Lorsqu'une fillette atteint l'âge de dix ans, son monde change. A l'orée de l'adolescence, une foule d'événements viennent bouleverser sa vie et la tirailler de toutes parts. Soit elle s'élance sur la voie de l'éducation, de l'émancipation et de l'épanouissement, soit elle devient un «bien», une marchandise qui se vend et qui s'achète. Inégalité, violence et mariage précoce sont les problèmes qu'affrontent toujours les jeunes filles à cet âge-là, dans le monde A l'occasion du lancement en Tunisie du rapport sur l'état de la population mondiale, le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) a organisé, hier, dans un hôtel de la place une conférence de presse sur le thème : «L'investissement dans les jeunes filles conditionne notre avenir». Cette conférence, qui se tient aussi à l'occasion du lancement du rapport annuel de l'Unfpa, qui met l'accent sur les défis de la population mondiale, a consacré son thème cette année au devenir des filles de dix ans dans un monde en tumulte. Intitulée : «Dix ans : comment cet âge déterminant chez les filles conditionne notre avenir ?», le lancement de ce rapport a été une occasion pour aborder cette tendre adolescence en Tunisie. La représentante de l'Unfpa, Dr Leïla Joudane, et des intervenants du ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance ont d'abord révélé le potentiel des filles âgées de dix ans en Tunisie et dans le monde. On y prend connaissance qu'à 10 ans, à l'orée de l'adolescence, les filles se trouvent encore confrontées à l'inégalité, à la violence, au mariage précoce et à de multiples autres problèmes. Pourtant, l'image de la jeune fille de 10 ans est aujourd'hui celle de notre avenir. «Une fille qui avait 10 ans en 2015, lorsque les dirigeants du monde ont approuvé 17 nouveaux objectifs de développement durable, aura 25 ans lorsque ces objectifs seront atteints», lit-on dans ce rapport. Un progrès inclusif et équitable C'est pourquoi les dirigeants du monde entier ont convenu que le nouveau programme de développement devrait mener à un progrès inclusif et équitable qui ne laisse personne au bord de la route. Mais chaque année, des millions de filles sont abandonnées à leur sort, dès l'âge de 10 ans. «Elles sont traitées comme des produits qui peuvent être achetés, vendus ou échangés — pour le mariage, comme enfants-porteurs, ou comme travail illicite». Par ces propos, le rapport établit un certain nombre d'autres corrélations. Par exemple, les taux de travail des enfants sont plus élevés dans les pays où les cohortes de filles de 10 ans sont plus nombreuses. Dix pour cent des filles âgées de 5 à 14 ans accomplissent plus de 28 heures de travaux ménagers par semaine, soit deux fois plus que les garçons. Trois filles sur quatre ne sont pas rémunérées. Aujourd'hui, plus de 60 millions de filles âgées de dix ans sont sur le point de s'engager sur le chemin qui les mènera de l'adolescence à l'âge adulte. Ce chapitre montre qu'il y a beaucoup d'investissements opportuns dans la santé et l'éducation des filles de dix ans à faire ce qui peut favoriser la croissance économique et stimuler le bien-être général des nations. Dr Leïla Joudane, représentante de l'Unfpa, l'avoue : «La Tunisie a réalisé des progrès indéniables dans les domaines de l'éducation et de la protection des jeunes filles. Cependant, de nombreux défis sont à relever pour satisfaire toutes les demandes, notamment en matière d'accès aux services de santé sexuelle et reproductive de qualité ainsi que d'améliorer les connaissances en matière de santé et de droits, et d'élimination de différents types de violence pratiquée à leur encontre». La représentante du ministère de l'Education, Maha Ben Mohamed a, pour sa part, indiqué que le taux de scolarisation chez les filles lors du cycle primaire est passé de 45,8% en 1991 à 48,3% au cours de l'année 2015-2016, soulignant que le taux de décrochage scolaire chez les filles en cycle primaire a baissé de 41% en 1994-1995 à 0,88 en 2014-2015. Elle a ajouté que les législations en vigueur en matière d'enseignement et d'éducation ont institué le caractère obligatoire et gratuit de l'enseignement à partir de six ans pour tous les Tunisiens sans discrimination.