L'analyste financier, Bassam Enneifer, a présenté ce vendredi 7 mars 2025 des éclaircissements concernant le rapport de l'agence Fitch Ratings, qui met en évidence les pressions croissantes sur la rentabilité des banques tunisiennes. Lors de son passage sur Express Fm, Enneifer a détaillé l'impact de plusieurs réformes législatives récentes sur le secteur bancaire tunisien, notamment en 2025. Parmi les principales mesures, l'introduction d'un taux d'imposition de 40 % sur les bénéfices des sociétés, applicable dès 2025 et portant sur les profits de 2024, suscite des préoccupations. Enneifer a également souligné d'autres changements significatifs, tels que la possibilité de rééchelonner les prêts pour les particuliers ou les petites et moyennes entreprises ayant un crédit à taux fixe avec une durée de remboursement supérieure à sept ans. Si ces emprunteurs ont payé des intérêts supérieurs à 8 % sur le montant restant durant trois années, ils pourront demander un rééchelonnement à un taux réduit, sans frais supplémentaires pour eux, ces charges étant supportées par les banques. Une autre mesure importante concerne la réduction des taux d'intérêt fixes sur les prêts, conformément à l'article 412 bis (nouveau) de la loi n°41 de 2024, ainsi que les nouvelles règles de calcul des provisions collectives, prévues par un circulaire de la Banque centrale. Fitch Ratings prévoit que ces réformes auront un impact direct sur la rentabilité des banques tunisiennes, avec une baisse estimée à 14 % en 2025. L'agence estime que l'augmentation de l'impôt sur les bénéfices des banques à 40 % pourrait entraîner une perte nette de 170 millions de dinars pour les dix plus grandes banques du pays, soit environ 11 % de leur bénéfice net annuel estimé pour le premier semestre de 2024. Enneifer a également souligné que la marge d'intérêt des banques tunisiennes, estimée à 45,4 % du produit net bancaire en 2024, pourrait diminuer. Le produit net bancaire des dix premières banques tunisiennes devrait atteindre environ 6,9 milliards de dinars en 2024, mais la rentabilité des prêts, notamment ceux à taux fixe, devrait fortement baisser. Par conséquent, les prêts à long terme seront impactés, ce qui pourrait entraîner une diminution des prêts à long terme au profit des prêts à court terme. Concernant les finances publiques, Enneifer a averti que la baisse des profits bancaires pourrait affecter les recettes fiscales de l'Etat, rendant l'emprunt public plus coûteux. Toutefois, il a estimé que le secteur financier continuera de prêter à l'Etat dans les années à venir, mais cela pourrait freiner les investissements privés et ralentir la croissance économique. En 2023, les bénéfices des banques tunisiennes étaient estimés à environ 1 500 millions de dinars, tandis que les économies s'élevaient à 1 430 millions de dinars. En 2022, les économies étaient supérieures aux bénéfices du secteur bancaire. Enneifer a conclu en précisant que, pour atténuer les effets négatifs de ces mesures, les banques pourraient réduire l'octroi de crédits, ce qui permettrait de diminuer les risques. En conséquence, les banques devraient générer davantage de liquidités et améliorer leur rentabilité à moyen terme. Elles accorderont également une attention particulière au recouvrement, ce qui permettrait d'éviter la constitution de provisions et de réaliser des reprises sur provisions. Bien que ces ajustements prennent du temps, Nifer reste optimiste quant à la capacité des banques à surmonter ces défis dans les années à venir.