Par Abdelkrim DERMECH Chassez le ridicule, il revient toujours au galop. Essayez d'oublier un peu Lotfi Abdelli, espacez un peu ses apparitions télévisuelles, il se charge lui même de vous rappeler qu'il est toujours là avec ses singeries, ses conneries, ses maladresses et ses phrases déplacées qui ne font plus amuser que ceux qui ont perdu tout sens de retenue, de respect de soi-même et surtout de l'autre. Faire rire les gens est un art très difficile et très subtil. Ceux qui ont choisi ce métier d'amuser les autres savent qu'ils marchent sur une corde raide entre produire un peu de bonheur à ceux qui les écoutent et se faire ridiculiser ou accepter d'être insultés en assistant à une scène où le sketcheur avilit quelqu'un d'autre, surtout lorsqu'il est absent. Brahim Ltaïef, le président des Journées cinémtographiques de Carthage (JCC), a le droit d'être satisfait de voir ces files de jeunes et d'adultes qui attendaient des heures et des heures devant les guichets des rares salles de cinéma de la capitale avant d'arracher le précieux sésame et voir un film tunisien, égyptien, mauritanien ou iranien, un film qu'ils ont l'obligation de ne pas rater, en cette belle semaine des JCC, tout simplement parce qu'ils savent qu'ils n'auront peut-être plus jamais la chance de déguster ce même film. Brahim Ltaïef, l'homme qui aime le cinéma et aime que les autres aiment le cinéma, n'est pas heureux de voir Lotfi Abdelli, cet invité sans retenue, gâcher la soirée de clôture de la fête du cinéma arabe, africain et méditerranéen. Les JCC ne méritaient pas un affront pareil. Les singeries produites par Lotfi Abdelli, son attaque gratuite à l'encontre du Zaïm Adel Imam et ses moqueries de bas étage à l'égard du cinéma égyptien n'honorent pas la Tunisie, ni les JCC, encore moins les cinéphiles tunisiens qui aiment le cinéma égyptien et ses stars et sont fiers de voir Hend Sabri, Dorra Zarrouk, Ferial Youssef, et j'en oublie, triompher au Caire et s'illustrer aux côtés des grands acteurs égyptiens et sous la direction des illustres réalisateurs du pays du Nil, ces artistes qui ne ratent aucune occasion pour saluer le talent de nos ambassadeurs qui illuminent les écrans de l'Egypte, qui rendent régulièrement aussi hommage à notre cinéma et à notre théâtre et qui considèrent les JCC et les JTC (qui auront lieu fin novembre) comme des acquis dont l'ensemble de la nation arabe est en droit de s'enorgueillir. Si Brahim, au cas où vous auriez l'opportunité de veiller aux destinées de la prochaine édition des JCC, veuillez prendre la précaution de réfléchir à deux fois avant de choisir «un jeune artiste tunisien de plus de quarante ans» pour remettre son trophée à un cinéaste qui s'est illustré. Et comme vous êtes «un amoureux irréductible» de la jeunesse tunisienne qui aime le cinéma, choisissez à l'avenir un jeune garçon ou une jeune fille parmi ces milliers qui faisaient la queue des heures entières pour crier leur amour au cinéma qui adore la vie, combat la médiocrité et professe la religion de la liberté et de la tolérance. Et comme Lotfi Abdelli est vacciné contre le bon sens et la décence, voilà qu'il récidive en pointant cette fois les journalistes dont «90% sont des ignorants». Les amis de Bahta qui lui déroulent le tapis rouge quand il fréquente leurs studios doivent être fiers de ce que pense d'eux leur jeune chouchou de quarante ans.