et de 1992 (Barraket Essahel), les confrontation des autorités avec les islamistes (1981/1983/1986/1987 1990/1991/1992/1995), avec la gauche (1955-2010), avec les syndicalistes, avec les nationalistes, avec les étudiants, les événements du pain (1984), le soulèvement du bassin minier (2008), la période de la révolution tunisienne (17 décembre 2010-14 janvier 2011), les assassinats politiques et les attentas terroristes post-14 janvier. «La deuxième étape de notre travail consiste à écouter les victimes faisant partie des différentes familles politiques pour que nous puissions déterminer le background de la violation, ses circonstances et son contexte. En recoupant les données entre nos sources externes et nos sources internes, nous pourrons dévoiler la vérité sur les zones d'ombre qui émaillent notre histoire, une priorité pour nous», ajoute Slah Eddine Rajhi. Cette matière très riche que l'IVD continue à recueillir sera livrée à la fin de la mission de la commission vérité aux historiens pour qu'ils la soumettent à une démarche scientifique visant à écrire une histoire des soulèvements et des dissidences qui a toujours été tue en Tunisie.