Les clubs de Ligue 1 vivent une profonde dépression financière qui les contraint à serrer la ceinture, et cela se répercute inévitablement sur leur conduite au mercato d'hiver, ouvert dans les dix derniers jours du mois de décembre. Point de folies, pas de gros budgets investis, une extrême prudence sur les montants consentis : certains parlent d'une session morose et en dents de scie où les grosses transactions font défaut. On devrait plutôt évoquer un mercato de rattrapage, de «réparation» comme le disent les spécialistes en Italie où l'on procède par à-coups, par petites retouches. Les staffs techniques établissent le check-up, l'état des lieux, une sorte de bilan à mi-parcours, du championnat, définissent les besoins et les postes à pourvoir et à consolider et dégraissent en même temps leur effectif, se délestant des joueurs qui ne servent à rien et qui font tout simplement de la figuration. Ceux-ci sont soit prêtés quasi-systématiquement sur une durée de six mois, soit jusqu'à la fin de la saison en cours. Les coups d'éclat restent rares. Jusque-là, on n'en a enregistré que ceux impliquant de grosses pointures parties à l'étranger : le cas des deux joyaux du Club Sportif Sfaxien, Fakhreddine Ben Youssef et Ferjani Sassi, partis tous deux pour le club français du FCMetz. En attendant, peut être, les trois internationaux du club Athlétique Bizertin objet des convoitises : Hamza Mathlouthi, Ali Machani et Adam Rejaïbi. Ce trio-là nourrit de véritables enchères où l'on parle de plusieurs millions de dinars. Ainsi, à en croire les coulisses, le bureau de Mehdi Ben Gharbia a placé la barre à hauteur de deux millions de dinars pour le seul Rejaïbi, pisté par l'Espérance Sportive de Tunis. Le club «sang et or» proposerait 900 mille dinars. Les négociations se poursuivent sur ces bases-là. Quant au duo Mathlouthi-Machani poursuivi par le Club Sportif Sfaxien, le club nordiste a apporté un démenti cinglant aux rumeurs sur un accord entre les deux parties. Là aussi, le pactole exigé par le club «jaune et noir» atteindrait un pic de deux millions et demi, et l'on parle d'une différence d'un million de dinars qui séparerait les deux parties. On jongle avec des milliards de millimes, mais cela reste l'apanage de deux au trois grands clubs, sans plus. L'ESS : totale discrétion Parmi le «big four», un club manque à l'appel : l'Etoile Sportive du Sahel qui a sagement pris le parti de l'austérité à tout crin : pas «d'achats» coûteux, priorité aux échanges, sinon on privilégie quelques cessions de joueurs afin de renflouer les caisses. Le cas le plus récent étant la cession définitive au bénéfice de l'USMAlger du milieu offensif algérien Abdelkader Beldjilali qui n'a pas pu s'adapter à son nouvel environnement sans parler de raisons familiales impérieuses. Grevé de dettes, le club étoilé ne veut pas s'enfoncer dans cette spirale inflationniste sans toutefois brader ses objectifs du début de saison, à savoir le titre de champion qu'il poursuit. Contrairement à bien d'autres sessions de mercato, il se montre d'une discrétion absolue. Mais à bien y réfléchir, il n'y a plus de club prêt à tout. Ainsi, si elle est disposée à casser sa tirelire, une équipe comme le Club Africain n'en tourne pas moins la main trois fois avant de tirer quoi que ce soit de sa poche, si l'on peut oser cette image. Machani figure certes parmi ses priorités afin de booster un axse défensif qui pâtit des inconstances de l'Algérien Hichem Belkaroui, mais pas à n'importe quel prix. D'ailleurs, les postes d'arrière central et d'attaquant de pointe restent les plus prisés sur le mercato de cet hiver : le ST, le CSHL, le CA, le CSS... ont fixé leurs emplettes à ce niveau. Dernier constat : hormis le buzz nourri par les négociations entourant les trois joueurs du CAB les plus recherchés, il y a également le quota des trois étrangers qu'il faut respecter. Des limites qui poussent certains clubs à sacrifier quelques uns de leurs joueurs étrangers. Le cas de l'EST qui compte céder son attaquant camerounais Yannick N'djeng en faveur d'un club russe ou qatari.