Après un mois de piété et de ferveur, au demeurant chargé de solidarité et d'entraide, les Keffois ont célébré, à l'instar des autres régions, la fête de l'Aïd Esseghir, qui marque la fin de tout un mois de jeûne et de profonde communion. La fête a commencé même tôt dans la soirée du vendredi, pendant laquelle, les citoyens sont sortis en grand nombre manifester leur joie à l'occasion de cette fête religieuse aux significations multiples. En dépit d'un temps quelque peu maussade à cause sans doute du crachin tombé pendant la soirée, jeunes et moins jeunes ont envahi les artères principales de la ville où l'on pouvait trouver une activité fébrile marquée par la présence des commerçants de jouets, de pétards et d'articles de sport à même de susciter l'envie chez les jeunes gens. Aussi plusieurs badauds ont installé à la sauvette des barbecues de fortune qui dégageaient à longueur de soirée l'éternelle odeur des merguez et autres sauces préparées pour la soirée, car les Keffois ne dorment presque pas la veille de l'Aïd. Dans les cafés, les jeux de cartes sont encore là et les accrocs de la chicha peinent à en finir avec un narguilé en mal de braise. C'est qu'en fait, au-delà de la confection des gâteaux que l'on porte aux boulangeries pour les faire cuire et les ramener ensuite à la maison, c'est la cohue, car la ville ne désemplit jamais la veille de l'Aïd d'autant plus que cette année la fête coïncide avec la rentrée scolaire. Aussi le matin, les jeunes, les enfants en premier lieu, sont les premiers à faire la parade de l'Aïd en envahissant les artères de la ville, l'air joyeux et bien vêtus. Ils font tout pour montrer leurs nouvelles tenues acquises spécialement pour la circonstance. Ailleurs, l'on pouvait remarquer de nombreux citoyens s'empresser vers les cimetières pour se recueillir qui sur un père, qui une mère que l'on a perdus à jamais, mais dont l'image est toujours là. Certains embaument les tombes, d'autres les arrosent d'eau ou les garnissent de fleurs. Tous reposent en paix, les cimetières aussi, surtout depuis que l'on a accordé une attention particulière à ces lieux qui font partie du rituel de notre culte. Evénement majeur aussi, la prise de photos qui fait aussi partie de ce rituel de l'Aïd, car les enfants aiment bien se faire photographier et exhiber leurs photos devant leurs camarades. Les photographes usent, à leur tour, de tous les artifices et sortilèges pour amadouer les petits. Dans ce même ordre d'idées, les échanges de visites se multiplient consacrant ainsi le pardon comme autre manifestation de cette fête religieuse que l'on célèbre dans la joie et l'espoir d'accumuler le bonheur. Passée la matinée, la ville s'est quelque peu calmée pour reprendre son cours normal, sans pour autant perdre un peu cet air d'embrassades que l'on remarque pendant toute la journée. Le bonheur est certes dans l'air, mais aussi dans les cœurs…bénie soit la fête de l'Aïd alors.