Le Kef vit ces jours-ci au rythme du mois saint de Ramadan où le petit commerce a pris de l'ampleur, redonnant à la ville un certain dynamisme et une fébrilité qui l'ont toujours marquée à pareille époque. En dépit de la chaleur caniculaire qui a sévi pendant plusieurs jours, l'activité commerciale a repris quelque peu du poil de la bête, laissant place à une frénésie de la grande consommation, tous produits confondus. C'est que la population commence déjà à se préparer à accueillir la fête de l'Aïd, non sans avoir célébré la fête de la mi-Ramadan au cours de laquelle l'on prépare le fameux couscous à l'agneau, un plat de plus en plus sollicité, nonobstant la hausse des prix de la viande ovine et même bovine qui s'est envolée, grevant à bien des égards les bourses qui souffrent le martyre en ce mois saint. Les emplettes de l'Aïd ont commencé, partant des ingrédients des gâteaux de la fête aux vêtements de la progéniture, le tout moyennant d'importantes sommes d'argent que le commun des pères est appelé à débourser pour satisfaire les fantasmes de ses enfants. Il faut reconnaître que Le Kef vit durant les soirées de Ramadan une ambiance de fête, surtout que les instances communales ont rétabli la lumière dans la plupart des artères de la ville qui a vécu dans la pénombre pendant la première décade de ce mois et même bien avant. La ville a, en effet, repris son éclat en dépit de la baisse des fréquentations des lieux publics, excepté les cafés qui sont toujours pris d'assaut par les fans des interminables jeux de cartes. Même si la sécurité semble régner totalement dans l'ancienne Sicca Veneria avec les rondes et les patrouilles mixtes entre les forces de sécurité et l'armée, les sorties en famille se font moins nombreuses que d'habitude. Et pourtant, les enfants et les adolescents commencent à annoncer les couleurs de l'Aïd en faisant exploser, sans discontinuer, les pétards, de plus en plus assourdissants. Après que tous les liens encombrants de l'ancien régime ont été rompus, la population a retrouvé un certain goût à la vie nocturne, favorisée en cela par l'air de liberté et de ferveur ramadanesque au demeurant marqué par la multiplication des prêches et des veillées religieuses rendant ainsi aux lieux de culte le rôle qui leur est imparti en matière de consolidation de la foi et de la solidarité entre les citoyens. Autre fait marquant, celui se rattachant à la préparation des sandwichs au merguez qui se font de plus en plus fréquemment dans la ville, grâce aussi à la fumée que la préparation dégage et, qui plus est, redonne de l'appétit aux jeûneurs. En attendant, la vie continue et les citoyens parlent déjà du compte à rebours, en prévision de la fête de l'Aïd et de la rentrée scolaire et universitaire, une autre grande date qui préoccupe de nombreuses familles tant elle nécessite une bourse à part entière…