Par M'hamed JAIBI La descente opérée par la police municipale, dans la nuit du lundi 7 novembre, a conduit à un spectacle de destruction et de désolation affectant les devantures de plusieurs cafés, restaurants et salons de thé de la zone résidentielle prospère du Lac 2, qui seraient considérées par les autorités municipales comme «non conformes». A l'origine de cette hécatombe qui ne manque pas de décourager quiconque songerait à entreprendre dans le domaine, un grand flou au niveau des législations et des pratiques réglementaires, savamment entretenu, qui garde le commerçant à la merci des services municipaux. Notamment en matière de terrasse. Certes, depuis la révolution, les installations illégales se sont multipliées un peu partout avec un sans-gêne et une arrogance inouïs. Une arrogance mêlée d'agressivité et de déni «révolutionnaire». Mais cela ne doit aucunement justifier que l'on entretienne l'Etat de non-droit et la mainmise de l'exécutif. A l'heure où la Tunisie tout entière sollicite les investissements étrangers et où l'on reproche aux investisseurs locaux leur frilosité, le peu de cas que font les descentes de la police municipale des équipements coûteux des devantures des cafés et restaurants prend l'allure d'une entreprise suicidaire. Car la promotion de l'investissement est un tout et la libre entreprise un choix stratégique majeur qui exige d'être protégé par des législations et des recours administratifs et judiciaires bien clairs et effectifs. Et l'image du pays et du site se joue à ce niveau. Qu'une terrasse isolée soit détruite au terme de longues négociations transparentes, sous l'autorité de la justice, passe, mais qu'une impitoyable tornade vienne, de nuit, emporter les belles façades coûteuses de nos quartiers riches, cela ressemble à de l'automutilation. Et dissuade investisseurs et promoteurs. Et cela donne une idée sur l'état d'esprit qui prévaut auprès de nos administrations, hérité des années 60 du siècle passé. Un état d'esprit qui doit absolument être éradiqué ! En donnant la parole aux victimes d'abus et mettant en branle de sérieux recours judiciaires à l'encontre de la police municipale et des municipalités en cause. Sans quoi voilà à quoi ressembleront le pouvoir local et la décentralisation : à un spectacle de destruction, de désolation et de misère.