Les enchères montent dans une ambiance morose, avec encore plus d'animosité et de rancune. Des dépassements qui plongeront les clubs dans encore plus de dettes... La période réservée au « mercato » d'hiver approche, et on ne voit plus dans les différents médias que les promesses que les différentes parties prenantes lancent à tour de bras, avec à l'appui les « exigences » des entraîneurs, lesquels menacés ou sur un siège éjectable essaient de calmer un tant soit peu les inquiétudes, légitimes, des supporters des clubs en difficulté ou qui sentent que leur potentiel est limité à de seconds rôles. Des clubs qui ont donc besoin de renforts, pour conquérir le titre ou le maintien parmi l'élite. C'est aussi l'occasion rêvée pour les agents des joueurs qui reprennent du service, à l'effet de profiter de l'incrédulité de bien de dirigeants qui croient que l'arrivée de tel ou tel joueur suffit pour résoudre tous les problèmes. Passons, parce que le plus important n'est pas là. Il est dans les frémissements des joueurs en fin de contrat. Sensibilisés, ils font démarrer la machine à fabriquer les rumeurs. Déjà, on entend par exemple parler d'un élément pour lequel son club a dépensé les yeux de la tête pour le soigner et le récupérer et qui, ces derniers jours, semble–t-il, a été contacté par un club rival. Les agents de joueurs distillent ces informations insidieuses sans vergogne pour ramasser le pactole. Et montent les enchères, dans une ambiance morose, avec encore plus d'animosité et de rancune, entre les supporters des uns et des autres. Des dépassements qui plongeront ces clubs dans encore plus de marasme et de dettes, dont ils ne s'en sortiront qu'avec beaucoup plus de difficultés. Dans le cas contraire, ils légueront à leurs successeurs l'ardoise salée et un club ingouvernable. Mais le plus paradoxal dans cette affaire de « mercato » est bien la situation dans laquelle se trouvent un bon nombre de clubs professionnels. Le bon vieux proverbe tunisien, que nous connaissons tous, est quelque peu vulgaire, mais il illustre remarquablement cette situation rocambolesque dans laquelle se trouve tout ce beau monde : «il patauge en pleine crasse et il appelle à la prière». Comment accorder de la crédibilité à ceux qui, il y a quelques jours à peine, menaçaient de faire grève ou d'arrêter la compétition, faute de moyens financiers pour terminer cette saison, qui en est à sa première partie, initiative appuyée soit dit en passant, par leur tutelle, et qui attendent patiemment ce « mercato » pour acheter de nouveaux joueurs ? Cela tient de l'invraisemblable ! Et montent les enchères !... Avec quoi vont-ils se payer ces joueurs ? Qu'ils décident de vendre les bijoux de famille, cela pourrait se concevoir, mais qu'ils agissent en s'engageant sans avoir les moyens d'honorer leurs engagements avec tout se qui se greffera sur ces opérations hasardeuses, cela tient de l'irresponsabilité et de l'imprévoyance. De l'irresponsabilité, parce qu'en l'absence de garde-fous et de poigne imposant un respect total des règlements en vigueur, cette grave faute de gestion devient envisageable avec, bien sûr, tous les aléas que les clubs paieront tôt ou tard. De l'imprévoyance, parce qu'un club qui forme et qui possède un socle et des bases solides repère vite ce dont il a besoin et accélère la préparation de jeunes qui promettent pour créer une véritable ambiance d'émulation dont les retombées sont toujours positives. Nous avons vu des jeunes exploser en fin de compétition pour forcer le respect, au point d'éveiller l'intérêt des clubs réputés recruteurs. Reste ce nettoyage par le vide auquel se livrent ceux qui en ont les moyens et qui, rien que pour priver leurs adversaires potentiels de la possibilité de se renforcer, raflent tout ce qui se présente sur leur passage. Bien des joueurs « achetés » à prix d'or n'ont pas, ou presque pas, foulé le terrain de compétition et commencent à ruer dans les brancards, mécontents de leur mise à l'écart, souvent justifiée parce que tout simplement dépassés par des jeunes de qualité et pleins d'enthousiasme. Cette foire d'empoigne qui se prépare avec fébrilité, n'a rien à voir avec celle que nous vivrons avec les véritables clubs professionnels qui ont déjà engagé des pourparlers sérieux, ciblés, pour éviter les doublons et enrichir de manière effective le potentiel existant. Leur désir de se renforcer de manière ciblée n'est un secret pour personne. Mais pour que ce « marché » soit réellement profitable pour les clubs et les joueurs, il faudrait nécessairement le concevoir avec réalisme et pondération. Les folies qui ont caractérisé certaines opérations effectuées par ceux qui prétendaient qu'ils ne disposaient que de très peu de moyens, avaient mis en évidence l'illustration d'une contradiction à laquelle personne ne saura trouver d'explication.