Autant l'Espérance doit avancer dans le bon sens, autant elle aura le droit d'aspirer à un football qui ne soit pas la vitrine d'une quelconque déformation, qui ne lui va pas et qui ne sera jamais la sienne. Entre l'EST et la coupe d'Afrique, c'est une histoire qui ne semble pas avoir de fin... L'Espérance n'est pas censée aujourd'hui ignorer que c'est le football de l'efficacité qui a toujours raison. Avec l'effectif dont elle dispose actuellement, et surtout la nouvelle génération qui émerge et qui retient l'attention, elle ne doit pas s'égarer surtout dans la recherche et dans l'affirmation du modèle qu'elle cherche encore à reproduire. Il serait tout à son honneur d'avoir refusé les conceptions et les méthodes susceptibles d'engendrer des contradictions dans son jeu. Elle donne désormais l'impression d'en avoir le cœur, les moyens et les arguments pour y résister. Mais il lui faut encore forcer pour espérer grandir dans la foulée de la Ligue des champions et dans l'exploration des registres auxquels elle ne s'est pas complètement adaptée. C'est ainsi que se joue la différence au plus haut niveau. Le temps est venu pour que l'Espérance s'efforce de donner cohérence, intelligibilité et prolongements à ses nouveaux atouts, à ses nouvelles institutions. Le tout dans le but de contribuer à ce qui pourrait un jour ressembler à ce qu'on peut appeler une véritable équipe d'Afrique. Principale priorité : apprendre à gagner par K.O. Pour le, moment, elle est à sa place qui n'est ni celle d'une équipe moyenne, ni celle d'une surdouée. Mais cela ne devrait pas pour autant l'empêcher de tirer le maximum de profit des circonstances et des événements. Le temps du passage moyen aux prestations qui dégagent de véritables horizons accrédite toutefois la thèse d'une marge de progression plus qu'évidente. La Ligue des champions offre inéluctablement les principes et les valeurs de compétitivité à travers lesquels une équipe comme l'Espérance se doit de s'identifier. En avoir la fidélité ne peut pas être seulement un plan de carrière, mais également un choix de cœur. Au fil des opportunités, des rendez-vous, elle devrait mener son combat de la manière la plus engagée et la plus significative. Les épreuves africaines exigent une logique de fonctionnement cohérente, pertinente mais chaque match devrait être envisagé sous un angle bien précis. La valeur d'une équipe comme l'EST se mesure aujourd'hui à ses facultés d'adaptation africaine. L'on penserait que pour marquer son passage dans cette épreuve africaine, il serait bon qu'elle puisse écarter toute idée de suffisance et de relâchement pour faire face à des exigences de tous les moments, de tous les instants... Au-delà de ce que ses joueurs seraient en mesure de laisser entrevoir ce soir face à un adversaire dont le profil et les aptitudes se rapprochent en quelque sorte de ceux de l'EST, c'est tout le comportement collectif qui devrait primer. Il ne serait pas vain de le rappeler, même si l'on ne cesse de le répéter : les priorités "sang et or" tournent autour de la nécessité de mettre en valeur tout ce qui se rapporte au jeu, à la créativité, à l'inspiration et à la vertu naturelle des joueurs qui en ont vraiment les aptitudes et qui en éprouvent tout particulièrement le besoin. Dans un pareil contexte, dans une échéance aussi motivante, l'on ne saurait être accessible à un quelconque relâchement. A un football de bas étage. L'équipe n'en a plus le choix aujourd'hui, compte tenu de ce qu'elle est tenue d'accomplir et surtout d'obtenir. Plus encore, le statut auquel elle est arrivée ne lui permet plus le moindre relâchement. Mais la perspective d'un éventuel exploit africain n'implique-t-elle pas forcément des ambitions élevées? Les joueurs qui pourraient apporter à ce niveau le plus escompté ne manquent pas à l'équipe. On les voit, on les sent capables de tout, certainement du meilleur, mais quelquefois du pire aussi! La réussite à laquelle aspire l'Espérance nous enseigne qu'une bonne équipe n'est pas uniquement soumise à la dictature des résultats. L'EST, dans sa version actuelle, se présente également comme l'incarnation vivante en faveur d'un football d'implication et d'adhésion collective. Autant de qualités et de bonnes volontés peuvent-elles suffire à la Ligue des champions? Quoi qu'il en soit, autant l'Espérance doit avancer dans le bon sens, autant elle aura le droit d'aspirer à un football qui ne soit pas la vitrine d'une quelconque déformation, qui ne lui va pas du tout et qui ne sera jamais la sienne. Et c'est précisément pour cette raison qu'elle aurait intérêt à confirmer les paramètres de l'exploit sportif en termes de certitudes et de convictions. D'une certaine culture de jeu, mais aussi de mode d'emploi, de discipline et d'abnégation…