Par Béji CAID ESSEBSI La Cour de cassation vient de rejeter le pourvoi des syndicalistes (Ndlr : novembre 1978). Cet arrêt met un terme au procès et aux innombrables bavures qui ont gravement terni l'image de la Tunisie et porté atteinte à la crédibilité de son régime. Mais si la crise judiciaire est ainsi virtuellement terminée, la crise politique, elle, continue plus pesante que jamais. Des voix cependant se lèvent chaque jour plus nombreuses, pour souhaiter qu'on tourne la page des événements du 26 janvier et tirant les leçons de nos erreurs, l'on retrouve les chemins de l'avenir. Rien n'indique jusqu'ici que l'on s'achemine dans cette voie et les mécanismes de décision dans notre pays sont tels que seul le Président Bourguiba peut mettre un terme à la crise. Lui absent ou s'abstenant, nul n'a l'autorité, ni peut-être la volonté, de débloquer la situation. Alors quoi faire ? Attendre...?... et rester à l'écoute des nouvelles qui nous viennent de l'Allemagne Fédérale ? Une récente dépêche A.F.P. de Francfort nous annonce en effet que «les anciens dirigeants syndicaux tunisiens condamnés à de lourdes peines de prison dans leur pays pourraient être graciés par le Président Bourguiba». Si ces nouvelles se confirmaient — et le ministre délégué auquel les propos sont prêtés était en visite en Allemagne —, il est permis alors de penser que c'est peut-être «le début de la sagesse». Une amnistie générale qui permettrait «à tous les détenus politiques» de regagner leur foyer contribuerait largement, en effet, à assainir le climat politique et créerait les conditions favorables à la solution de la crise. *(Article paru dans la revue Démocratie le 11 novembre 1978)