Le CSS est le genre d'équipe qui donne plus d'équité, plus d'honnêteté morale au football A quoi pourrait ressembler le CSS des années à venir ? Certainement à ce qu'il a toujours été, notamment du temps où il avait décidé de réussir ce que beaucoup d'autres clubs n'ont pas encore réussi jusque- là, mais aussi ce qu'il lui reste encore et toujours à accomplir. A sa façon d'évoluer, l'équipe sfaxienne a souvent su réclamer sa diversité. Un tempérament et un comportement d'un genre bien spécial et auquel l'équipe ne cesse d'ailleurs de s'identifier. Cela ne l'a pas cependant empêchée de dégager à la fois un mélange de satisfaction et de déception, de sérénité et de doute. La métamorphose de l'équipe s'est ainsi imposée, surtout à travers ce qui est de nature à lui permettre de s'exprimer selon les vertus individuelles et collectives de ses joueurs. Les entraîneurs débarquent, les entraîneurs s'en vont et le CSS reste toujours fidèle à ses principes de jeu. Le même tempérament, le même style et une priorité absolue pour les formules d'attaque qui n'ont jamais été épuisées. Au-delà de ce qu'il laisse entrevoir aussi bien au niveau technique que dans la spontanéité de jeu et de comportement, il a toujours envisagé son avenir de la même façon, et surtout avec les mêmes motivations. Il ne faudrait certainement pas s'en douter : l'équipe sfaxienne avance, en dépit de ce qu'elle avait pu parfois gâcher, dans le bon sens. Elle ne cesse d'ailleurs d'aspirer à un football qui n'est pas la vitrine d'une déformation qui ne sera jamais la sienne. Sa particularité est de mettre en œuvre et correctement la spécificité footballistique, la vraie. L'on sait, du reste, que le football n'est pas une activité comme les autres. Il implique des valeurs, des vertus, une culture. Cela, on l'a bien retrouvé au sein d'une équipe qui ne cesse de se protéger des nouvelles tendances qui ne font que dénaturer une activité et un environnement qui ne répondent plus forcément aux mêmes exigences. Sans tomber dans une quelconque exagération, le CSS est le genre d'équipe qui donne plus d'équité, plus d'honnêteté morale au football. Exemplaire et inimitable... Mais quand tout cela arrive à manquer pour toute équipe de football, le Club Africain en premier lieu, on risque bien de perdre une partie de son âme et beaucoup de sa spontanéité, notamment face à des obligations qui sont loin de refléter les dispositions de ses joueurs et encore moins la vocation de toute l'équipe. Des obligations qui ne semblent pas justement reproduire les priorités d'un ensemble qui, dans sa version actuelle, se cherche un rôle plus qu'il ne se construit. Il y a assurément des scénarios devant lesquels le CA aurait bien des difficultés de se libérer et de s'exprimer pleinement. Cela n'a cessé de constituer un obstacle pour un surpassement plus que jamais nécessaire. Il faut dire que s'il lui arrive de vaciller, l'équipe se devait pour autant de rester debout et satisfaire les exigences de jeu pour ne pas chuter de la sorte. Et dire qu'avant la demi-finale face au CSS, elle donnait l'impression d'être tellement présente, tellement «envahissante» qu'on la voyait capable de tout. Surtout d'un ordre nouveau. D'une dynamique de jeu d'un autre genre et avec d'autres alternatives. Mais, paradoxalement, elle a fini par oublier l'essentiel et tout ce dont elle devait en être capable quand cela devenait justement nécessaire. La nouvelle histoire de la coupe de Tunisie, c'est le CSS qui semble le plus près d'écrire. Les nouvelles pages, les nouveaux chapitres ne seront pas difficiles à mettre en place pour une équipe qui pourrait avoir suffisamment d'arguments offensifs, de véritables formules d'attaque et produire le volume de jeu auquel elle ne cesse d'aspirer. Le jeu et le tempérament des Sfaxiens pourraient servir de repère pour toute équipe qui aurait besoin de voir plus clair dans le football. On n'est pas censé ignorer que quelque part il s'agit d'une équipe qui invente beaucoup plus qu'elle ne subit. Elle s'en est souvent procuré l'autorité. Celle qui est fondée sur l'affirmation d'un tempérament, d'un capital confiance. Ce n'est pas d'ailleurs au niveau de la stratégie seulement qu'elle a réussi à évoluer et persévérer sur la même lancée. C'est aussi et surtout dans le domaine de l'improvisation, c'est-à-dire dans le développement d'un football originel qui pourrait lui permettre ainsi de mettre sa main sur les matches. Elle n'hésite pas, par conséquent, à créer, créer encore et favoriser tout ce qui peut lui donner une plus grande dimension dans le jeu. Pas seulement par intermittence, ou encore moins selon l'esprit du moment.