Par Hédi JENNY Les arbitres, seuls appréciateurs en matières disciplinaires L'International football association board (Ifab) a donné aux arbitres un pouvoir étendu, suprême en matière d'appréciation sans que leurs décisions qui s'avèrent par la suite erronées n'entraînent le changement du résultat du match où les erreurs d'appréciation ont eu lieu. Ainsi un but accordé malgré un hors-jeu flagrant ou un but refusé pour un hors-jeu inexistant ou un penalty imaginaire sifflé, qui peuvent changer le cours et la physionomie d'une rencontre, ne peuvent en aucun cas remettre en question et annuler le résultat final indiqué au tableau d'affichage. Durant les 90 minutes de jeu, l'arbitre est souverain sur le terrain, il est le roi. Ce n'est pas le cas, malheureusement, en matière disciplinaire où les rapports complémentaires des commissaires de matches et des délégués de la Ligue peuvent intervenir pour modifier les observations de l'arbitre sur la feuille de match. Observations qui entrent dans le domaine de ses prérogatives et de sa compétence pour signaler «l'indiscipline des joueurs, entraîneurs, dirigeants ou public et l'atteinte à la morale sportive, le manquement grave portant atteinte à l'honneur, à l'image, à la réputation ou à la considération du football ou des affiliés de la Fédération». (Art 1 du Code disciplinaire). Ainsi au lieu de se baser uniquement sur la feuille de match pour sanctionner une faute ou une infraction signalée sur cette même feuille de match par l'arbitre, les instances compétentes en matière disciplinaire (commissions de discipline de première instance à la Ligue et à la FTF) cherchent d'autres sources d'information (rapports des commissaires, images télévisées et enregistrement vidéo, etc.) pour qualifier la nature des infractions et donner leur appréciation et décider des sanctions adéquates à leurs yeux, contrairement aux stipulations des articles 5, 6, 8 et 9 du Code disciplinaire de la FTF qui donnent à l'arbitre l'exclusivité et l'autorité de la qualification de la nature de la faute et de l'infraction commise. En effet, les instances compétentes en matière de discipline ne doivent avoir recours à d'autres sources d'information ou rapports parallèles que lorsque l'arbitre n'a pas signalé ces fautes ou ces infractions sur la feuille de match. C'est tellement clair et net que la Commission nationale d'appel n'a pas hésité à le rappeler sèchement à ces instances et à la commission de discipline de la ligue précisément en cassant sa décision d'infliger au dirigeant de l'ASD, Badis Zaraâ, une sanction «de 24 mois d'interdiction de banc et de 15.000 DT d'amende...» et en la ramenant à «deux (2) matches d'interdiction de banc et à 1.500 DT d'amende» article 44, tableau F. La CNA, en application des règlements, s'est basée uniquement sur l'observation de l'arbitre et sa qualification de la nature de l'infraction commise par le dirigeant incriminé (tentative de coup...» et a rejeté toutes les autres qualifications et appréciations de la faute de la commission de discipline de la LNFP. Le 22 novembre, jour du verdict dans l'affaire de l'entraîneur de l'ESS, Faouzi Benzarti, et du médecin de l'EST, Yassine Ben Ahmed, la commission nationale d'appel ne dérogera pas à la règle et se basera sur la seule observation de l'arbitre sur la feuille du match et sa qualification des infractions commises, loin d'autres rapports ou autres sources d'information qui n'avaient pas à intervenir et dont certains n'ont fait que mettre de l'huile sur le feu. Entre «tentative d'agression ou bousculade ou attitude agressive, menace verbale ou physique» qui équivaut à «deux (02) matches d'interdiction de banc et une amende de 5.000 DT» et «l'agression physique caractérisée sanctionnée par 24 mois d'interdiction de banc et une amende de 20.000DT», il y a bien en grand écart que la CNA prendra à coup sûr en considération en rendant son verdict.