Nécessité de les prendre en charge ainsi que leurs bébés et d'éviter aussi les décès néonataux ou l'infanticide. * Dr Moncef Daghfous ; gynécologue : « Une bonne éducation pour éviter la récidive en * matière de grossesse non désirée » * Chiffres clefs Certaines jeunes filles sont rejetées par leur famille en raison d'une grossesse non acceptée. Une grossesse fait souvent partie de ces accidents liés à des pratiques à risque. Des jeunes filles tombent enceintes par ignorance, par naiveté ou par inaptitude à utiliser une méthode contraceptive. Il s'en suit des difficultés qui ne font qu'empirer. Quels sont les risques de ces grossesses non désirées ? Comment les prévenir et comment s'en occuper ? Et rôle des structures sociales pour éviter les décès néonataux ou l'infanticide ? Les grossesses des jeunes filles célibataires sont celles qui sont non planifiées et non désirées. Elles se terminent souvent par l'interruption volontaire de la grossesse avec toutes les conséquences psychologiques, médicales et économiques qu'elle peut engendrer. Une étude élaborée par le Centre de Planification Familiale de Sousse et présentée aux dernières assises de la santé scolaire et universitaire à Hammamet a porté sur l'ensemble des jeunes filles qui se sont présentées pour interruption volontaire de la grossesse au cours de la période février 2005-février 2006. Cette enquête a révélé que « Parmi les 438 femmes célibataires qui ont consulté pour IVG durant la période d'étude, 238 sont âgées de moins 25 ans soit 64%. La plupart des cas des jeunes ont dépassé l'âge de l'adolescence (l'âge moyen est de 21.6 ) souvent bien éduquées 43% ont atteint le niveau secondaire et 23% ont un niveau supérieur, habitant souvent seules (41%) et dans 81% des cas, ces jeunes filles jugent que la communication au sein de la famille est peu ou pas du tout suffisante. Dans la majorité des cas, ces jeunes filles ont une occupation : 54% travaillent, 20% étudiantes et 1,1% sont encore des élèves. Elles se caractérisent par une instabilité familiale car seulement 41% ont des parents qui vivent ensemble. »
Rapports sexuels et partenaires... L'enquête a révélé aussi que : « Cette population se distingue par des comportements à risque dont la prévalence dépasse celle retrouvée dans la population générale féminine (tabagisme : 47%, alcoolisme 21% et utilisation des drogues illicites 4,3%) Dans cette population, l'âge moyen des rapports sexuels est de 18,7 ans. Le nombre moyen de partenaires dans les trois derniers mois est de 1,4. Par ailleurs, ces jeunes filles préfèrent dans 60% des cas avoir des amis de sexe masculin. Elles sont portées sur la récidive en matière de grossesse et d'interruption volontaire de la grossesse (antécédent de grossesses antérieures 43 % et d'interruption volontaire de grossesse 42 %), et la non utilisation régulière des moyens contraceptifs. Seules 5,3% utilisent toujours la contraception et 10,6% l'utilisent souvent. Ces résultats, prouve l'enquête la vulnérabilité de cette population de jeunes filles qui ressentent des besoins en matière d'éducation et de prévention des problèmes liés à la sexualité à risque » Kamel BOUAOUINA -------------------------------- Dr Moncef Daghfous ; gynécologue : « Une bonne éducation pour éviter la récidive en matière de grossesse non désirée »
Le Temps : Quel est le profil de ces jeunes filles célibataires qui consultent le spécialiste pour interruption volontaire de la grossesse ? Dr Moncef Daghfous. : Nous constatons que ces grossesses sont répandues chez des jeunes filles en décrochage scolaire et issues souvent de famille monoparentale. Ce sont souvent des filles récidivistes âgées entre 15 et 22 ans qui ignorent les moyens de contraception mais qui sont conscientes des risques de grossesse.
*Quels sont les risques de ces grossesses non désirées ? -Ces grossesses non désirées peuvent entraîner plusieurs maladies notamment les infections sexuellement transmissibles (IST) comme l'hépatite et l'herpès génital et la syphilis. Le risque est gros pour des filles qui laissent poursuivre une grossesse plus de trois mois, une manière de s'auto-punir et de punir l'entourage car elles sont toujours dans un état d'échec social complet. Nous avons constaté aussi que ces filles s'adonnent à des rapports sexuels en contre partie d'argent. Ce ne sont pas des prostituées mais elles sont souvent poussées à ces pratiques pour des raisons financières.
*Comment prévenir la prolifération de ces accouchements non désirés ? -Le nombre de ces grossesses non désirées est en augmentation depuis une dizaine d'années. Rien que dans la maternité de Nabeul, on compte 120 accouchements par an de filles célibataires. Ce phénomène est très répandu dans les pays développés. En France, on enregistre 6350 naissances chez des mères de 18 ans ou moins dont 954 chez les mères de moins de 16 ans. La prévention est sociale. Et là il faudrait bien encadrer les familles monoparentales, créer un climat de confiance et de complicité indispensables pour gérer au mieux tous les problèmes qui peuvent surgir au cours de ces grossesses précoces. Le placement de jeunes filles abandonnées dans des centres de formation professionnelle est souhaité. L'éducation sexuelle dans nos établissements scolaires doit être développée (information sur les IST, les grossesses et la contraception) La prise en charge de ces jeunes filles et de leurs bébés devra être consolidée par la multiplication des centres d'accueil pour éviter les décès néonataux et éviter les infanticides. Une sensibilisation et une bonne éducation pourront éviter le récidivisme en matière de grossesse et assurer une vie saine à ces jeunes filles. KB ------------------------------- Chiffres clefs * Parmi les 438 femmes célibataires qui ont consulté pour Interruption Volontaire de la Grossesse, 238 sont âgées de moins 25 ans. * La plupart des cas, les jeunes ont dépassé l'âge de l'adolescence (l'âge moyen est de 21.6 ). * Elles sont souvent bien éduquées, soit 43% ont atteint le niveau secondaire. * 23 % ont un niveau supérieur. * 41% habitent souvent seules. * 81 % des filles jugent que la communication au sein de la famille est peu ou pas du tout suffisante. * Dans la majorité des cas, ces jeunes filles ont une occupation : 54 % travaillent, 20 % étudiantes et 1,1% sont encore des élèves.