Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la population, le Fonds des Nations unies (Unfpa) et le Mouvement Byrsa ont organisé, hier à Tunis, une conférence sur le thème "la participation citoyenne des jeunes et des femmes", à laquelle ont pris part des spécialistes de différentes disciplines ayant abordé des thématiques axées sur la participation des jeunes et des femmes à la vie publique et les enjeux liés à la transition démocratique. Il est prévu, en effet, que la population mondiale atteindra les 7 milliards le 31 octobre prochain, selon les prévisions démographiques officielles de l'ONU. "C'est à la fois un défi et une opportunité", a déclaré M.Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de l'UNFPA. Au niveau mondial "les hommes ont une vie plus longue, plus saine, et choisissant d'avoir moins d'enfants. Mais pour réduire les inégalités et trouver les moyens d'assurer le bien-être de tous les humains d'aujourd'hui, aussi bien que celui des générations qui suivront, de nouveaux modes de penser et une coopération mondiale sans précédent seront indispensables", indique M.Osotimehin. C'est dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la population, du lancement de la campagne des 7 milliards d'habitants sur la planète terre et du souffle d'ouverture et de liberté qui souffle sur la Tunisie depuis le 14 janvier, "qu'il nous a semblé opportun, en concertation avec l'ONG Mouvement Byrsa ONG de jeunes, qui œuvre pour la démocratie, de saisir cette occasion pour en faire une opportunité de débat et d'échange avec la société civile autour des thématiques de la participation des femmes", précise Mme Leïla Saiji Joudane, représentante assistante de l'Unfpa en Tunisie. A l'évidence, nul n'est sensé ignorer la place qu'occupe la femme tunisienne aujourd'hui sur la scène politique et le rôle accru qu'elle joue dans tous les domaines de la vie publique. "Investir dans les femmes est essentiel pour relever les défis les plus graves auxquels est confrontée la planète. Instruites, cultivées, jouant un rôle actif dans la société, les femmes sont l'amorce du progrès dans leurs familles, leurs communautés et leurs pays. Pourtant les femmes continuent de subir discrimination et violence à une large échelle", souligne Mme Joudane. Quant aux jeunes, dynamiques, pleins d'énergie, et ouverts aux nouvelles technologies, la majorité d'entre eux qui constitue la catégorie la plus nombreuse et la plus interconnectée de toute l'histoire, est en train de transformer la politique et la culture. "Cela a bien été prouvé par leur apport au cours de la révolution tunisienne qui a été suivie partout dans tous les pays arabes. Les personnes de moins de 25 ans constituent 43% de la population mondiale, mais ce pourcentage atteint 60% dans les pays les moins avancés". C'est en faisant valoir leur droit à la santé, à l'éducation et à des conditions de travail décentes qu'ils deviendront une force motrice du développement économique, social, politique… "L'investissement dans les jeunes filles est l'un des investissements les plus intelligents qu'un pays puisse faire. Si elles ont accès à la santé et à l'éducation et si on leur donne la possibilité, les filles et les femmes peuvent jouer un rôle actif dans leurs sociétés et aider à rompre le cycle de la pauvreté". Reconnaissance d'une «expertise» citoyenne La femme tunisienne a intégré depuis de longues années la vie citoyenne et n'a cessé d'enrichir les débats et d'approfondir la réflexion sur des questions d'actualités et les affaires de la nation. "L'important rôle joué aujourd'hui par les femmes dans les développements politiques récents a montré qu'une société qui progresse dans les droits humains, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, ne peut réussir que si elle intègre et consacre pleinement les droits des hommes et des femmes et conforte la participation paritaire et équitable à la vie citoyenne". En tant que groupe d'âge le mieux et le plus interconnecté, les jeunes sont déjà en train de transformer la société, la politique et la culture. Leur poids démographique en fait des acteurs majeurs de changement dans nos sociétés et une prise en compte de leurs opinions et de leurs attentes sont autant de balises permettant d'orienter les pouvoirs publics et de les soutenir dans l'œuvre de construction de la nouvelle société, une société ouverte et participative. Autant dire que les femmes et les jeunes ont laissé des traces indélébiles dans l'opération du changement majeur que vit le pays, et ont apporté leur contribution à l'étape de transition que connait le pays. En impliquant encore davantage les femmes et les jeunes, "nous pouvons construire un avenir meilleur pour les futures générations. Cette participation active dite aussi démocratie participative offre au citoyen une place privilégiée et centrale dans le processus démocratique. Sans remettre en cause le savoir politique des élus ni les connaissances des experts, cette nouvelle forme de partage du pouvoir nécessite en amont de sa réalisation la reconnaissance d'une expertise citoyenne légitime", précise Mme Joudane. Cet "impératif participatif", s'appuie donc sur un rôle et un pouvoir nouveaux dévolus aux citoyens favorisant ainsi une" citoyenneté active et informée "et sur la formation d'un public actif, capable de déployer une capacité de réflexion et de recherche par lui-même d'une solution adaptée à ses problèmes".