Image par André SAAD de Pixabay La filière des fleurs de nesri (l'églantier) traverse une crise majeure. Alors que la récolte s'annonce exceptionnelle cette année, les producteurs alertent sur une chute vertigineuse des prix et un manque d'organisation du marché qui menacent l'ensemble de la production. Alors que le prix du kilogramme avait atteint 42 dinars au lancement de la saison, il est désormais tombé à 26 dinars, voire moins dans certains points de vente informels autour du marché municipal de Zaghouan. Une chute brutale qui met les producteurs en difficulté. " L'offre est abondante, mais les acheteurs se font rares. À ce rythme, une grande partie de la récolte sera jetée", alerte un cultivateur local. Ce dernier appelle à la création d'une coopérative régionale ou d'un cadre professionnel pour absorber la production, organiser la vente, et valoriser cette fleur aux multiples vertus médicinales et économiques. La région de Zaghouan compte environ 7 500 arbustes de nesri, répartis sur près de 50 hectares, souvent plantés en bordures de champs ou d'habitations. D'après les services régionaux de développement agricole, la production pour 2025 est estimée à 35 tonnes. Mais certains producteurs avancent un chiffre bien plus élevé, aggravant les risques de surproduction non écoulée. Au-delà de l'effondrement des prix, une autre menace pèse sur la filière : la prolifération d'arômes synthétiques de nesri utilisés par des artisans dans la fabrication du kaak warka, une pâtisserie traditionnelle. Ces substituts, bien moins coûteux que l'eau de nesri naturelle, sont accusés de fausser la concurrence et de nuire à la qualité du produit final. Les producteurs demandent une intervention urgente du ministère du Commerce et des services de contrôle pour sanctionner ces pratiques et protéger les artisans distillateurs. Le coût de production reste pourtant élevé. La cueillette des fleurs se fait à l'aube et mobilise majoritairement des femmes, rémunérées entre 20 et 25 dinars pour environ 4 heures de travail, pour une récolte maximale de 2,5 kg par jour. À cela s'ajoutent les frais de transport et d'entretien des arbustes. Ainsi, sans une action rapide des autorités et des structures concernées, c'est un savoir-faire ancestral et une richesse locale qui risquent de disparaître, faute d'un modèle économique viable.