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Pourquoi la paix s'effondre-t-elle sous nos yeux ? L'alerte de Thomas Morgan, expert à l'Institute for Economics and Peace
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 06 - 2025

Le Global Peace Index 2025 tire la sonnette d'alarme : les niveaux de violence atteignent des sommets jamais vus depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans cet entretien exclusif, Thomas Morgan, chercheur principal à l'Institute for Economics and Peace, décrypte les causes de cette dérive, l'impact de la fragmentation géopolitique, la situation critique en Afrique, et les leviers à mobiliser pour sortir de la spirale des conflits.
Le rapport 2025 de l'Indice mondial de la paix met en lumière une aggravation continue des conflits à l'échelle internationale. Quelles en sont, selon vous, les principales causes ?
La multiplication des conflits au cours de la dernière décennie s'explique par de nombreux facteurs. La fragmentation géopolitique, en hausse constante depuis 2008, complique la résolution des crises par les institutions internationales. On le constate notamment dans la manière dont les conflits se terminent : il est aujourd'hui beaucoup plus rare qu'ils débouchent sur une victoire décisive ou un accord de paix formel. En conséquence, les causes profondes des violences ne sont pas traitées, augmentant le risque de résurgence.
Cela dit, tous les indicateurs ne sont pas en baisse. Par exemple, le taux d'homicides a régulièrement diminué au cours des 15 dernières années. De plus, malgré la montée des conflits, la majorité des citoyens dans de nombreux pays déclarent se sentir plus en sécurité dans leur quartier qu'il y a dix ans.
Votre rapport évoque le concept de "Grande Fragmentation", avec la montée en puissance des pôles régionaux, des conflits prolongés et une militarisation croissante. Quels sont les risques que ce nouvel ordre mondial fait peser sur la stabilité globale ?
La "Grande Fragmentation" n'est pas nécessairement négative en soi. Toutefois, sans émergence d'institutions internationales ou régionales nouvelles et efficaces, les conflits risquent de devenir de plus en plus insolubles. Cette perte d'efficacité de l'ordre international actuel est illustrée par le recul du ratio entre l'aide au maintien de la paix et les dépenses militaires : en 2008, cette aide représentait 0,83 % des dépenses militaires mondiales, contre seulement 0,52 % aujourd'hui. De plus, le nombre de soldats de la paix déployés a chuté de 42 % en dix ans, alors que les conflits se multiplient.
Ceci pour dire que les approches classiques de résolution des conflits montrent leurs limites, et l'accroissement de la fragmentation géopolitique accentue ces dysfonctionnements.
Le continent africain est aujourd'hui l'un des principaux foyers d'instabilité mondiale. Comment expliquer cette concentration de tensions, malgré les efforts de médiation et de développement ?
L'Afrique présente une grande diversité en matière de paix. La région du Sahel central (notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger) constitue actuellement l'épicentre du terrorisme mondial. Cette situation résulte de la convergence de nombreux facteurs de risque : menaces écologiques, instrumentalisation de conflits communautaires par des groupes terroristes transnationaux, faiblesse des institutions étatiques, rivalités géopolitiques, etc.
Cependant, tout le continent n'est pas en crise. Treize pays d'Afrique subsaharienne figurent dans la moitié supérieure du classement mondial de la paix. Certains, comme la Gambie, montrent des signes de transition politique positive. Malgré un contexte continental instable, des dynamiques de résilience et de progrès existent bel et bien.
Votre analyse désigne le Sahel comme épicentre du terrorisme mondial et l'Afrique subsaharienne comme la région la plus affectée par les conflits. Quelles réponses collectives peuvent être envisagées à l'échelle du continent ? Une inversion de la tendance est-elle encore possible ?
Oui, cette tendance peut être inversée, mais il n'existe pas de solution à court terme. Les organisations régionales ont un rôle crucial à jouer, surtout dans un contexte de fragmentation croissante. Toutefois, leur légitimité est mise à mal, comme le montre le retrait récent du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO.
Il est donc essentiel de renforcer ces institutions et d'encourager la coopération régionale, notamment entre pays touchés par des dynamiques similaires. À court terme, cela reste la meilleure voie pour sortir de l'engrenage des violences.
La Tunisie, bien qu'épargnée par les conflits armés majeurs, se trouve dans une région instable et fait face à de grands défis socio-économiques. Quelle est votre évaluation de sa position actuelle dans le contexte régional de la paix ?
La Tunisie a maintenu une relative stabilité depuis 2016, après une détérioration importante pendant le Printemps arabe. Elle se classe aujourd'hui 6e pays le plus pacifique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, et 81e au niveau mondial.
Néanmoins, certains signaux sont préoccupants. La perception de l'insécurité augmente : 35 % des Tunisiens déclarent ne pas se sentir en sécurité lorsqu'ils marchent seuls dans leur quartier, soit deux fois plus qu'en 2008. Cela montre que la paix perçue ne dépend pas uniquement de l'absence de conflit armé, mais aussi de la confiance dans l'Etat et dans les conditions de vie.
Votre rapport souligne une baisse significative des investissements mondiaux dans la prévention des conflits. Quels leviers les Etats, en particulier ceux du Sud, peuvent-ils activer pour bâtir une paix durable sans dépendre exclusivement de la puissance militaire ?
Il n'existe pas de solution unique. Cependant, il est crucial que les Etats considèrent les enjeux de sécurité comme des défis collectifs plutôt qu'individuels. Dans le contexte actuel, un certain niveau de militarisation est inévitable, mais des thématiques comme la sécurité énergétique ou climatique peuvent être abordées dans une logique de sécurité partagée, tout en favorisant l'action collective.
Il faut également promouvoir le concept de Paix Positive : cela consiste à renforcer les attitudes, institutions et structures qui soutiennent des sociétés pacifiques sur le long terme. En somme, pour garantir la sécurité, il faut investir dans ce qui rend une société résiliente et harmonieuse, au-delà des seules réponses militaires.


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