La Bourse de Tunis, qui est censée coter le fleuron des entreprises, devrait aussi être une locomotive pour que ces entreprises véhiculent les principes de la RSE. La responsabilité sociale d'entreprise ou RSE est devenue une exigence de performance de l'entreprise économique à l'international. Bien que son implémentation par les entreprises tunisiennes n'est pas assez développée, ses pratiques sont de plus en plus sollicitées surtout pour les entreprises exportatrices qui peuvent perdre des marchés s'ils n'ont pas adopté une bonne démarche RSE. Mais si elle est perçue comme une obligation par certaines entreprises, elle devrait être une démarche délibérée pour renforcer la compétitivité de l'entreprise tunisienne. «La question de la RSE ne se pose plus. Nous sommes dans une situation de non-choix. Certaines entreprises parlent de la RSE ou la norme ISO, mais Il est temps des les appliquer», lance Dhia Beltaifa, du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), lors de la 3e rencontre avec les sociétés cotées, organisée par la Bourse de Tunis, sur le thème «Comment faire de la RSE un levier de création de la valeur?» Culture RSE Cette rencontre s'adresse aux dirigeants et aux cadres supérieurs des sociétés cotées afin de leur expliquer l'impact positif sur la création de valeur des pratiques associées à la RSE. Il s'agit aussi de présenter les problématiques d'adoption et les méthodologies d'implémentation. La manifestation s'inscrit, selon Bilel Sahnoun, directeur général de la Bourse de Tunis dans le cadre de l'initiative des Nations unies «Sustainable Stocking Exchange», signée par la Bvmt en 2015, étant un engagement pour diffuser la culture RSE auprès des sociétés cotées. M. Sahnoun précise qu'il y a actuellement 58 Bourses qui adhèrent à cette initiative internationale. Selon lui, l'objectif est que la Bourse, qui est censée coter le fleuron des entreprises, doit aussi être une locomotive pour que ces entreprises véhiculent les principes de la RSE, qui se décline en trois axes : environnement, social et bonne gouvernance. Selon Mme Amel Jrad, directrice générale du Citet, la problématique se pose au niveau du suivi après l'implémentation de la démarche RSE dans l'entreprise. «Le suivi ne se fait pas automatiquement dans plusieurs cas. C'est une démarche qui doit être intégrée au niveau managérial et internalisé», affirme-t-elle. Une vision, une démarche à moyen terme De son côté, Zied Kadhi, manager d'un cabinet de consulting, a indiqué que la démarche RSE est une démarche à moyen terme, soulignant qu'elle doit être structurée selon la vision et la stratégie de l'entreprise et en cohérence avec les impacts de l'entreprise sur son environnement. Elle doit être également une démarche participative pour pouvoir réussir et être mesurable par des indicateurs de performance. «Il faut également éviter ce qu'on appelle le Green ou social Washing, qui est le fait d'avoir de mauvaises pratiques internes tout en montrant une facette différente à l'extérieur. C'est une pratique irresponsable, alerte-t-il. Selon lui, «plusieurs entreprises ont perdu des marchés à cause de cette irresponsabilité. Il souligne que des marques internationales mettent en avant cette démarche comme une exigence sur toute la chaîne de valeur, du fournisseur aux sous-traitants. Certaines marques internationales sont en train de se regrouper en des associations internationales, ayant l'obligation de lister les fournisseurs et les sous-traitants et de faire des audits RSE. Si un fournisseur s'avère mauvais, aucun membre de l'association ne peut travailler désormais avec lui. Cela est sanctionnant pour certains, mais il constitue une opportunité pour d'autres qui sont très performants. Il y va de la compétitivité de l'entreprise tunisienne», précise-t-il.