Alors que la Tunisie cherche à relancer son secteur touristique, les aéroports d'Enfidha-Hammamet et de Monastir affichent des perspectives de croissance prometteuses pour 2025. Les prévisions de TAV Airports pour cette année révèlent une nette hausse du trafic passagers à Enfidha-Hammamet et à Monastir. Pourtant, derrière ces chiffres encourageants, un constat demeure : le potentiel de ces infrastructures modernes reste largement inexploité, faute d'une intégration réelle dans le tissu de transport national. Enjeu économique, touristique et territorial, la question de l'accessibilité devient centrale dans la réflexion sur l'avenir du secteur aérien tunisien. Les prévisions pour l'année 2025 s'annoncent encourageantes pour les aéroports touristiques tunisiens d'Enfidha-Hammamet et de Habib Bourguiba Monastir. Selon les données publiées par l'opérateur TAV Airports, les deux plateformes devraient enregistrer une croissance significative de leur trafic passagers, en réponse à un renforcement des lignes aériennes existantes et à l'arrivée de nouvelles compagnies. L'aéroport d'Enfidha-Hammamet est attendu à 1,5 million de passagers, contre 1,3 million en 2024. Monastir, de son côté, devrait franchir la barre des 1,8 million, en hausse par rapport aux 1,6 million enregistrés l'année précédente. Au total, ces deux aéroports pourraient accueillir 3,3 millions de passagers en 2025. Cette progression s'explique notamment par une dynamique positive du côté de l'offre aérienne : Enfidha bénéficie de l'installation de quatre nouvelles compagnies, desservant dix destinations supplémentaires, tandis que Monastir enregistre six nouvelles liaisons grâce à deux opérateurs récemment arrivés. Un potentiel loin d'être atteint... Malgré cette embellie, les chiffres restent encore très en deçà de la capacité totale des deux plateformes. En effet, l'aéroport d'Enfidha-Hammamet peut accueillir jusqu'à 7 millions de passagers par an, et celui de Monastir jusqu'à 4,5 millions. À eux deux, ils n'exploitent actuellement qu'environ 30 % de leur potentiel. Ce sous-emploi pèse lourdement sur la rentabilité de l'opérateur, mais aussi sur l'économie touristique régionale, à un moment où l'aéroport de Tunis-Carthage dépasse chaque année sa capacité théorique de cinq millions de passagers. Le principal frein à cette montée en puissance reste l'insuffisance criante des infrastructures de transport terrestre, notamment pour Enfidha-Hammamet. Bien que moderne et conforme aux standards internationaux, l'aéroport reste difficilement accessible pour les voyageurs indépendants, les Tunisiens résidant à l'étranger ou les touristes non pris en charge par des circuits organisés. L'absence de transports en commun réguliers, de navettes dédiées rend le parcours vers ou depuis l'aéroport particulièrement compliqué. Par ailleurs, les vols réguliers ne sont toujours pas autorisés, limitant le développement d'une clientèle individuelle et fidèle. Des solutions à portée de main Pour remédier à ces blocages, plusieurs pistes sont régulièrement évoquées : création de navettes aéroportuaires fréquentes, développement de partenariats public-privé pour améliorer les connexions régionales, ou encore optimisation de la signalisation routière. Mais sans réelle volonté politique ni coordination entre les ministères du Tourisme, du Transport et de l'Intérieur, ces mesures restent à l'état de projet. Ceci pour dire que dans un pays où le tourisme représente une part essentielle du PIB, l'accessibilité des infrastructures aéroportuaires ne peut plus être considérée comme un simple détail logistique. Elle constitue désormais un levier stratégique majeur pour la compétitivité de la destination Tunisie.